CK/Mer : week-end aux Glénan, l'archipel enchanteur
CK/Mer : week-end aux Glénan, l'archipel enchanteur
Samedi 12 avril 2025
Les photos non signées Pascal J Yanike kayak sont de Jean Drouglazet
Comme chaque année, Jean et moi (Pascal) proposons à nos ami(e)s de CK/Mer (www.ckmer.org) un week-end de découverte de l'archipel des Glénan.
Toute la semaine, nous avons scruté la météo; la dépression annoncée, chassant l'anticyclone qui, depuis plusieurs jours, donnait à la région un air d'été, allait-elle nous permettre d'effectuer la traversée ?
Tous les modèles consultés ne donnaient pas la même interprétation des données.
Quand l'un annonce un vent de force 4 rafales à 5 beaufort, l'autre suppose un vent de force 2 forcissant 3 beaufort.
Nous décidons de confirmer la randonnée.
Ce samedi matin, nous sommes 12 à nous retrouver au port de Beg-Meil :
Isabelle, Murielle, Martine, Claude, Roger, Laurent, Brice, Gilles, Arnaud, Robert, Jean et moi.
Après les présentations et l'annonce du programme à venir, nous embarquons vers 10h40.
Nous longeons les petites criques vers la pointe de Beg-Meil.
Je contacte le sémaphore par VHF pour les informer de notre projet de navigation.
Nous entamons la traversée vers l'île des Moutons, cap au 210.
La mer est calme, le vent d'est est faible.
Le ciel se dégage, nous approchons de l'île des Moutons.
Certains d'entre nous croiseront des dauphins durant la traversée.
Vers 12h30, nous arrivons sous le soleil.
La mer est basse, quelques phoques se prélassent sur les rochers.
Nous gardons nos distances pour ne pas les déranger.
La population de phoques sur l'archipel est évaluée à environ 35 spécimens.
Nous savons que nous ne pouvons pas débarquer sur l'île, c'est la réglementation depuis le 1er avril, et jusqu'au 31 août, en raison de la nidification des oiseaux.
Nous échangeons avec Elisabeth et Matéo, les gardiens de l'île.
L'île abrite une importante colonie de sternes. Une centaine d'entre elles viennent de migrer ici, et utilisent les reposoirs. Ensuite, elles feront leurs nids sur l'île.
Dans quelques semaines, elles seront environ 2500.
Même sans débarquer, cet endroit est toujours aussi enchanteur.
La couleur de l'eau, les rochers, le phare : un petit paradis ..... même si les roches environnantes ont vu plusieurs naufrages.
Nous repartons vers l'archipel, en direction du vieux phare du Huic.
Celui-ci est constitué d'une tourelle en maçonnerie cylindrique de 11m60.
Il fut allumé le 1er juillet 1936 et éteint le 20 novembre 1954.
Nous naviguons vers la plage au nord de l'île Saint-Nicolas, où nous débarquons pour pique-niquer, en face de l'île de Brunec, vers 14h15.
Plage de sable blanc, eau transparente couleur émeraude ou turquoise, on se croirait dans un paysage paradisiaque d'un pays tropical ... sauf pour la température de l'eau !
Notre ami le goéland, que nous avons surnommé, non pas Jonathan, mais Claude (cf sur ce blog les articles sur les randonnées en Méditerranée), nous rend une petite visite ... intéressée.
Après le repas ... une petite sieste ...
Nous reprenons la mer pour une petite visite de l'archipel.
Nous contournons l'île Saint-Nicolas par l'Est.
Nous avons assez d'eau pour passer sur le tombolo entre Saint-Nicolas et l'île de Bananec.
Nous traversons "la Chambre" vers l'île Cigogne.
Le fort a récemment été restauré.
Pourquoi Cigogne ?
Dans le livre -Les Glénan, histoire d’un archipel- éditions Palantines, Louis-Pierre Le Maître donne une explication : avant la construction du Fort, le rocher qui dominait la Chambre (la principale anse intérieure de l’archipel) devait avoir sept coins, (seiz Kogn), d’où cigogne.
Construit au XVIIIe siècle, le fort fut édifié pour interdire le mouillage de la chambre à Saint-Nicolas aux corsaires anglais qui guettaient, à l’abri des îles, l’arrivée des navires au large et avaient ensuite toutes les facilités pour les arraisonner.
Les travaux, débutés en 1755, ne furent jamais achevés.
Les canons ne peuvent envoyer leurs boulets à plus de quelques centaines de mètres, or c'est précisément la distance qui sépare Cigogne de Penfret ou les corsaires anglais continuent de couler des jours heureux. Ils ont d'ailleurs conclu un accord avec la garnison de Cigogne : "vous laissez nous tranquilles et nous ne tirent pas sur les bateaux qui approvisionnent vous..."
