BMRA : Anse du Pouldon - Ile Tudy
BMRA : Anse du Pouldon - Ile Tudy
Lundi 10 mars 2025
Les photos non signées Pascal J Yanike kayak sont de Jean Drouglazet
Paul souhaitait depuis longtemps explorer l'anse du Pouldon à l'Ile Tudy.
La marée étant haute à 15h00, il nous a proposé cette navigation ce lundi après-midi.
Pierre, François, Christian, Maurice, Jean et moi (Pascal) ont répondu à son invitation.
Nous nous sommes retrouvés rue des Iles à l'Ile Tudy, pour un départ côté rivière.
Nous naviguons vers le nord, en longeant la côte.
Après avoir longé une enfilade de maisons ...
... nous arrivons devant la digue de Kermor.
Erigée à partir de 1852, cette digue donna du fil à retordre à celui qui fut à l’initiative de sa construction, le comte Gaston du Plessis de Grénédan.
Il souhaitait poldériser les 300 hectares de zones humides situés derrière la dune de l’Ile-Tudy.
Ce chantier d’environ cinq cent mètres de long relie alors les pointes du Haffond côté Combrit et Beg Ar Quemenerien, côté Ile-Tudy.
S’il procure du travail à des hommes désœuvrés, il a pour conséquence de faire perdre à l’Ile-Tudy son insularité et donc une partie de son identité, s’attirant les foudres d’une majorité d’Iliens. En mai 1853, des habitants s’appliqueront à défaire, de nuit, les fondations de la digue (source Serge Duigou « La rivière sans nom » Editions Les îles du désert – 2008).
Au niveau de la pointe du Haffond, nous apercevons la ferme ostréicole de Ronan Cariou.
Nous suivons sur 4 km un sentier accessible uniquement aux piétons, qui sécurise l’itinéraire du GR34.
Plages, prairies humides riches de multiples graminées, zones boisées et fourrés, bocage ouvert, et paisibles marais se succèdent, c'est un vrai bonheur de naviguer dans cet environnement.
La coque d'un ancien bateau sert d'abri ...
Nous arrivons au fond de l'anse, devant le ruisseau du Pouldon.
Autrefois se tenait ici un moulin.
Jean s'entraine à l'eau vive ...
Nous repartons vers le sud.
Nous sommes ici dans l’une des zones humides les plus prolifiques de Bretagne.
Constituée en majeure partie de grandes vasières bordées de prés-salés sur lesquels paissent au jusant des moutons, elle fonctionne telle une gigantesque nurserie où nombre d’espèces de poissons de la façade sud atlantique viennent se reproduire.
L’anse du Pouldon ("marais profond" en français) représente un véritable paradis pour des milliers d’oiseaux.
C'est l'un des principaux points d’hivernage des limicoles, avec un comptage journalier pouvant aller jusqu’à 10 000 oiseaux et une quarantaine d’espèces.
Beaucoup d’oiseaux fréquentent le site notamment l’hiver. Cette grande vasière offre un peu de tranquillité, de la nourriture abondante et surtout c’est une zone de repos lors de la migration.
Au cours de notre navigation, nous verrons des oies bernaches, des spatules, des tadornes de Belon, des chevaliers gambette, des cormorans, des goélands ....
Ici, nous sommes au royaume du schorre et de la slikke.
Près des rives, le haut des bancs de vase est stabilisé par une végétation qui supporte le sel.
Il forme des plateaux plats, submergés seulement aux marées hautes de vives eaux, c'est le schorre, ou pré salé.
La slikke est la vase "libre", non retenue par la végétation, qui descend en pente très douce vers les chenaux, elle est inondée à chaque marée haute.
Slikke est un mot d'origine néerlandaise qui signifie "boue", schorre, aussi d'origine néerlandaise a pour synonyme "herbu".
Nous arrivons devant la digue, construite au milieu du XIXe siècle, qui relie l'île Chevalier au continent.
Nous longeons le rivage de l'île Chevalier.
Les oies bernaches nous accompagnent ...
Nous poursuivons jusqu'à l'île Garo ...
Jean, Maurice et moi allons saluer le phare de la Perdrix.
Le reste du groupe rentre au point de départ.
Le phare de la Perdrix, c’est probablement le seul phare à damiers noir et blanc au monde.
D'ailleurs, doit-on parler de la ou des Perdrix ?
« Avant 1872, il y a ce plateau rocheux appelé Ar gluger (la perdrix en breton) à l’entrée du chenal de la rivière An Teir (dite de Pont-l’Abbé), véritable danger pour les bateaux de pêche et caboteurs.
Le risque est d’autant plus grand que les navires se dirigent vers trois ports de l’estuaire : l’Île-Tudy, port historique de pêche, très prospère ; Loctudy, dont le port de commerce est en plein essor ; et Pont-l’Abbé, qui exporte massivement bois de pin, pommes de terre et céréales ».
(source : Jacques Balanec et Jean-Marie Robin - Histoire locale et patrimoine de Loctudy)
En 1870, un projet de balisage est mis à l’étude. Concernant la toponymie du lieu, curieusement une carte marine de 1750 mentionne la présence du plateau rocheux sous la forme les Glugers. Il n’en faudra pas plus pour jeter la confusion sur le véritable nom du lieu.
D’abord simple perche rouge en bois plantée dans une petite tourelle maçonnée en 1872, le balisage s’avérera pourtant très insuffisant. La construction d’une tour en maçonnerie haute de 19,45 m surmontée d’une lanterne viendra bien après, le feu alimenté à l’huile n’étant allumé que le 25 février 1918.
Le damier n’apparaît qu’en 1947 et devient un important marqueur touristique pour les deux communes.
Véritable coup de théâtre, en 1982, quand la réglementation internationale du balisage impose que la tourelle soit repeinte….en vert !
Levée de boucliers immédiate des élus et de la population. L’administration finira par plier et accepter le maintien du damier.
L’évolution du tracé naturel du chenal provoque cependant de nouveaux échouages. Pêcheurs et élus réclament un nouveau balisage en 1997, suivi par l’installation de balises vertes et rouges en 2000. La tourelle, devenue inutile, est déclassée. La tourelle perd alors sa coiffe, on envisage même de la détruire en 2002.
Nouveau vent de révolte de la population et des élus. La lanterne sera reconstruite à l’identique à partir des plans de 1918. La tourelle peut reprendre sa place familière dans l’estuaire et désormais se laisser photographier et peindre, pour le plus grand bonheur des Tudistes et des touristes. (source Ouest-France)
Jean arrive à capturer l'aigrette et la perdrix !
Nous revenons vers l'Ile Tudy.
Nous admirons les bateaux aux couleurs variées ...
... et apprécions le charme de ce petit port et ses maisons de pêcheurs au bord de l'eau.
Ainsi s'achève cette belle randonnée.
Nous avons parcouru 6,7 milles nautiques.
La marée haute nous a permis de découvrir l'anse du Pouldon, et de rentrer dans un univers différent, plein de calme et de sérénité, au coeur d'une nature préservée.
Le kayak est pour cela le moyen idéal.
Vive la BMRA !
Vive le kayak !