Roll groenlandais avec les Corsaires
Roll groenlandais avec les Corsaires
Samedi 5 septembre 2020
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Ce week-end des 5 et 6 septembre, Jean et moi avons été sollicités pour accompagner un groupe de Corsaires Malouins sur le roll groenlandais.
Genèse :
Premier contact :
Août 2017, Jean et moi rencontrons un groupe de 4 kayakistes à la pointe de Beg-Meil.
Ils appartiennent au club des Corsaires Malouins de Saint-Malo.
Nous échangeons sur nos pratiques et nous faisons un démonstration de rolls groenlandais.
L'un d'eux filme la démo avec son smartphone.
Sur la Rance :
Le 30 mars 2019, avec quelques kayakistes du club de Plouhinec, nous participons à une randonnée sur la Rance fluviale, organisée par les Corsaires Malouins.
(voir article ci-dessous)
Lors de cette journée, nous retrouvons les kayakistes rencontrés en 2017 à Beg-Meil.
Certains nous disent avoir revu la vidéo tournée ce jour-là et nous demandent de leur apprendre à roller.
Je réponds que je peux organiser un week-end dans le Finistère Sud, en septembre.
Un week-end fondateur :
Avec l'aide de mon frère Roland, adhérent aux Corsaires Malouins, nous organisons un week-end de découverte du roll groenlandais et de randonnées en Finistère Sud.
Le week-end des 7 et 8 septembre 2019, j'accueille chez moi Patrice, Pascal, Jean-Philippe, Anne, Christian, Daniel et Roland, des Corsaires malouins.
Jean m'accompagne pour encadrer le groupe.
Au programme :
Randonnée sur l'Odet et atelier roll groenlandais le samedi.
Randonnée en baie de Concarneau (Pouldohan, Minaouët, Ville close) et découverte de la pagaie groenlandaise le dimanche.
(voir articles ci-dessous)
Un Corsaire formé :
Jean-Philippe suit une formation pour être professionnel du kayak de mer, de octobre 2019 à mars 2020.
Il intègre à son projet la pratique des techniques groenlandaises.
Je l'héberge chez moi pendant sa formation et nous passons de nombreuses heures à échanger sur le sujet.
Il se passionne, et progresse vite.
Son mémoire rédigé, il doit mettre en pratique sur le terrain.
Nous décidons de proposer un stage de découverte du roll groenlandais, associé à une randonnée avec bivouac, et techniques de pagaie, à l'intention des adhérents des Corsaires Malouins.
Jean-Philippe me sollicite, ainsi que Jean, pour l'épauler dans l'encadrement.
Ce stage est prévu initialement le week-end du 8 au 10 mai 2020.
La crise sanitaire de la Covid-19 nous oblige à reporter l'événement.
Finalement, il est organisé ce week-end des 5 et 6 septembre.
Nous changeons le programme : le week-end sera consacré au roll groenlandais.
Entre temps, Jean-Philippe aura obtenu ses diplômes avec félicitations du jury, bravo à lui.
Nous nous retrouvons sur la plage de Port Mer, à Cancale.
Pascal, Patrice, Anne, Laurence, Yannick, Christian A, Christian C, Roland, Jean-Pierre, Césaire, Daniel et Pierre participent à ce stage.
Jean-Philippe, Jean et moi assurons l'encadrement.
Nous sommes abrités des vents dominants et le plan d'eau est plat, idéal pour débuter.
Nous commençons par une séance d'échauffement, dirigée par Jean-Philippe.
Nous proposons l'apprentissage du standard greenland roll, l'un des 3 rolls fondamentaux, et le plus simple à apprendre.
Le mouvement est expliqué à terre.
Des binômes sont constitués.
Chacun doit le simuler, au sol, sans pagaie et sans kayak, les 3 coaches corrigent les postures.
Une démonstration est réalisée dans un kayak au sol, puis Jean, Jean-Philippe et moi-même réalisons une démonstration dans l'eau.
Viens ensuite le travail par séquences, en binômes.
Un stagiaire dans le kayak, son binôme debout dans l'eau à côté de lui.
