Asturies 2015 : du Rio Puron à Playa del Borizo
De Rio Puron à :
Lundi 28 septembre 2015 :
Deuxième jour de notre première rando-kayak dans les Asturies.
Nous avons bivouaqué sur les rives du Rio Puron, petite rivière aux eaux claires, dans lesquelles des truites sauvages ont élu domicile (voir article précédent).
Le cours d'eau se vidant à marée basse, nous sommes obligés de partir très tôt, avec le flux descendant, pour rejoindre la mer.
Après une courte nuit, nous nous réveillons à 5h30.
L'objectif est de ramasser le campement, et de naviguer rapidement.
A 6h30, nous mettons nos kayaks à l'eau, à la lumière des frontales.
Nous descendons la rivière, parfois dans le noir total, parfois à la lueur du clair de lune.
Les rives, à certains endroits, se teintent de couleur ocre, conséquence d'une éclipse partielle de lune.
A ce moment, la navigation est tranquille, calme.
Tout se fait en sensation, puisque nous sommes presque aveugles.
Le lieu est féérique, chacun profite du moment, et goûte son plaisir !
La nuit amplifie les sons.
Nous approchons de l'embouchure.
Au loin, vers la mer, nous apercevons, sous le clair de lune, une zone blanche.
Nous devinons des vagues déferlantes.
Surtout, le bruit est impressionnant, presque assourdissant.
Dans un mouvement protecteur, le groupe se resserre, nous naviguons rapprochés.
En mer la houle est bien présente, hachée, désordonnée, contrastant avec le calme de la rivière.
Nous passons l'embouchure, parfois inquiet de ce qui nous attends.
Nous voici en mer, très concentrés.
Nous sommes rentrés dans une autre dimension : bruit, mouvement, les sens en éveil, le corps qui s'adapte en permanence aux mouvements de l'eau, sensations exceptionnelles, uniques, indescriptibles, mélange d'excitation, de joie, de peur.
La mer est noire, la côte et ses falaises imposent leur ombre noire. Seule la lune trace son chemin blanc sur l'eau.
Sur cette mer hostile en perpétuel mouvement, chacun devine l'ombre des kayakistes, à proximité, mais sans savoir avec certitude qui ils sont...étrange atmosphère.
Nous passons la Punta La Tejera et mettons le cap vers l'îlot Castro Ballota.
Yvette et Hugues partent en éclaireur.
Nous devinons des plages, mais avec des rouleaux. Dans la nuit, le bruit des déferlantes est amplifié.
Nos amis repèrent un endroit propice au débarquement. Yvette accoste, sa frontale nous servira de repère sur la côte.
Hugues revient vers le groupe et guide la manoeuvre. Nous accostons entre deux rochers, là où il y a moins de shore break, nous dit-il.
Problème : dans la nuit, nous ne voyons pas les deux rochers !
Le point lumineux fourni par la frontale d'Yvette nous oriente.
L'accostage se fera sans problème, même si certains se prennent de belles séries de vagues.
Je pars en surf et finis par me coucher contre une vague traitresse, et arrive sur la plage sans dessaler.
Drôle de sensation, ce surf nocturne.
La lune disparait peu à peu.
L'horizon prend des teintes orangées.
Nos kayaks sur la plage semblent tous identiques, de la même couleur sombre.
Nous vêtements sont mouillés, il fait un peu frais.
Sur cette belle plage de galets, la Playa de Ballota, nous rassemblons du bois flotté pour faire un feu.
Hugues, Jean-Yves et Jean Do repèrent une grosse pierre plate.
Ils la dressent verticalement pour ériger une protection contre les flammèches qui volent avec la brise naissante.
Les vêtements sont mis à sécher.
Nous prenons notre petit déjeuner.
La nature nous offre alors un magnifique spectacle : le lever de l'astre solaire.
Dans cet endroit enchanteur, nous avons le sentiment d'être seuls au monde, à admirer la beauté de la nature...magique !
Le jour s'est levé, nous avons une tout autre vision de l'endroit.
La plage est d'une beauté émouvante.
Encadrée de vert, presque sauvage, percée dans la falaise, elle forme une coque d'environ 350 mètres de longueur.
Au large, l'îlot de Castro Ballota constitue un petit belvédère taillé dans la pierre.
Ouverte sur la mer, avec son sable blanc et ses grosses vagues, la plage et ses environs constituent un cadre unique
Sur la droite de la plage, nous apercevons de remarquables roches calcaires et des falaises rouges qui tombent sur le sable.
Nous reprenons la mer, en longeant des falaises impressionnantes...
...naviguant parfois sous des arches majestueuses...
