Asturies 2015 : de Playa del Borizo à Rio Puron
De Playa del Borizo à Rio Puron:
Samedi 26 septembre 2015 :
Hugues nous parlait depuis 2 ans d'un projet de navigation dans les Asturies, au nord-ouest de l'Espagne.
Voilà, nous y sommes, c'est parti pour une semaine d'aventures, de rencontres et de découvertes.
Le trajet se fait à bord de deux minibus, plus une remorque de kayaks, et deux voitures, plus Jean Do avec son fourgon..
Les acteurs des cette aventure sont :
Hugues, Armelle, Geneviève, Jean Drou et moi-même (Pascal) dans le minibus loué chez Carrefour;
Anna, Yvette, Jean-Yves, Marie-Jo et Alain dans le véhicule de celui-ci,
Karine et Julien qui feront le voyage à vélo jusqu'à l'aire de repos de Bidart, et que nous récupérerons samedi matin vers 6h30,
Christine et Corinne dans leur véhicule,
Robert et Mado dans leur véhicule,
Jean Do dans son fourgon.
Les deux minibus partent de Beg-Meil vendredi 25 septembre, vers 21h00.
Après un voyage sans problème, nous arrivons à destination samedi vers 13h30.
Notre destination est le camping de la plage du Troenzo, sur la commune de Barro, dans les Asturies.
Une fois les minibus garés face à la mer, nous pique-niquons sur la plage de Borizo.
La nuit a été courte, et certains ont peu dormi.
Une petite sieste réparatrice est la bienvenue.
La plage est superbe, l'endroit est tranquille en cette saison, sur la droite l'île de Borizo est accessible à marée basse.
Nous installons notre campement face à la plage du Troenzo.
Nous effectuons une reconnaissance de la côte vers Ribadesella.
Nous passons devant l'iglesia de Nuestra Senora de Los Dolores, l'église de Notre-Dame des Douleurs à Barro, situé dans un cadre incomparable, sur une petite péninsule au bord d'un estuaire.
Au retour, nous nous arrêtons dans un bar, où nous rencontrons trois motards et leur Harley Davidson.
Anna et Hugues, qui maîtrisent parfaitement la langue, assureront avec efficacité leur rôle d'interprète pendant toute la semaine. C'est une chance de les avoir avec nous, cela permet de mieux comprendre certaines choses, de vivre plus intensément les échanges avec les locaux et de gagner du temps.
Revenus au camping, nous y retrouvons Robert et Mado, Christine et Corinne.
Nous sommes tous assez fatigués du voyage, et ne tardons pas à nous coucher.
Dimanche 27 septembre 2015 :
Nous partons enfin pour notre première rando, à la découverte de la "Costa Verde".
La marée est basse, nous préparons notre matériel sur la plage.
Ce soir, ce sera bivouac, dans un endroit non encore connu...suspens !
Nous mettons les kayaks en étoile, histoire de changer et de créer une figure artistique jamais vue sur cette plage (idée de Jean Drou)
Sur la plage deux tracteurs récoltent une algue rouge.
L’algue Gélidium, appelée “algue rouge, impériale ou gélidium” est utilisée pour sa propriété gélifiante.
Cette dernière, plus connue sous le nom d’agar-agar, est extraite pour être utilisée au quotidien dans nos assiettes et produits pharmaceutiques, de beauté et même diététiques.
L’algue rouge ne contiendrait pas que de l’agar-agar, mais d’autres molécules pouvant être valorisées.
La récolte s'effectue de mi-septembre à mi-janvier.
Les algues encore humides sont séchées dans les champs, elles sont ensuite vendues à une usine de transformation.
Nous quittons la plage de Borizo vers 11h00.
Côté terre nous voyons au loin les montagnes du flanc nord du parc national des Pics d'Europe.
Nous mettons le cap vers l'est, afin de longer la côte vers Llanes.
Sur cette journée, nous parcourons environ 11 milles.
Nous contournons l'île de Borizo.
Nous naviguons vers le Castro Gaitero, puis le Castro San Martin, blocs de rochers impressionnants posés sur la mer.
Nous longeons de très belles plages et de nombreuses criques isolées.
Le contraste est saisissant entre le ciel bleu sur la mer et les nuages gris sur les montagnes.
La houle rend la navigation parfois engagée, rendant délicat le débarquement sur certaines plages.
Notre navigation se poursuit au milieu d'une nature exubérante, de petites criques, de falaises spectaculaires…
Nous arrivons bientôt sur l'îlot Castro de Poo.
Ces énormes blocs de rochers impressionnent par leur hauteur.
La houle qui vient y mourir génère des gerbes d'eau magnifiques.
Le décor rappelle un peu la baie d'Along au nord du Vietnam.
Après avoir passé la Punta de Jarri O de la Torre, et longé le paseo San Pedro, nous arrivons à Llanes en passant la Punta del Gurunu, après 2h30 de navigation.