Le mouvement est décomposé en séquences, en commençant par la fin du roll.
Cette méthode a un avantage : quand on déroule l'ordre chronologique, on répète un mouvement connu et déjà travaillé.
Le pré-requis est d'être à l'aise sous le kayak, sans déjuper.
Si ce n'est pas le cas, nous proposons des exercices d'aisance sous le kayak, pouvant inclure la nage sous le kayak.
Les premières séquences se réalisent sans pagaie, et avec un flotteur (avataq, gilet, brassard, bidon, etc ...)
Le premier exercice consiste à se détendre sur le pont arrière du kayak et à se laisser glisser dans l'eau, en s'aidant d'un flotteur.
Le but est de trouver l'équilibre, le haut du corps dans l'eau, pour flotter et se détendre.
On remonte ensuite sur le kayak, dans la position initiale, en faisant travailler le bassin, la jambe la plus proche de l'eau pour redresser le kayak, et la ceinture abdominale et la tête en arrière pour remettre le haut du corps sur le pont arrière.
Le binôme aide au mouvement et rassure (pour redresser en cas de chute dans l'eau).
Les coaches passent d'un binôme à l'autre pour encourager et corriger les postures.
Tous les participants sont très motivés et attentifs aux conseils prodigués.
Nous faisons une pause pour pique-niquer...
...et un débrief avant de retourner sur/dans l'eau.
Les exercices se poursuivent, toujours en binômes, en déclinant les différentes séquences du standard greenland roll (s'immerger sous le kayak avec le flotteur et revenir sur le pont arrière, répéter les premières séquences en remplaçant le flotteur par la pagaie, etc ...)
Les exercices demandent de synchroniser de nombreux détails ... pas toujours évident au début.
Une seule solution : persévérer, s'entraîner ...
Ci-dessous un florilège d'instantanés ...
Le kayak doit être redressé avant de venir dessus. L'épaule droite est trop haute par rapport à la gauche.
Préparation du roll : pagaie le long du kayak et bascule en arrière; la tête peut être plus en avant, contre le pont du kayak
Sortie de roll : la tête se redresse trop tôt (tête en dernier), les mains doivent être plus rapprochées et contre la poitrine, sinon la pagaie coule.
Pas toujours évident de s'étendre sur le pont arrière ... mais les progrès de Yannick seront remarqués !
La pagaie est décollée de la poitrine : on est plus en appui (la pagaie forme un arc) que sur du balayage.
Même remarque que ci-dessus : appui sur la pagaie (qui forme un arc). La pagaie doit être collée sur la poitrine pour pouvoir balayer la surface de l'eau. Les mains sont trop écartées.
Le bras gauche se détache de la poitrine : la pagaie coule. Le bas du corps (hanches, jambe droite) n'a pas assez redressé le kayak.
Préparation au standard greenland roll : les 2 mains sur la pale, la pagaie verticale le long du kayak
Début de balayage ... la pagaie contre la poitrine permet de maintenir la pale à la surface de l'eau.
Les mains sont mal positionnées sur la pale. Elles doivent être "en-dessous". La pale est saisie entre le pouce et l'index. Les mains sont écartées d'une largeur d'épaule.
La marée descend, et nous nous retrouvons peu à peu dans la vase, au milieu des bateaux.
Nous décidons d'arrêter là l'entraînement.
Crise sanitaire : Cancale impose le masque sur la route devant la plage ...
Nous avons testé ... mais avons-nous bien compris ???
Nous nous retrouvons chez Patrice et Anne.
Christian C a réalisé une petite maquette et un mode d'emploi pour faire comprendre le roll européen ...
C'est un excellent outil pour visualiser le mouvement en 3D.
Après un excellent repas ...
... la soirée se poursuit en musique avec nos artistes virtuoses ...
Dimanche 6 septembre 2020
Après une bonne nuit, nous nous retrouvons sur l'île Besnard.
Jean-Philippe a prévu la séance de ce matin du côté du Havre de Rothéneuf, à l'Est de l'île.