Bien à l'abri les anglais vont faire de Penfret la plus riche des îles de l'archipel. Ils y construisent deux cales et creusent un troisième puits.
La garnison de Cigogne compta une centaine d'hommes, mais les conditions de vie particulièrement difficiles et l'insalubrité conduisirent quelques années plus tard à désaffecter le fort.
La tourelle qui surmonte le fort a, quant à elle, été construite au début du XXe siècle pour servir d’amer. Un point de repère encore bien utile aux nombreux plaisanciers qui font escale dans l’archipel.
Déclassé en 1891, le fort accueillit un observatoire météorologique de 1891 à 1940.
De 1940 à 1944, il fut occupé par l’armée allemande et régulièrement utilisé comme logement saisonnier par des pêcheurs de 1891 à 1974.
Depuis 1957, il est loué par le centre nautique des Glénan.
Fort Cigogne a été classé au titre des Monuments historiques en 2013. Il est propriété de l’État, qui l’a affecté au Conservatoire du littoral en 2015.
Le fort fait également partie des quatorze monuments bretons retenus dans le cadre de la Mission 2018 « patrimoine en péril » confiée à Stéphane Bern.
Les travaux de restauration ont commencé en automne 2018 et devaient se terminer en 2022. La crise Covid a occasionné du retard.
Du 1er avril au 31 août, l'île Cigogne est interdite au débarquement, pour cause de nidification des oiseaux.
Après avoir contourné Fort Cigogne, nous débarquons sur la pointe nord de l'île du Loch.
Plus grande île de l'archipel, elle est la propriété de Vincent Bolloré.
Dans le groupe, nous avons l'honneur de naviguer avec une bigoudène.
Elle pose ici avec sa coiffe.
Nous marchons sur la côte ouest de l'île.
Nous admirons cette côte rocheuse aride, ainsi que la ferme rénovée et l'étang d'eau saumâtre.
En 1784, l’industrie de la soude s’implante sur les îles.
Utilisée dans la fabrication du verre, la soude est obtenue à partir du goémon coupé, séché puis brûlé dans des « fours », fosses creusées dans le sol et tapissées de pierres. Refroidie et découpée en « pains », la soude est acheminée vers les verreries du continent puis, dès 1829, vers des usines qui en extraient l’iode à usage pharmaceutique (teinture d’iode).
Près d’un siècle plus tard, l’entreprenant baron Fortuné Halna du Fretay établit cinq familles de fermiers-goémoniers du Léon dans les îles de Saint-Nicolas, Penfret, le Loc’h, Drenec et Quignenec.
Il fait aussi bâtir sur l’île du Loc’h un four à goémon de grande taille, qui fonctionnera peu et dont on aperçoit encore aujourd’hui la cheminée de briques.
Celle-ci constitue aujourd'hui un bon amer pour les navigateurs.
Nous repartons vers l'île de Drenec, qui est une base de l'école de voile des Glénans.
Nous revenons vers la cale de Saint-Nicolas, où nous débarquons vers 17h45.
Nous avons parcouru 13,76 milles nautiques
Après un petit portage, nous nous installons dans le gîte.
Vue mer exceptionnelle.
Le mois d’avril est traditionnellement celui où l’on peut admirer la floraison des narcisses.
Le narcissus triandrus, une espèce qui n’existe qu’ici est protégé depuis 1973 dans une réserve naturelle d’environ 1,5 hectare sur l’île Saint-Nicolas.
Cette fleur a été découverte en 1803 par Théophile Bonnemaison, un pharmacien quimpérois.
Hélas, actuellement, pour parvenir à dénicher les narcisses parmi les jacinthes des bois qui pullulent sur l’île Saint-Nicolas, il faut avoir de très bons yeux ou beaucoup de patience.
En 2015, 280 000 pieds avaient été recensés. Aujourd'hui, le dernier comptage en recense 98.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette régression et l’on pense tout de suite aux conditions climatiques, particulières depuis ces dernières années.
On pense aussi aux lapins, cette espèce est friande des clochettes des narcisses et ne se gène pas pour les dévorer, laissant uniquement la tige.
Isabelle rêvait de boire un café à la Boucane, le café restaurant qui occupe l'ancien local du canot de sauvetage de l'île.
La soirée se termine au gîte par un repas très convivial, où, bien sûr, nous avons évoqué des histoires .... de kayak.
Dimanche 13 avril 2025
Lever du jour, nous admirons ce paysage exceptionnel.
Après le portage, nous embarquons de la cale de Saint-Nicolas vers 9h00.
Nous naviguons vers l'Est en direction de Guiriden.
Aujourd'hui le vent est passé à l'ouest.
