Entre Quimperlé et Le Pouldu, entre Finistère et Morbihan : la Laïta
Entre Quimperlé et Le Pouldu, entre Finistère et Morbihan : la Laïta
Mercredi 2 septembre 2020
En ce premier mercredi de septembre, Pascal B et Maurice proposent une balade en kayak sur la Laïta.
Je les rejoins Quai Surcouf à Quimperlé.
La journée s'annonce ensoleillée, avec peu de vent.
La basse mer est à 11h52 au Pouldu, elle sera haute à 17h53 (coef 85)
Vers 10h00, nous embarquons de la cale rive gauche.
Nous sommes au confluent de l'Ellé et de l'Isole.
Nous quittons la ville aux quais fleuris, le courant nous porte vers la mer.
Des spectateurs ailés et aux pattes palmées assistent à notre départ ...
Sur la rive gauche, devant la prairie André Bouler, peintre jésuite né en 1924 à Quimperlé, quelques oies s'étonnent de notre passage ...
Après cette passerelle, sur la rive droite, la Canoé Kayak Club de Quimperlé ...
Les rayons du soleil forment sur la rivière d'étranges reflets ...
Nous observons quelques accès aux berges ...
La navigation est tranquille sur ce miroir ...
La proue du kayak de Maurice se reflète à la surface de l'eau ... et son distributeur (Idoine) se lit même à l'envers !
Quant au Zegul de Pascal B, la lecture inversée est moins évidente.
Nous passons sous le viaduc qui supporte la ligne de chemin de fer reliant Nantes à Landerneau.
Il mesure 156 mètres et est composé de sept arches qui enjambent, à 36 mètres de hauteur, la rivière.
Il a été achevé en 1862.
Après le viaduc ferroviaire, le pont routier ...
Pas une ride sur l'eau ... et les brumes matinales qui se dissipent doucement sous l'effet des rayons du soleil ...
Les arbres se reflètent dans ce miroir aquatique ...
La navigation se poursuit ... calme, paisible, sereine ...
Sur la rive gauche, une tourelle, un portail, un abri à bateau : ce sont les limites d'un grand parc en bordure de rivière, au fond duquel se tient une magnifique demeure.
Les arbres morts font penser à quelque reptile pétrifié ...
... et certains semblent pousser dans la rivière ...
La lumière est magnifique ...
... cela en est parfois renversant !
Nous abordons un zone où les arbres se développent au-dessus de la rivière, formant un tunnel de verdure ...
La Laïta, avec ses nombreux méandres, délimite ici la frontière entre le Finistère (rive droite) et le Morbihan (rive gauche).
Sur la rive droite, nous longeons la forêt domaniale de Carnoët.
De belles demeures, dont le château de Carnoët, ont été rénovées.
Selon la légende, ce château aurait été la demeure du Comte de Comorre.
Une prédiction ayant annoncé à Commore qu'il périrait de la main de son fils, il mit a mort ses quatre premières femmes dès qu'elles ont attendu un enfant.
La cinquième, Triphine, avant de mourir, a réussi a sauver son fils, qui sera Saint Trémeur.
Commore, le rencontrant, est frappé de sa ressemblance avec Triphine : il le fait décapiter.
Trémeur ramasse sa tête, marche vers le château de son père, lance une poignée de terre contre l'édifice qui s'écroule, ensevelissant Commore.
Nous apercevons une colonne provenant de l'ancienne salle du château de Carnoët, et remontée dans la forêt
Nous poursuivons notre route dans cette nature préservée ...
Nous observons de nombreux oiseaux : cormorans, hérons, balbuzards, canards, oies ...
La marée descendante fait apparaître les vasières et les marais littoraux.
Des zones ne sont recouvertes que lors des marées de fort coefficient, la végétation y est plus haute.
On désigne ces zones par le terme de schorre.
Au début du XVIII siècle, des navires de 100 tonneaux pouvaient remonter la Laïta jusqu'à Quimperlé, ils y importaient du vin, des épices, et y exportaient blé, bois... mais l'ensablement progressif du lit, l'apparition d'une barre à son embouchure, conjugué avec le développement du réseau ferroviaire à la fin des années 1800, ont fait que la Laïta a perdu cette notion de voie de commerce maritime.
