Beg-Meil - Minaouet - Concarneau : du moulin à marée aux navires polaires
Beg-Meil - Minaouet - Concarneau : du moulin à marée aux navires polaires
Samedi 16 mars 2024
Les photos sont de Pascal J - Yanike Kayak et Jean Drouglazet
Ce samedi, j'ai proposé une randonnée kayak vers le Minaouet et Concarneau.
Après mes problèmes de santé à l'épaule, c'est l'occasion d'augmenter un peu la distance pour continuer la rééducation, dans le but de retrouver l'endurance.
Jean, Marie et Julie ont répondu à mon invitation.
Nous nous retrouvons à la cale de Beg-Meil.
Nous préparons notre matériel, mon kayak rénové va faire sa première sortie.
Nous embarquons vers 11h00. Le temps est calme.
La mer sera basse à 15h06.
Nous croisons les catamarans du centre nautique du Cap-Coz, ainsi qu'un surfski.
La traversée est tranquille. nous avons une légère houle au milieu de la baie.
Nous arrivons au niveau du chenal d'entrée du port de Concarneau, entre les balises Lue Vras et Le Cochon.
Après la traversée du chenal, nous croisons un groupe de kayakistes du club de Concarneau.
Ils participent à une formation assurée par Agnès Penisson, coach professionnelle de kayak.
Notre ami Lionel fait partie du groupe.
Nous voici devant le fort du Cabellou.
Sa construction remonte au XVIII ème siècle (1746), avec des matériaux extraits directement sur place, sur le principe des plans attribués à Vauban.
« ville assiégée par Vauban, ville prise, ville défendue par Vauban, ville imprenable »
Le fort permettait de se protéger des incursions anglo-hollandaises et de défendre l'entrée du port de Concarneau.
Il dispose de 6 embrasures, tournées vers l’Océan, capables de couvrir 200°.
Le fort de plein air comme celui du Cabellou avait de gros avantages pour les "artilleurs " . La fumée importante produite par les tirs était rapidement évacuée par le vent et permettait d'observer facilement la précision des tirs. Il avait aussi l'inconvénient d'exposer les hommes aux tirs ennemis.
Le fort du Cabellou est équipé d’un bâtiment au toit impressionnant recouvert de dalles en granit pour se protéger des projectiles ennemis. Deux pièces composent ce bâtiment. Un logis avec cheminée et surtout à l’arrière une poudrière correspondant au ¼ de la surface totale..
Bellou en vieux breton signifiait guerrier, belliqueux.. Le nom indiquait donc sur les cartes qu'il y avait danger à s'approcher de cette pointe du Cap Bellou.
Lors de la seconde guerre mondiale, un énorme blockhaus a été construit à l'arrière du fort.
Nous longeons la côte vers l'est, zones rocheuses et petites plages se succèdent.
Nous constatons les dégâts causés par la tempête Ciaran.
Nous laissons à tribord le feu de Pouldohan, construit à la pointe du Grignalou.
Nous rentrons dans la ria du Minaouet, à l'abri du vent et de la houle, nous glissons sur l'eau, en admirant cet environnement si calme et si serein.
Nous traversons le premier chaos rocheux, sorte de passage dans un autre monde.
A tribord, le rocher du Cochon.
A marée basse , l'aigrette garzette a commencé son repas.
Nous arrivons devant le chantier naval du Minaouet.
Les rochers sur la berge laisse vagabonder notre imagination, je complète le bestiaire de ces animaux pétrifiés ....
L'eau se retire, les bateaux penchent ou tiennent sur leurs béquilles ...
Peu après la fin de la zone de mouillage (bouée verte), nous arrivons au moulin à marée du Minaouet.
L'édification de ce moulin a été entreprise au XVIe siècle par les seigneurs de Kervren, à Trégunc.
C'est le 17 octobre 1513 que la Duchesse Anne et les représentants du roi Louis XII délivrent l'autorisation de construire le moulin
Le moulin ne fonctionne qu'à marée descendante une fois que les vannes de l'étang sont bloquées.