Le tombolo entre Saint-Nicolas et Bananec est visible.
On dirait que les bateaux sont sur le sable.
Nous débarquons sur Guiriden.
Cet îlot est constitué d'un banc de sable entre 2 parties rocheuses.
En été, il peut être couvert ... de bateaux.
Aujourd'hui, les goélands occupent le terrain.
Nous poursuivons vers l'Est et débarquons sur la plage au nord-ouest de l'île de Penfret.
Une petite balade sur l'île nous fait découvrir de beaux points de vue sur l'archipel.
Nous avons rendez-vous avec l'association Plein Phare sur Penfret.
Jean et moi y sommes adhérents depuis l'année dernière.
Cette association, présidée par Jean Le Cam, a pour objectif, depuis 2012, de réhabiliter et mettre en valeur le patrimoine du phare et du fort de Penfret.
Didier et son équipe nous accueillent et nous racontent l'histoire du phare et du fort.
Les adhérents de l'association ont installé les éléments de la muséographie.
Le fort est construit de 1841 à 1847. En 1842, une batterie semi-circulaire avec un réduit rectangulaire intègre le phare existant. L’enceinte crénelée du fort devient ainsi le soubassement du phare.
Le phare présente une hauteur au-dessus de la mer de 38 m. Sa taille générale est de 24,20 m pour une hauteur de l’optique à 22 m.
La première lentille de 0,50 m de focale est installée le 1er octobre 1838. Elle est à feu fixe blanc varié par des éclats précédés et suivis de courtes éclipses de 4 en 4 minutes. Le 20 janvier 1899, un feu à éclat rouge toutes les 5 secondes est mis en place. Le 21 mars 1903 le feu est renforcé par un brûleur à pétrole. Une cuve à mercure est installée en 1899. Le combustible est de l’huile végétale en 1838, de la vapeur de pétrole en 1903 et du gaz en 1937. Le phare est électrifié en 1951 par aérogénérateurs puis automatisé le 30 avril 1993. Sa portée est de 21 milles.
La batterie avec ses huit canons prend place en contrebas du phare. En 1889, les forts de Penfret et Cigogne sont déclassés, et Penfret placé sous la responsabilité des Phares et balises.
Les allemands occupent le site pendant la deuxième guerre mondiale.
Après cet exposé passionnant, nous sortons du fort, et, passant par les douves, nous rejoignons le phare.
Nous avons le privilège de pouvoir monter en haut du phare.
De là-haut, la vue sur l'archipel est absolument magnifique.
On réalise aussi la construction de cette architecture et l'immense travail qui a déjà été réalisé par l'association.
La rencontre se termine autour d'un verre.
Nous quittons nos sympathiques hôtes pour rejoindre la plage et pique-niquer.
Sur cette plage, on trouve encore les restes d'un canon.
13h15 : nous embarquons pour rejoindre Beg-Meil.
Cette fois-ci la traversée se fait en direct.
Le vent d'ouest souffle force 3, levant une légère houle.
Après une traversée agréable, nous voici devant le sémaphore de Beg-Meil.
Je les préviens par VHF de la fin de notre navigation.
Encore un demi mille sur une eau calme et en longeant les petites plages, et nous débarquons au port de Beg-Meil. Il est 16h15.
Nous avons parcouru 12,75 milles nautiques.
Après avoir ramassé notre matériel, nous proposons une visite du sémaphore.
Beaucoup ont encore une longue route pour rentrer chez eux, et déclinent l'invitation.
Robert et Claude nous accompagnent au sémaphore.
Comme d'habitude, nous sommes très bien reçu par Stéphane (qui n'est pas de service aujourd'hui) et ses collègues.
Notre ami nous précise ses missions, et nous admirons la belle vue de son "bureau".
Nous montons ensuite sur la terrasse pour la photo souvenir.
Ainsi se termine ce superbe week-end.
Nous avons vécu des moments inoubliables.
Comme à chaque fois, les Glénan, c'est magique et enchanteur !
Un grand merci à Sylvie, au Sextant, pour son accueil.
Un grand merci à l'association Plein Phare sur Penfret pour nous avoir ouvert les portes du fort et du phare.
Mention spéciale à Didier pour son exposé et ses explications.
Cette visite fut un vrai bonus lors de notre séjour.
Un grand merci à Stéphane et son équipe au sémaphore de Beg-Meil, c'est à chaque fois un vrai plaisir d'échanger.
Un grand merci à tous les participants, le groupe était génial, bonne humeur, convivialité, entraide ... tout à fait l'esprit CK/Mer.
Un grand merci à mon pote Jean, qui m'accompagne toujours avec efficacité dans ces belles aventures.
Vive CK/Mer !
Vive le kayak !