Ici, la faune et la flore sont préservées.
Les zones humides et zones protégées permettent à de nombreuses espèces de s'y épanouir
La rivière s'élargit, des bancs de sable commencent à apparaître ...
Un ponton de bois apparaît soudain dans la végétation ... sûrement pas une construction récente !
Sur la rive droite, le site abbatial de Saint-Maurice.
Vers 1170, des moines originaires de l'abbaye cistercienne de Langonnet, sous la conduite de leur abbé Maurice Duault, s'établirent sur les rives de la Laïta et y fondèrent un établissement monastique, qui prendra par la suite le nom d'Abbaye Saint-Maurice de Carnoët.
Avec la marée descendante, les bancs de sable s'intensifient.
Maurice semble naviguer sur le sable ...
Nous arrivons au pont de Saint-Maurice.
Il relie Clohars-Carnoët (Finistère) à Guidel (Morbihan), et a été mis en service en 1992.
Un héron nous observe de son banc de sable ...
Nous devons trouver notre route entre les bancs de sable.
Suivant les points de vue, le pont ou les bateaux semblent posés sur le sable ...
Le courant s'intensifie, nous croisons un bateau au mouillage...
... puis, sur la rive gauche, l'ancien moulin à marée de Beg Nénez.
La rivière s'élargit encore, nous passons devant de nombreux bateaux au mouillage... le port du Pouldu est proche.
Sur la rive droite, des parcs à huitres ...
... sur la rive gauche, le port du Pouldu ...
Nous restons rive droite pour sortir de la rivière, et contournons les roches de Saint-Julien.
Les fonds de l’embouchure de la rivière évoluent d’une quinzaine à l’autre.
Le chenal change régulièrement de place. Lorsqu’il y a énormément de pluie, cela provoque un violent courant qui chasse le sable et déplace le chenal.
L’ensablement revient avec des vents de Sud et de Sud-Est. Ces phénomènes peuvent être violents.
Les dangers sont la sortie et l’entrée, avec parfois de véritables murs d’eau, des barres qui se forment lorsque le courant de la marée descendante s’oppose à la houle qui entre dans l’estuaire par vent de Sud.
À marée basse, quel que soit le coefficient de marée, on ne passe pas (sauf en kayak !).
En bateau, il faut bien deux heures de montant pour tenter de rentrer, en fonction de son tirant d’eau.
L’idéal est de rentrer ou sortir à étale de marée haute.
Aujourd'hui, c'est très calme et nous franchissons de petites vagues.
Nous nous dirigeons vers la tourelle de Men Du.
Sur la côte, nous apercevons l'ancien mât pilote.
Sorte de sémaphore à usage civil, ce mât pilote, mis en service en 1847, servait à guider les bateaux qui souhaitaient entrer dans la rivière de la Laïta sans s'échouer sur les bancs de sable.
Le principe a été inventé par le capitaine de corvette Fénoux (d'où un de ses noms : mât Fénoux) et permettait d'orienter les bateaux quand les pilotes ne pouvaient aller au devant d'eux par gros temps.
La solution du mât-pilote a été préférée par l'Administration à un feu ou un phare, qui risquait la nuit d'attirer les embarcations sur une côte jugée dangereuse.
Les pilotes, de veille à tour de rôle, positionnaient la flèche de 15 mètres de hauteur, installée sur la tour, selon un code connu des capitaines au cabotage, pour leur indiquer les manoeuvres à réaliser.
Cette flèche est aujourd'hui disparue.
Le mât pilote du Pouldu a été désaffecté en 1924.
Nous contournons la pointe de Beg Kergouaranton et longeons la côte.
Une belle demeure a une vue imprenable en haut de la falaise.
Nous laissons à tribord les plages de Porgastel et de Porguerrec, et nous arrivons à la plage des Grands Sables.
Nous débarquons devant une petite crique près de la base nautique, pour pique-niquer.
Depuis Quimperlé, nous avons parcouru 11,16 milles nautiques.
En cette fin de saison estivale, l'endroit est très agréable sous ce beau soleil.
Nous apprécions notre situation de privilégiés.