En 1819, le moulin mer se compose d'un moulin roux pour l'orge et le seigle dont la pierre mouvante mesure 1,67 m de diamètre.
Le moulin blanc, qui broie le froment et le sarrasin, se compose d'une paire de meules faites en pierre de Champagne, mesurant environ 1,55 m de diamètre pour la meule tournante, et environ 48 cm d'épaisseur pour la meule dormante.
(Source : patrimoine.bzh)
Malheureusement, le moulin se détériore chaque année.
Jean débarque pour immortaliser des points de vue inédits ...
Je donne à Marie quelques infos sur l'usage du contact tow.
Nous reprenons la route vers la sortie de la ria. La mer continue à descendre.
Chaque balade dans cet environnement nous permet de le découvrir sous un nouvel aspect.
Nous faisons une halte sur la plage en face du feu de Pouldohan, pour pique-niquer.
Après s'être restauré, nous reprenons la mer. Nous devons contourner le banc de sable pour rejoindre la baie. Nous avons le minimum d'eau pour pouvoir passer sans sortir du kayak.
Nous longeons la côte pour revenir vers la pointe du Cabellou.
A notre passage, les goélands nous ignorent superbement ... même pas un regard !
Nous suivons la superbe côte rocheuse, avant de traverser vers Concarneau.
Nous laissons la statue d'Abraham Du Quesne, Général de Louis XIV, à tribord.
Nous croisons le Vachic, un catamaran électrique d'une capacité de 30 personnes.
Ce bac du passage fait traverser l’entrée du port, du Passage Lanriec (place Duquesne) à la ville close.
Cette traversée de 200 mètres environ est la “plus petite croisière du monde” avec un trajet qui ne dure que 3 minutes.
Un imposant navire de guerre est en cours de construction. Une seule inscription sur la coque : M940.
Il s'agit du M940 Oostende, de la marine belge.
Ce navire de lutte contre les mines a été mis à l'eau ici en mars 2023.
La livraison est prévue fin 2024 à Zeebruges, en Belgique. Douze navires de ce type seront construits ici, au chantier naval Piriou, pour la marine belge et la marine royale néerlandaise. Les livraisons s’échelonneront ensuite jusqu’en 2030.
Naval Group, architecte et maître d’œuvre d’ensemble, est responsable de la conception des navires, de l’intégration globale, des essais et de la mise en service du système de mission (système de combat et système de lutte contre les mines).
Un trois-mâts est en escale pour des travaux d'entretien. Il s'agit du trois-mâts Le Français, installé sur l'aire de réparation navale.
Ce navire de 46,60 m a d'abord porté le nom de Kaskelot. Il fut construit en 1948 au Danemark.
Ravitailleur pour le Groenland puis navire de soutien de pêche, il a été transformé en trois-mâts barque dans les années 1980, après avoir été racheté par un milliardaire anglais.
Il a servi de décor dans de nombreux films. Il est arrivé en France en 2018 et a alors été rebaptisé Le Français.
Nous naviguons ensuite le long d'une goélette de 81 mètres de long.
Nos kayaks sont bien petits à côté de ce mastodonte !
L'Anemos, c'est son nom, est le premier voilier-cargo de la compagnie TransOceanic Wind Transport (TOWT).
Les 2 mâts de 52 mètres ont été installés dimanche dernier.
Les voiles feront près de 600 m² chacune, pour un total de près de 3 000 m² de voilure.
À l’intérieur, six cales réparties sur trois entreponts permettent de stocker la marchandise, par palettes, et non en conteneurs, pour une capacité d’emport de 1 100 tonnes.
Le bateau sera autonome pour son chargement et son déchargement.
Une fois à quai, des grues permettront de charger et décharger la marchandise, indépendamment des infrastructures portuaires.
Notre visite se poursuit devant le Skeaf, un ketch classique de 28 mètres de long et 350 m² de voilure, construit en 1916.
Ce bateau, est aujourd'hui géré par l'association Skeaf, fondée en 2015.
C'est une association solidaire pour l’inclusion sociale par la découverte du milieu marin. Elle fait naviguer des personnes bénéficiant de l’aide de structures sociales ou médico-sociales.
