Lac de Guerlédan - Chapitre 1

Lac de Guerlédan - Chapitre 1

Samedi 2 février 2019

Yvette a eu la bonne idée de nous proposer un week-end de randonnée kayak autour du lac de Guerlédan, agrémenté d'un bivouac "gla-gla".
Les températures dans la nuit de samedi à dimanche sont annoncées négatives.
Les amis du club de Plouhinec se divisent en 3 catégories :
- les kayakistes motivés pour 2 jours de kayak et une nuit glaciale sous tente
- les kayakistes qui préfèrent dormir au chaud
- les randonneurs pédestres
Yvette a donc proposé une formule qui puisse contenter tout le monde.
Le rendez-vous a été fixé samedi en fin de matinée à l'Anse de Sordan, sur la commune de Saint-Aignan, au sud-ouest du lac de Guerlédan.
Je fais la route avec Jean, nous arriverons les premiers.
Comme nous avons un peu d'avance, nous faisons une halte après le pont sur la D44 qui traverse le Blavet.
A partir du magnifique pont de pierres, nous pouvons observer l'écluse, sur ce qui est encore ici le canal de Nantes à Brest.

Une petite balade nous conduit à l'Abbaye de Bon-Repos.
Plus grande Abbaye cistercienne de Bretagne, fondée au XIIème siècle par Alain III de Rohan, Duc de Bretagne, située "loin du monde", elle fut très prospère puis laissée à l'abandon à partir de la Révolution. Elle a fait l'objet d'une importante restauration débutée en 1986. Elle offre un Son et Lumières l'Eté et pendant les vacances de Noël.

Nous poursuivons notre route vers l'Anse de Sordan.
Nous arrivons en fin de matinée.
Le soleil est au rendez-vous, le vent aussi.
L'endroit est désert.

Nous faisons une petite balade en attendant nos amis.
Nous apprécions le calme, la forêt, les chaos rocheux....
Ici, nous sommes en Morbihan, sur l'autre rive du lac, c'est les Côtes d'Armor.

Le lac de Guerlédan est un site remarquable où se pratiquent de nombreuses activités dont la pêche.
On peut notamment y trouver des carpes, des tanches, des rotengles, des brèmes communes, des ablettes, des brochets, des gardons, des perches ou des sandres.
Le site abrite aussi de nombreuses espèces sauvages : loutre, héron cendré, martin-pêcheur, poule d'eau, grèbe huppé, canard colvert, etc...
Le loup y serait de retour.

Un banc dédicacé, en mémoire de Brian, est installé face au plan d'eau.

Peu après l'arrivée du fourgon du CN Plouhinec, une averse de grésil rafraîchit l'atmosphère.

Yvette, Armelle, Annick, Marie-Jo, Nelly, Anne-Marie, Jean-Jacques et Jean-Yves nous ont rejoint, nous serons donc 10 kayakistes pour cette première journée sur le lac.

Nous préparons les kayaks, puis nous trouvons un endroit abrité du vent et ensoleillé pour le pique-nique.

Après le repas, chacun s'équipe chaudement.

Nous traversons vers l'autre rive pour naviguer en Côtes d'Armor, au soleil.

Nous partons vers l'Est en suivant la rive.
Nous naviguerons sur environ 16 km.
Jean-Jacques a enregistré le tracé :

Nous longeons la rive Nord, vers l'Est.
Parmi les arbres dénudés s'étalent des bois morts qui forment de belles sculptures.

Nous sommes devant le bois de Kériven, le paysage  est de toute beauté.
Dans un jeu d’ombres et de lumières, la nature se dévoile progressivement : d’abord le long des rives sinueuses du lac, puis en sous bois,.
Ce site était autrefois le théâtre  d’une grande aventure, celle de l’extraction de l’ardoise bleue.
En témoignent les nombreuses excavations et déblais encore présents  sur les pentes.

Le lac de Guerlédan est considéré comme un plan d'eau ouvert, puisqu'il est traversé par le canal de Nantes à Brest.
Le permis fluvial est donc obligatoire.
Le défaut de permis est un délit qui entraîne une convocation au tribunal.
Les autres contraventions concernent la vitesse. Le lac a plusieurs limitations : à certains endroits, il ne faut pas dépasser les 10km/h.
Ces limitations sont indiquées sur les panneaux carrés cernés de rouge, installés sur les berges.
Au fil des panneaux, on constate que l'un d'entre eux signale une zone d'écopage :c'est là que les Canadair viennent se charger en eau pour aller éteindre les feux de forêt.
La zone n'a été utilisée qu'une fois, en 1976.

On se demande parfois comment certains arbres peuvent tenir debout !

Nous longeons les berges de grès et de schistes.
A certains endroits, des troncs d'arbres sortent de l'eau.

Nous repérons quelques grottes, dont certaines sont inondées.
Elles servent de refuge aux chauve-souris.

L’exploitation de l’ardoise à Keriven est marquée par le nombre important d’excavations de toutes tailles. Les qualités de l’ardoise, notamment sa fissilité (capacité à se fendre), augmentent avec la profondeur.
La meilleure ardoise est donc au plus profond des trous et demande plus d’efforts pour aller la chercher.
À Keriven, les mines pouvaient atteindre plusieurs dizaines de mètres de profondeur.

Quelques dizaines de mètres plus loin, nous passons devant deux énormes trous creusés dans la roche.
Là encore ce sont les vestiges des anciennes ardoisières.
Nous sommes sur l'eau, et celle-ci en a englouti une partie.
J'ai retrouvé une photo du lac asséché qui montre bien ce que nous avons sous nos kayaks aujourd'hui.
(voir la 4ème photo ci-dessous, en haut à droite)

Nous poursuivons sous le soleil....

