CK/mer - La Loire, de La Chapelle-sur-Loire à Bouchemaine (1/2)

CK/mer - La Loire, de La Chapelle-sur-Loire à Bouchemaine (chapitre 1)

Samedi 6 avril 2024

Les photos sont de Pascal J - Yanike Kayak et Jean Drouglazet

La Loire, cela fait quelques années que je rêvais d'y naviguer.
Mes amis du club de Plouhinec y avait fait une randonnée en kayak de mer il y a quelques années, mais je n'avais pas pu les accompagner.
En avril 2023, Stéphane, du club de Bouchemaine, avait fait une proposition sur le calendrier CK/mer : une navigation de Chinon à Bouchemaine. Malheureusement, j'étais encore indisponible, et son joli compte-rendu me laissait quelques regrets.
Cette année, nouvelle proposition de Stéphane, je ne rate pas l'occasion.
Je fais le voyage en compagnie de Jean, et nous retrouvons les ami(e)s de CK/mer ce samedi matin devant le Centre Nautique de Bouchemaine.
Mireille, Yves, Yolande, René, Julie, Philippe, Ludovic, Mélanie, Elisabeth, ainsi que les locaux Fabienne, Anne-Sophie et Philippe, ont répondu à l'invitation de Stéphane.
Nous chargeons les kayaks sur les deux remorques. Antoine et Karine assurent la logistique.

Nous roulons vers la Chapelle-sur-Loire, point d'embarquement prévu par Stéphane.
Nous longeons par moments le fleuve, le niveau d'eau est impressionnant, plus de 4 mètres selon Vigiecrues.
Après quelques déviations, nous pouvons enfin préparer notre matériel dans une zone herbeuse au bord du fleuve.
Stéphane nous donne les dernières consignes, et nous embarquons vers 12h00.

La Loire est célèbre pour ses châteaux, celui que nous avons en face de nous est bien particulier.
Nous naviguons devant la centrale nucléaire de Chinon, dont le premier kilowatt fut produit en 1963.
Cette énorme machine branchée sur la Loire aspire 2,3 m³ d’eau par seconde et recrache, dans le même temps, 600 litres sous forme de vapeur.
 Ici, les enfants appellent la centrale nucléaire "la fabrique de nuages".

Nous arrivons devant le pont de Port-Boulet.
Sans la crue, nous aurions pu admirer les îles de Bondésir et la Petite Ile, mais celles-ci sont sous l'eau, ne laissant apparaître ça et là que quelques cimes d'arbres.

Nous voici devant les rivages de Chouzé-sur-Loire.
Devant le quai des Sarrasins sont amarrées des toues, bateaux traditionnels qui portent souvent une cabane, et qui sont encore utilisées par les pêcheurs d’anguilles et autres proies.
Le verbe touer signifie "faire avancer un navire, une embarcation en tirant sur une amarre ou sur un câble ou une chaîne qui mouille au fond de l'eau.". Cette idée de remorquage, nous la retrouvons dans le mot anglais "tow", les kayakistes possèdent souvent dans leur équipement un "contact-tow"

Nous poursuivons cette belle balade le long des rives boisées. Le niveau d'eau élevé ne nous permet pas de distinguer le lit habituel du fleuve.
Sur notre route, de nombreux obstacles se présentent (rondins de bois, cimes d'arbres, arbres couchés, etc ...) et le courant, que j'évalue à 4 ou 5 km/h est assez fort. Il nous faut rester vigilants, et surtout anticiper les mouvements d'eau.

Après environ 10 km de descente, nous faisons une pause sur la rive droite, près de la Boire du Chêne, pour pique-niquer.

Nous repartons sur le fleuve.
Après environ 2 km, nous arrivons à la confluence de la Vienne et de la Loire.
Sur la rive gauche, le village de Candes Saint Martin (Indre-et-Loire), classé parmi les plus beaux villages de France.
La Collégiale de Saint Martin de Candes et son architecture gothique Plantagenêt domine les maisons de tuffeau aux toits d’ardoise. Cette Collégiale fut construite aux XIIe- XIIIe siècles à l'emplacement de la mort de saint Martin en 397.

Tout proche, toujours sur la rive gauche, nous apercevons le château de Montsoreau.
Nous sommes maintenant en Maine-et-Loire.
Construit en 1455, le château est le seul château de la Loire construit dans le lit du fleuve.
C'est aujourd'hui un musée d'art contemporain.