Nous sommes maintenant devant le Persévérance.
Ce navire sera le ravitailleur du Polar Pod, vaisseau qui étudiera les performances climatiques de l’océan Austral d’ici la fin de l’année 2025.
D'ici là, ce voilier de 42 mètres de long et 11 mètres de large, fait voyager des passagers dans les zones polaires.
Ce monstre d'aluminium a été financé par l'explorateur et ancien médecin Jean-Louis Etienne.
Nous continuons dans le domaine des navires d'expédition polaires avec le Polarfront.
Cet ancien navire météorologique vient d'être remotorisé : deux moteurs électriques alimentés par quatre générateurs diesel pour naviguer plus propre.
Des expéditions avec douze touristes à bords vont être organisées.
Il s'agira de voyages haut de gamme à 1000 euros par jour dans des zones ultra-sensibles du Spitzberg ou du Groenland pour promouvoir un tourisme plus responsable.
A bord, des guides passionnés de milieux polaires sensibilisent les passagers à l'impact de nos vies sur ces milieux.
Parmi ceux-ci, Yann Lemoine, spécialiste du kayak de mer dans ces mers froides, avec qui nous échangeons quelques mots.
Nous revenons vers la ville close et longeons les remparts.
La mer qui se retire laisse les bateaux sur le flanc. Certains continuent de mourir ici, d'autres attendent un entretien.
A proximité de la tour Neuve, nous retrouvons l'Hémérica.
Ce navire de pêche a été construit en 1957. Il est la propriété du Musée de la Pêche.
Son histoire montre qu'il n'aurait jamais dû porter ce nom car c'est par erreur qu'il a été rebaptisé Hémérica aux Affaires maritimes.
« Quand il a été construit, en 1957, son propriétaire (l'armement Le Huédé à Lorient) lui avait donné comme nom « Pactole ».
Quand l'armement Nicot a racheté ce navire, Pierre Nicot, estimant "qu'il ne gagnait pas un sou avec ce navire", avait décidé de le rebaptiser.
En général, l'armement Nicot, en référence au père du patron qui était grainetier, donnait à ses bateaux un nom de fleur ; comme Ancolie, Anthémis, Héliotrope, ou encore Baccara.
Pierre Nicot a donc demandé à un de ses salariés d'aller aux Affaires maritimes pour faire rebaptiser le "Pactole" et lui donner le nom d'Hémérocalle ; petite fleur très prisée au japon.
Mais la route était longue et entre le bâtiment de l'armement et celui des Affaires maritimes, Hémérocalle est devenu Hémérica ».
(source : Le Télégramme, 12 juin 2017)
L'aigrette est toujours en recherche de nourriture ...
Le manque d'eau ne nous permet pas de faire le tour complet de la ville close.
Concarneau abrite aussi un port miniature.
Ces bateaux sont dotés d’un variateur électrique de vitesse et d’un moteur de hors-bord sur batterie rechargeable.
Les enfants se prennent pour des loups de mer ou des pirates et louvoient au niveau de la cale de l’Horloge, un coin sans danger dans l’arrière-port.
Un groupe d'enfants de Puteaux est en séjour découverte dans la région ... bonne ambiance à bord du Popeye IV !
Quelques voiliers de course sont amarrés au ponton.
Nous terminons la visite par le port de pêche.
Nous sortons du port, entre les façades multicolores et les remparts ...
... et nous traversons la baie pour rentrer sur Beg-Meil.
Nous avons parcouru 12,4 milles nautiques.
Bien que la couverture nuageuse fut omniprésente (excepté un petit rayon de soleil), nous avons vécu une bien belle journée.
La marée basse nous a offert des paysages magnifiques, la vie du port, les bateaux rencontrés, enrichissent notre horizon.
La navigation fut tranquille, mon épaule a bien tenu, même s'il faut rester vigilant.
Quel plaisir de retrouver la randonnée en kayak de mer !
Au-delà de l'aspect maritime, le kayak nous enrichit énormément.
Merci à mes compagnons de route : Jean, Marie et Julie.
Vive le kayak !