Nous repartons vers 14h00.
Nous naviguons un peu vers l'ouest, vers la plage de Bellangenet.
Nous faisons demi-tour pour revenir vers l'embouchure de la Laïta.
Sur les hauteurs, nous apercevons un calvaire.
Celui-ci a une histoire peu banale.
La villa située à côté du calvaire, "Ker Magdalena" fut construite par la volonté d'une pianiste virtuose, prénommée Madeleine, parisienne qui venait régulièrement en vacances au Pouldu.
Bientôt âgée de 90 ans, elle a des problèmes cardiaques qui l'empêchent de marcher et de jouer du piano.
Alitée, elle reçoit la visite du recteur de Clohars.
Celui-ci revient d'un pèlerinage à Lourdes. Il lui laisse une petite fiole d'eau de Lourdes, lui recommandant d'en boire un peu chaque soir.
Madeleine retrouve des forces au bout de quelques semaines, peut à nouveau marcher et jouer du piano.
Elle promet d'ériger un calvaire en l'honneur de Notre Dame de Lourdes.
Malheureusement, elle meurt avant d'accomplir sa promesse.
Dans les années 1980, une descendante de Madeleine décide d'exaucer son voeu, et fait construire le calvaire, à l'endroit souhaité par la "miraculée".
C'est une artiste sculpteur de Quimperlé, Marie Bernadette Vaillant, qui réalise les travaux en 1984.
Nous retrouvons la tourelle Men Du et l'embouchure de la rivière.
Le niveau d'eau a bien monté, les vagues ont disparues, les bateaux commencent à avoir accès à la rivière.
Nous restons rive droite et nous engageons dans la rivière.
Nous arrivons très vite au port du Pouldu.
Plus nous avançons, plus le courant s'accélère.
En pagayant tranquillement, nous atteignons facilement 6 noeuds.
En recouvrant les bancs de sable, l'eau change de couleur, prenant une teinte oranger brun.
Nous observons des zones plus sombres.
En nous approchant, nous côtoyons des centaines de mulets qui se déplacent en bancs, serrés les uns contre les autres.
La marée montante modifie la surface de l'eau, les marmites et tourbillons apparaissent ...
Nous filons vite sur l'eau, en observant les modifications du paysage découvert ce matin ...
Nous arrivons au pont Saint-Maurice ...
... où la frontière entre Finistère et Morbihan est bien signalée ...
La rivière paraît encore plus large, nous retrouvons les berges boisées sous un autre angle, avec une lumière différente ...
La navigation est très agréable, l'eau est de plus en plus brune ...
Hérons et canards nous observent, interrogateurs ...
Quelques coups de pagaie dans ce paysage bucolique ... et nous arrivons au château de Carnoët.
Bientôt, sur la rive gauche, nous apercevons, caché au milieu des arbres, le château de Bothané, qui propose aujourd'hui un cadre exceptionnel pour les mariages et réceptions.
La balade se poursuit dans les méandres de la rivière ...
... et nous retrouvons nos ponts routier et ferroviaire ...
Quelques villas en bord de rivière et des bateaux au mouillage nous signalent que nous approchons de Quimperlé.
En arrivant à Quimperlé, un monument s'impose sur la rive gauche, l'ancienne abbaye de Dominicains, connu sous le nom d'Abbaye Blanche, et sa chapelle.
Nous retrouvons le centre ville et la cale du quai Surcouf.
... et faisons une petite incursion sur l'Isole...
... en compagnie d'un jeune canard.
Depuis notre départ de la plage des Grands Sables au Pouldu, nous avons parcouru 12,02 milles nautiques.
Sur la journée nous avons navigué 23,18 milles nautiques.
Nous débarquons sur la cale ...
... mettant ainsi fin à cette très belle randonnée.
La rivière nous a livré quelques secrets, mais il y en a sûrement beaucoup d'autres à découvrir.
Après avoir rangé notre matériel, nous finissons la journée autour d'une bière fraîche, à la terrasse de la Cale d'Anaurot.
Vive le kayak !
Maurice a immortalisé cette randonnée dans une vidéo :
https://www.facebook.com/maurice.tps.1/videos/371440334014211