Nous laissons les toues cabanées ...

... et naviguons devant le coteau du Saut-aux-Loups.
Ici a été construit un ensemble d'habitations troglodytiques du XVème siècle qui débouchent sur d'immenses galeries creusées pour extraire la pierre de tuffeau.
Elles sont utilisées depuis le début du XXème siècle pour la culture du champignon de Paris

Nous passons sous le pont métallique de Varennes-Montsoreau.

Nous retrouvons une zone moins urbanisée; au bord de l'eau, seuls les branches hautes des arbres sont visibles.

Nous laissons l'île de Souzay à tribord.
Sur la rive gauche apparaissent les jolis manoirs de Souzay-Champigny.
On trouve ici de nombreux habitats troglodytiques.
L’exploitation du sous-sol est toujours pratiquée, plus particulièrement celle de la pierre de Champigny, plus dure et rugueuse que le tuffeau, servant depuis toujours aux soubassements des constructions ou à la fabrication de meules de moulin.
Le vignoble, particulièrement dédié à l’appellation Saumur-Champigny, et le tourisme sont les principaux vecteurs d’économie.

Sur quelques kilomètres, nous avons ensuite l'impression de naviguer dans une forêt.

Le paysage s'élargit, nous arrivons à Saumur, et passons sous le pont ferroviaire.
Les câbles électriques qui traversent le fleuve font penser à un énorme boulier.

Sur la rive gauche, un important monument est en cours de rénovation. Il s'agit de la chapelle Royale des Ardilliers, qui se distingue par une rotonde spectaculaire. Avant la construction des Invalides, la rotonde des Ardilliers est réputée être la plus vaste du royaume.
La corrosion des armatures et la formation de cristallisation salines en sein des blocs de pierres a amené la Fondation du Patrimoine à lancer un appel aux dons pour sauver le retable de cette chapelle.

Nous croisons une gabare. C'est à l'origine le plus gros bateau à voile de la Loire. Destinée au transport des marchandises, sa construction s’inspire des bateaux de mer.

Visible sur son piton rocheux, nous admirons le château de Saumur.
Cette forteresse est à l’image des châteaux de nos livres d’histoires et de nos contes de fées.
Château-palais des ducs d’Anjou aux XIVe et XVe siècles, ce château dans lequel a résidé le Roi René est le dernier exemple des palais princiers érigés à la fin du Moyen Âge par la dynastie des Valois.
Résidence des gouverneurs de la ville, prison, puis dépôt d’armes et de munitions, il est racheté par la Ville en 1906 pour abriter le musée municipal, aujourd’hui Musée des Arts décoratifs et du cheval.

Nous longeons un immense bâtiment, c'est le Dôme, qui est un théâtre.

Nous passons sous le pont Cessart, puis le pont du Cadre Noir, et nous retrouvons l'environnement champêtre.

Nous naviguons rive droite pour accéder à la côte est d'une île où nous nous arrêtons pour bivouaquer.
La hauteur d'eau exceptionnelle nous permet d'accéder aux berges. En temps normal, cette île est trop haute pour débarquer en kayak.

Nous installons notre campement.
Chacun choisit son emplacement en fonction de différents critères :
proximité des bouses de vaches ou crottes de moutons, état du terrain, planéité, présence de plantes épineuses, nuisances sonores dues aux bruits de l'eau, des vaches, des moutons, des grenouilles, des canards, des ronfleurs, des avions, des teufeurs, etc ...
Le bivouac devient tout un art !
Cette île est une terre de pâturages. L'herbe y est très précoce. Elle pousse à partir de février-mars aidée par les dépôts de limon des crues de l’hiver.

Stéphane propose de faire un feu. Nous ramassons du bois.
Quel plaisir de se retrouver autour de ce foyer. La température est douce, la pluie n'est pas encore venue ... Chaleur, convivialité, les moments magiques du bivouac !

Ainsi se termine cette magnifique journée.
Nous l'avons vécu hors du temps, et la Loire nous a proposé un environnement exceptionnel pour naviguer.
Nous avons parcouru environ 29 km.
La nuit est tombée, quelques gouttes de pluie nous incitent à chercher les bras de Morphée ...
Demain nous continuons l'aventure.

A suivre ...