En arrivant par la mer, nous voyons les fameux Cubos de la Memoria, les Cubes de la Mémoire, d'Augustín Ibarrola.
L'artiste basque, “ni strictement peintre, ni exclusivement sculpteur, encore moins architecte du paysage”, selon ses dires, a construit ce projet en 2001.
Sur les dizaines de blocs de béton qui protège le port des vagues et des marées, il a peint une oeuvre unique et multicolore.
Du rouge, du bleu, du vert, des formes géométriques, des reproductions des lieux emblématiques des Asturies.
Doublant le phare de San Anton, nous rentrons dans le port de Llanes.
En arrivant dans le port, nous voici devant une immense baie vitrée, dans laquelle nous nous reflétons.
C'est la façade d'un restaurant : le El Balamu Taberna Marinera.
Nous franchissons l'écluse et naviguons dans le canal intérieur, au coeur de la ville, au pied des façades multicolores.
Nous sortons du port et venons accoster sur la plage del Sablon.
Nous pique-niquons devant la plage, au pied de vestiges de remparts érigés au XIIIe siècle.
Pour Robert et Christine, la balade s'arrête ici. Mado et Corinne sont venues nous rejoindre.
Après cette pause, nous reprenons la mer vers 15h00, sous l'oeil intrigué des quelques touristes et locaux présents.
Nous poursuivons notre route vers l'est, passant la Punta Radon puis la Punta Mohosa O de Santa Clara.
Nous longeons des falaises percées de grottes ou d'arches, dans lesquelles nous naviguons en "rase-cailloux"
Nous voilà devant le Castro Ballota, île composée d'immense rocher posé sur la mer.
Après avoir passé la Punta La Tejera, nous longeons la falaise et nous engageons dans le Rio Puron.
Entre la houle croisée qui nous oblige à être très concentré en mer et le calme de la rivière, le contraste est saisissant.
Le passage de l'un à l'autre est un peu chaud, certains serrent les fesses, le groupe se retrouve dans une navigation paisible, dans un cadre verdoyant et idyllique.
L'eau de la rivière est plus froide qu'en mer, et c'est de l'eau douce.
En réalité l'eau douce est en surface, et l'eau salée est au fond.
Hugues retrouve peu à peu les techniques ancestrales. Après la pagaie groenlandaise, qui a remplacé la pagaie cuillère en carbone, il s'initie aux techniques de pêche...avec succès !
Mais au lieu d'utiliser un harpon et un norsaq, il utilise la pagaie...et pêche un mulet en l'assommant...très fort Hugues !!!
Vers 17h00, nous débarquons et installons notre bivouac près d'un pont de bois.
Une conversation avec un pêcheur local nous apprend que le rio Puron se vide à marée basse.
Nous devons donc calculer l'heure de départ pour avoir assez d'eau pour rejoindre la mer.
Demain nous nous lèverons donc à 5h30.
Chacun installe son campement pour la nuit.
Différents modes de couchage sont utilisés : hamac, sursac, tarp, tente...
Par petits groupes, nous marchons aux alentours.
Karine et Julien croisent la Guardia Civil...mais personne ne nous a dénoncés !
L'endroit est tout à fait remarquable.
Le paysage a la particularité d'être composé d'eucalyptus.
Cet arbre, originaire d'Australie et que l'on trouve également dans de nombreux pays d'Amérique latine, est arrivé dans la région au XIXe siècle.
Ce sont les émigrés asturiens partis faire fortune sur le continent latino-américain, surnommé “los Indianos”, qui l'ont ramené dans leurs bagages et planté sur leurs terres à leur retour.
Autre particularité du site : Los bufones.
Los bufones vient du verbe bufar en espagnol qui pourrait se traduire, entre autre, par souffler.
Et qu’est-ce qui souffle?
Et bien le son de la mer s’engouffrant dans les conduits ou cheminées naturelles creusées dans la côte.
Ils ressemblent à un geyser sauf que c’est de l’eau froide…un geyser qui peut monter jusqu’à 20 mètres de haut !
Un panneau explique le phénomène (voir photo ci-dessous)
Ces Bufones sont répartis sur la côte en sortant de la rivière.
Ces formations sont situés dans le calcaire. Elles proviennent de la dissolution de la roche par l'eau, en laissant une cheminée qui relie le fond de la mer à la surface de la falaise
Quand le kayakiste bivouaque, il occupe l'espace et lui donne des couleurs !
Robert, Mado, Christine et Corinne finiront par nous retrouver dans cette nature, un vrai exploit !
Nous buvons un bon vin à la santé d'Alain, qui fête son anniversaire.
La rivière se vide.
La soirée est tranquille.
Demain, c'est lever à 5h30 pour une nouvelle aventure exceptionnelle !
A suivre...