BMRA : Escapade hivernale aux Moutons.
BMRA : Escapade hivernale aux Moutons.
Vendredi 5 janvier 2024
Texte de Jean Drouglazet
Photos de Eric Baubinec, Jean-Jacques Pierre et Jean Drouglazet
Cela fait maintenant plus de quatre mois que je ne suis pas monté dans un kayak.
Des problèmes de santé récurrents m'empêchent de vivre ma passion pour le kayak de mer.
En conséquence, ce blog a été un peu en sommeil ces derniers mois.
Heureusement mes amis de la BMRA (Beg-Meil Roll Academy) continuent à aller sur l'eau régulièrement et à me faire rêver.
Ce vendredi 5 janvier, pour bien démarrer la nouvelle année, ils sont allés pique-niquer sur l'île des Moutons, dans l'archipel des Glénan.
Je laisse Jean Drouglazet raconter cette journée.
"Escapade hivernale aux Moutons.
( Récit dédié à l'absent du jour notre ami Pascal Jouneau qui se morfond de ne pouvoir nous accompagner ... )
Jean -Jacques qui n'est pas sorti en kayak depuis septembre a des fourmis dans les bras !
Une fenêtre météo se dessine pour ce vendredi après toutes ces tempêtes des dernières semaines. Hier encore il soufflait fort et la mer était démontée.
Jean-Jacques nous propose donc un aller retour aux Moutons. Le vent est tombé dans la nuit, une houle résiduelle SW est prévue à 1m 1,50m, peu de vent, de W NW le matin passant au N NW l'après midi avec possibilité de rafales à 3 /4 Beaufort.
Je vais pouvoir l'accompagner car Pascal a eu la gentillesse de me confier son Romany Sportive (mon Tiderace Xplore est actuellement en révision chez François à Trégunc)
Eric qui a d'abord décliné se rallie à nous et, surprise de dernière minute, Marie qui voit la proposition tardivement à 6h ce matin, nous dit aussi ok.
Nous avons une pensée émue pour le 5° larron qui est toujours empêché par son problème de tendinite en voie de guérison.
On se retrouve au port de Beg Meil à l'heure convenue: il fait frisquet, 2° à Quimper ce matin, 4° ici à 7h mais il a gelé.
mais le temps est beau
10 heures: nous sommes sur l'eau comme prévu et c'est parti
Jean- Jacques prévient le sémaphore au passage de la pointe et cap sur les Moutons dont le phare apparaît à l'horizon: navigation plaisante et facile avec de belles ondulation houleuses qui nous font disparaître par intermittence aux yeux des uns et des autres.
Quelques guillemots plongeurs croisent notre route, les goélands nous survolent et au loin il me semble apercevoir un fou de bassan ou deux.
Au bout de 1h40 Eric et Jean-Jacques sont arrivés
... et rendent visite aux maîtres des lieux, les phoques qui trônent sur leurs rochers.
Quelques minutes plus tard Marie et moi les rejoignons
Les phoques se sont laissés glisser à l'eau et tournent autour de nous, curieux, surtout les blanchons qui semblent plus joueurs.
Nous décidons de faire le tour de l'île par l'ouest et le sud; la mer est forte de ce côté et nous devons rester vigilants, la houle vient s'écraser sur les rochers
Dans la petite anse sud les phoques toujours curieux nous attendent.
La marée est suffisante pour que nous puissions passer entre l'île et l'île aux rats (Enez ar Razed) et nous débarquons sur la plage encombrée d'algues apportées par les dernières tempêtes.
Nous trouvons une zone abritée pour pique niquer et observer les phoques : certains viennent évoluer au ras de la plage, d'autres plus loin siestent immobiles, le nez au vent.
Marie est émerveillée, n'ayant jamais vu l'île à ce moment de la marée.
Puis nous décidons de faire le rituel tour de l'île en passant par l'enclos du phare (feu allumé en 1879 pour la première fois)
Puis nous longeons le mur d'enceinte sud ouest pour arriver sur la petite butte ouest occupée par les goélands qui nous laissent la place pour admirer le point de vue
Puis retour à la plage, nous ne pouvons pas trop nous attarder car Eric doit rentrer assez tôt pour assister ce soir au spectacle sons et lumières de Trévarez
Il est temps car au loin sur le nord ouest s'avance un front noir de mauvaise augure. Allons nous pouvoir y échapper ?
En fait il va nous frôler sur l'arrière nous apportant de la pluie et un renforcement du vent et de la mer pendant quelques minutes.
Le pied d'un arc en ciel se détache bientôt au dessus de la côte du côté de Mousterlin et va persister pendant toute la traversée jusqu'à la pointe de Beg Meil et se compléter alors en décrivant une arche jusqu'à la côte de Trégunc vers Trévignon.
La mer prend à un moment une incroyable teinte verte se détachant sur le noir d'un nouveau grain menaçant.
Eric et Jean-Jacques accélèrent la cadence, Marie et moi plus contemplatifs traînons un peu nous délectant du spectacle des cieux si changeants et si colorés
Eric est pressé et s'en va alors que nous débarquons, Jean-Jacques nous a attendu à la pointe pour prévenir les guetteurs sémaphoristes de notre retour au complet.
Nous avons mis environ deux heures pour le retour.
Encore une sortie mémorable et nous remercions chaudement Jean-Jacques qui a su lire et miser sur la météo du jour.
La virée aux Moutons reste pour nous malgré sa proximité une destination extra ordinaire, peut-être encore plus maintenant que nous n'y avons plus accès qu'entre le 1° septembre et 31 mars.
L'archipel des Moutons classé réserve ornithologique depuis 1960 est interdit de débarquement depuis 2021 car lieu d'escale et de nidification pour de nombreux oiseaux en particulier les différentes espèces de sternes.
Il semble qu'elles aient payé un lourd tribu à l'épidémie de grippe aviaire des dernières années.
Le nom breton de l'île est Moalez ou Moal Enez : l'île chauve ce qui semble bien approprié à ce lieu aride et sans un arbre.
Une pensée tout de même pour la famille du gardien de phare Quéméré qui y a vécu 27 ans au début du XX° siècle avec ses 11 enfants, réussissant à cultiver un lopin de terre autour du phare et à faire paître 2 ou 3 vaches.
Nous rentrons un peu fatigués certes mais ravis de cette micro aventure riche en émotion et du spectacle fabuleux et si changeant de la nature à l'état brut.
Vive le kayak et les kayakistes motivés.
A bientôt pour de nouvelles expériences avec nous l'espérons notre compagnon Pascal bientôt guéri."
Le groupe a parcouru environ 12,5 milles nautiques.
Merci à Jean-Jacques pour la trace :