...et je repère un endroit propice à l'installation d'un hamac.

Il y a des millions d'années, des dépôts vaseux et sableux issus de l’érosion se sont accumulés progressivement au fond des eaux  (sédimentation).
Ces dépôts se sont tassés et sont devenus des roches sédimentaires : grès et schistes.
Nous pouvons observer aujourd'hui les différentes couches.

Nous arrivons bientôt à la « station balnéaire » du lac de Guerlédan… baignée d'une mer d'eau douce !

Nous sommes à Beau Rivage, avec la plus grande plage de Guerlédan, ses nombreuses activités nautiques et de loisirs, son ski nautique, ses vedettes voguant sur les eaux tranquilles du lac,

Nous contournons la pointe de Beau Rivage et entrons dans les deux anses au Nord.
De nombreuses propriétés au bord de l'eau ont leur ponton privé.

Le fond des anses présente une nature plus sauvage...

Nous revenons vers Beau Rivage et reprenons le cours principal du Blavet.

Sur les crêtes schisteuses, le panorama est grandiose...

La balade se poursuit dans une atmosphère calme et sereine, nous admirons le paysage...

Nous contournons une pointe rocheuse et remontons vers le Nord dans le ruisseau du Guer.

Une première petite anse sur bâbord nous fait découvrir des perches tendues sur des câbles....des vestiges d'un stade nautique ?

Au fond d'une deuxième petite anse, nous observons un bateau dans les bois...
Image singulière que cette embarcation à cet endroit !

De drôles de monstres s'étirent aussi le long des berges...

Nous poursuivons notre navigation vers le Nord, on s'imaginerait facilement au Canada...

Nous avons rencontré de nombreux canards.

Le passage sous les troncs d'arbres agrémente la navigation...

Nous arrivons dans les anses de Landroanec et du Gouëno.
Dans ces deux anses, les eaux du lac, contournant par l’Est la péninsule du Bois de Caurel, s’évadent de la vallée encaissée de Guerlédan pour conquérir les prés verdoyants du manoir de Pors Braz.

Après avoir admiré le vol des canards, nous faisons demi-tour et revenons vers l'anse de Guerlédan.

Nous sortons du ruisseau du Guer et traversons le lac vers le Morbihan et le barrage.
Nous repassons devant les éperons schisteux du bois de Caurel.

Nous accostons sur une petite plage de cailloux près du barrage.

Nous marchons vers le barrage. L'accès est très protégé.
C’est en 1921 que Mr Ratier, sous-préfet de Pontivy, imagine barrer le Blavet au niveau de l’écluse de Guerlédan, sur le canal de Nantes à Brest, pour installer une grande usine électrique.

Les travaux commencent en 1924 et la construction gigantesque constitue un défi pour les ingénieurs de l’époque. En effet, avant la Seconde Guerre Mondiale, il n’existe que quatre barrages de cette importance en France mais qui ne produisent pas d’électricité.
Guerlédan est le 1er barrage construit en béton en France. Malgré les problèmes financiers et techniques imprévus, le barrage et l’usine sont inaugurés le 12 octobre 1930.

La création du lac entraîne l’immersion de 17 écluses ainsi que les maisons éclusières et les carrières d’ardoises nombreuses dans la vallée et coupe désormais le canal de Nantes à Brest en deux.

Ce barrage est de type poids-béton d’une hauteur de 45 mètres et d’une longueur totale de 208 mètres. Il permet de constituer un lac d’une superficie de 300 ha, 12 km de long, 40m de profondeur au plus bas, 53 millions m3 d’eau… 
Le complexe hydroélectrique de Guerlédan-Saint Aignan produit chaque année 15 MW soit l’équivalent de la consommation annuelle des habitants d’une ville comme Pontivy (15 000 habitants).

 Le barrage de Guerlédan fut l'une des principales attractions touristiques de l’année 2015 en Bretagne en raison d’un évènement rare : la cinquième vidange complète de son histoire.
La prochaine devrait avoir lieu en 2045. La plus grande partie du lac est située dans le département des Côtes-d’Armor, mais la rive sud se trouve dans le Morbihan sur la commune de Saint-Aignan.
Après avoir servi à alimenter le Morbihan en électricité, le barrage sert actuellement de réserve d’eau potable pour presque toute la moitié ouest du département.

Après un thé chaud, nous réembarquons pour le trajet retour.
Le soleil est plus bas sur l'horizon, le vent froid, de face, reste soutenu par endroit.
Je mets mes manchons sur ma pagaie pour protéger mes mains de l'onglée.

Nous arrivons à l'anse de Sordan vers 17h30.

Après avoir rangé notre matériel, nous montons notre campement et trouvons un endroit abrité pour le repas.
Karine et Julien, accompagnés de Sam, leur chien, nous ont rejoint.
Chacun s'équipe chaudement, nous apprécions le repas chaud, à la lumière des frontales, agrémenté des spécialités culinaires que certains ont confectionnées : pâté en croûte, tarte aux poireaux, fard breton, etc...

Nous voici donc au coeur de notre premier bivouac "gla-gla" de l'année 2019.
Quelques averses de pluie et neige fondue s'invitent dans la soirée, masquant temporairement le ciel étoilé.
Nous savons que la nuit va être très fraîche, températures négatives annoncées...
Nous nous réfugions dans nos tentes : chacun à sa méthode pour se prémunir du froid, mais l'empilement des couches reste une constante.
Un hurlement se fait entendre dans la nuit noire, puis un deuxième, un troisième....
Le loup serait-il proche de notre campement, attiré par les odeurs et la nourriture....ou bien certains s'imaginent-ils déjà converser avec lui ?
Mystère....

A suivre....