Avec Hugues, Jean et Yvette, je m'engage dans un tunnel, qui se transforme bientôt en véritable cathédrale de pierre, dans lequel l'effet de la houle est multiplié !
Adrénaline....
En mer, la houle est bien présente et les masses d'eau nous font perdre de vue nos compagnons de route.
La côte, verdoyante et sauvage, est superbe !
Karine et Julien, à bord de leur K2, s'amusent dans les vagues qui viennent s'écraser contre les rochers, dont la base émergée est recouverte d'algues rouges.
De temps à autre, nous entrons dans des petites criques protégées, aux eaux calmes et paisibles, qui contrastent avec la houle en mer.
Des petits coins de paradis !
Nous arrivons à Llanes, et continuons notre navigation côtière...
...les falaises nous offrent des sculptures originales et colorées.
Nous arrivons bientôt à l'Isla de Almenada O de Poo.
Nous y faisons une halte pour pique-niquer.
L'endroit est somptueux.
En grimpant au sommet de l'île, nous pouvons admirer le paysage à 360 degrés, qui nous donne un aperçu de la beauté de cette "Costa Verde".
Après une petite sieste, nous repartons vers la playa del Borizo.
Sur la côte, nous apercevons les ruines de l'Ermitage de San Martin
Apercevant les ruines d'un château sur la falaise, nous arrivons dans le village de Celorio.
Nous contournons l'île de Borizo et arrivons à destination, la playa del Borizo.
Avec Hugues, Jean Dro, Jean Do, Jean-Yves et Alain, nous continuons à naviguer vers l'ouest, au large de Barro.
Nous apercevons un troupeau de chèvres prenant le soleil sur un plateau rocheux, à flanc de falaise.
Nous faisons bientôt demi-tour pour rejoindre nos compagnons au camping de Playa de Troenzo.
Nous rangeons et nettoyons le matériel, et apprécions la douche chaude.
La soirée se termine à Llanes.
Hugues nous fait découvrir une institution locale : le sidra (cidre) servi dans les sidrerias.
Dans les Asturies, la tradition du cidre s'entoure d'un véritable rituel.
Voici donc ce rituel décrypté en 4 leçons (merci Hugues pour avoir fait progresser notre culture cidricole et asturienne !)
Leçon no 1 :
on commande rarement un verre de cidre, mais presque toujours une bouteille (environ 2,50€)
Leçon no 2 :
laissez toujours le serveur vous servir et vous resservir; s'il le faut, demandez-le lui.
Leçon no 3 :
admirez la technique du serveur car le cidre est toujours versé d'un bon mètre de hauteur dans un verre penché à 45 degrés, ce qui explique pourquoi il faut laisser au serveur le soin de le faire.
Le cidre s'oxygène ainsi juste le temps qu'il faut pour arriver dans votre verre, légèrement mousseux et avec le meilleur goût possible.
Leçon no 4 :
il faut boire son verre très vite car le cidre perd rapidement sa saveur; le serveur sera là pour vous le rappeler.
la tradition exige de laisser un fond de cidre que l'on doit verser par terre pour rincer le bord utilisé pour boire. Car habituellement, on ne se sert que d'un seul verre par bouteille, quel que soit le nombre de buveurs!
Là où nous sommes, chacun a son verre - les traditions se perdent...
Autre spécialité des Asturies : la fabada Asturiana
La fabada est la grande spécialité culinaire des Asturies et l'un des plats les plus typiques de l'Espagne Verte.
Son ingrédient est, comme son nom l'indique, la faba. Un haricot de qualité, comme ceux de La Granja, sans doute les meilleurs du monde qui coûtent plus cher que la viande d'agneau.
Cette recette se prépare selon le même principe que le cassoulet du sud-ouest.
Seule différence, il est accompagné de porc et de charcuterie espagnole, comme le chorizo et la morcilla, une sorte de boudin noir.
Deux façons de l'apprécier : soit vous mangez tout ensemble, soit vous commencez par les haricots puis vous finissez avec la charcuterie.
Dans un restaurant au menu à 11€, comprenant 2 plats, la boisson et le dessert, nous avons aussi goûté le fameux fromage Cabrales produit en altitude dans les Pics d’Europe à partir d’un mélange de laits de vache et de brebis.
Le Cabrales est vieilli de 2 à 6 mois dans des grottes naturelles où l’humidité est de 90 % et où la température varie au fil des saisons de 7 à 13 °C.
Ces conditions favorisent le développement des moisissures comme le penicillium, responsable de la couleur bleue et du goût puissant du fromage.
C'est sur cette note gustative que se termine notre première rando kayak dans les Asturies.
Des paysages magnifiques, colorés et sauvages, des moments uniques, des rencontres avec des gens charmants et accueillants, notre aventure asturienne démarre très fort.
A suivre...