Cet après-midi, nous migrerons sur la plage des Chevrets, au nord-est de l'île.
Les exercices proposés ce dimanche sont dans la continuité de ceux vus la veille.
Nous commençons par un échauffement.
Celui-ci inclut des postures de yoga qui seront utilisées dans certains rolls.
Le travail se poursuit dans l'eau, en binômes, un stagiaire dans le kayak et un autre debout dans l'eau, puis on permute.
Chacun est concentré et attentif, les progrès sont rapidement visibles.
Le tout dans la bonne humeur ...
Après une bonne séance de travail intensif, nous pique-niquons sur place, en partageant les restes du repas de la veille au soir.
L'endroit est assez remarquable.
Devant nous s'étendent des herbiers de zostères, qui sont de véritables prairies sous la mer.
Ils constituent de véritables réservoirs de biodiversité.
Zone de nurserie pour les jeunes poissons, mollusques et crustacés, les herbiers sont aussi une source de nourriture pour les oiseaux lorsqu'ils découvrent à marée basse.
La zostère, plante marine, est ancrée dans le sol par un système de rhizomes et de racines, qui lui permettent de capter les nutriments nécessaires à son développement.
En amortissant la houle et en piégeant les sédiments, la zostère joue un rôle très important dans la stabilisation des plages.
Nous proposons deux groupes.
Un groupe travaille sur les techniques de pagaie groenlandaise avec Jean-Philippe, l'autre continue sur le roll, avec Jean et moi.
Laurence, qui n'avait pas assisté à la séance de samedi, rattrape vite son retard.
Jean-Philippe et moi refaisons une démonstration dans les kayaks groenlandais.
Notre exercice attire des passants, qui sont intrigués par cette pratique du kayak.
Un professeur de danse est très intéressé. En échangeant avec lui, il nous explique apprécier cette lenteur et cette zénitude dans le mouvement, tout en maîtrise, loin de l'affichage de la force ou de la puissance, généré par un esprit de compétition.
Il voit beaucoup de similitudes avec le travail qu'il fait avec ses élèves, et comprend très bien notre philosophie.
Nous proposons aux volontaires d'essayer les kayaks groenlandais.
Le roll, sur ce support plus instable, peut y être plus facile à réaliser, à condition d'en maîtriser le mouvement.
Il est important de savoir roller dans son propre kayak, ne serait-ce que pour apporter plus de sécurité, de confiance et de confort.
Des spectateurs attentifs ... et de futurs greenland rollers !
Pour terminer, quelques instantanés commentés :
Recherche de l'équilibre en balance brace et remontée sur le kayak : ici, il y a un problème de calage dans la kayak.
Nous voici donc arrivés à la fin de ce week-end de partage autour du roll groenlandais.
Un grand merci aux participants qui ont été très volontaires et très studieux.
Tous ont progressé durant ces deux jours.
Un grand merci aussi à nos amis malouins pour leur accueil et leur sympathie.
Nous avons vécu ensemble de très bons moments.
Avec Jean-Philippe et Jean, nous avons voulu transmettre notre passion pour ces rolls groenlandais, et surtout faire comprendre que tout cela est accessible, en douceur, sans forcer et sans se faire mal.
Accessible aussi pour nos corps vieillissants et un peu raides.
Une fois acquis, le roll permet de redresser un kayak dans toutes les conditions (vagues, courants, eau calme, etc ...). C'est un gage de sécurité qui permet de gagner de la confiance.
On n'a plus peur de tomber dans l'eau, et on peut ainsi progresser plus vite sur les techniques du kayak de mer, pour acquérir plus de maîtrise et d'aisance.
Au-delà, certains, comme nous, irons chercher encore autre chose : une aisance et un plaisir d'être sous l'eau, une zénitude qui apporte un maîtrise de soi et une plus grande confiance, le bonheur du geste lent, maîtrisé.
Cette pratique se rapproche alors du yoga (d'ailleurs certaines postures de yoga sont réalisées en "rollant"), et là, c'est très bon pour détendre et sentir notre corps.
Le kayak ... une thérapie !
Vive le kayak !