Balade à Molène
Balade à Molène
Dimanche 12 juin :
Après notre balade sur l'île d'Ouessant (voir article précédent), nous embarquons dimanche matin pour l'île de Molène.
Nous laissons nos bagages au point d'information au bout du quai, et nous entamons le tour de l'île dans le sens anti-horaire.
Molène fait 1200m de long et 800m de large, et le point culminant est à 27 mètres.
L'accès aux plages est donc plus facile qu'à Ouessant.
Au nord-ouest de l'île, nous passons devant une tranchée creusée dans la dune, tapissée de pierres plates bloquées par de la glaise.
C'est un four à soude.
On y brûlait le goémon, récolté sur les grèves, pour en extraire la soude.
Des petits murets de pierres peuvent servir de bancs, ou séparent les parcelles.
Ils protègent les terres arables du vent et du sel qui brûlent les cultures.
La tourelle est un amer d'alignement, bien utile pour les navigateurs.
Nous arrivons bientôt au port, face à l'île de Lédénez.
Sur le terre-plein du port, une réplique du phare d'Armen, "l'enfer des enfers".
Au restaurant "l'Archipel", nous goûtons à la spécialité locale : la saucisse de Molène.
Celle-ci doit son goût fort et iodé à son mode de préparation : coupée au couteau puis poivrée, elle est fumée aux algues en cheminée, deux heures par jour pendant une semaine.
La recette traditionnelle consiste à la cuire à l’eau pendant 5 à 10 minutes, puis à nouveau pendant 45 minutes après avoir changé l’eau afin d’enlever l’excédent de fumage.
20 minutes avant la fin de la cuisson, on ajoute des pommes de terres, qui prendront le goût de la saucisse.
La saucisse de Molène se déguste également en ragoût, potée ou cassoulet.
Après le repas, et une petite sieste sur la plage, nous poursuivons notre visite par le bourg.
L'abri de l'ancien canot de sauvetage Amiral Roussin (1894-1950) est paré de magnifiques fresques, réalisées en 2006 par Laurent Mordelet.
Non loin de là, une autre fresque, "la fresque Sylvestre" qui émane cette fois d’habitants de l’île qui voulaient "rendre hommage à ceux qui les avaient précédés" !
A proximité se situe un puits.
Selon la légende, l'île manquait d'eau lorsque Saint-Ronan y débarqua en l'an 520.
Il prit alors un bâton et fit jaillir de l'eau en l'enfonçant dans le sol.
Ce puits fut construit à cet emplacement.
La balade est très agréable dans ces ruelles dépourvues de voitures.
Près de l'église dédiée à Saint-Ronan, le monument aux morts.
Acquis par Molène après la Première Guerre mondiale, ce monument représente les deux armées principales, l'infanterie et la marine.
Monochrome à l'origine, il a été peint par la suite par les habitants de l'île conformément aux uniformes.
Dans l'église, nous admirons 2 ex-voto.
La première maquette représente "l'Europe", réplique d'un grand Cap-hornier de la fin du XIXème.
Cette maquette a la réputation de toujours indiquer la direction des vents pour le lendemain (cela viendrait de la composition du fil qui la suspend)
La 2ème maquette représente le Suzanne-René, un sloop qui en 1943 permit à 23 jeunes aviateurs anglais et canadiens de rejoindre l'Angleterre.
Près de l'église, une surface plane entourée de murs.
C'est une citerne de récupération d'eau de pluie, appelée citerne des Anglais.
Elle fut offerte aux Molènais par la reine Victoria, en remerciement du courage des sauveteurs lors du naufrage du Drummond Castle, en 1896.
Sémaphore vient du grec sema, signe, et phoros, qui porte.
Il désigne un poste de signalisation à terre, qui communique par des signaux optiques avec les navires.
Celui de Molène raconte le quotidien et les missions des guetteurs.
Les missions de sauvetage, assurées par la SNSM, sont retracées d’hier à aujourd’hui. L’histoire du naufrage du steamer anglais, le Drummond Castle en 1896 y est aussi évoquée.
Une reconstitution du mât a été réalisée pour que les visiteurs comprennent comment s’opérait la transmission des messages d’alerte.
Le moyen de transmission utilisé au sein des premiers sémaphores est le mât.
Ce système, dérivé du télégraphe de Claude Chappe, est mis au point par l'officier Charles Dupillon.
C'est un mât orientable d'environ 13 mètres muni d'ailes articulées.
L'orientation des ailes permet de coder des messages.
Une position correspond à un signe qui renvoie à un tableau de signaux permettant la lecture du message.
Des engrenages permettent de manoeuvrer les ailes.
Le message est transmis en commençant par l'aile supérieure. Entre chaque signe, le mât est mis au repos.
Le système évolue au fil des années jusqu'en 1906 où, pour multiplier les combinaisons possibles, des ailes supplémentaires puis un disque sont ajoutés.
Les transmissions par signaux sémaphoriques deviennent obsolètes à l'orée de la première guerre mondiale et cessent d'être utilisées au profit des pavillons.
Nous terminons tranquillement notre balade en admirant le port à marée basse.
Nous rejoignons la grande digue, pour embarquer dans le bateau de la Pen Ar Bed à 17h30, direction Le Conquet.
Au loin, nous apercevons Ouessant, et la tour radar du Stiff.
Ainsi se termine ce superbe week-end, à la découverte d'îles de toute beauté.
C'est sûr, j'y reviendrai en kayak.