Pagaia 2017 : le théâtre-musée Dali et le monastère de Sant Pere de Rodes
Pagaia 2017 : le théâtre-musée Dali et le monastère de Sant Pere de Rodes
Mardi 11 avril 2017:
(les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet)
Après 3 jours d'un superbe symposium intense (voir articles précédents), nous décidons de poser une journée de RTK : Repos sur le Temps de Kayak.
Nous ne participerons donc pas aujourd'hui aux randonnées proposées par nos amis catalans.
Le vent étant monté, les départs sont proposés à l'Estartit, au sud de Llança, à environ une heure de route.
Pour ceux d'entre nous qui étaient présents en 2013, c'est un parcours que nous avions déjà réalisé (voir article ci-dessous)
Nous partons donc vers Figueres pour visiter le théâtre-musée Dali.
En arrivant le matin nous évitons les trop longues files d'attente. Ici aussi, nous sommes en période de vacances scolaires.
Un fois sur place, la façade ne laisse pas indifférente.
Inauguré en 1974, le Théâtre-musée Dali a été construit sur les vestiges de l'ancien théâtre de Figueres et renferme le plus large éventail d'oeuvres décrivant la trajectoire artistique de Salvador Dali (1904-1989) que l'on puisse rêver , de ses premières expériences de peintre à celles de la fin de sa vie, en passant par ses créations surréalistes.
Le Théâtre-musée Dali doit être saisi comme un tout , comme la grande oeuvre de Salvador Dali; en effet, tout y a été conçu et pensé par l'artiste, dont le souci était d'offrir au visiteur une véritable expérience : une immersion dans son monde fascinant et unique.
Après avoir déambulé dans les petites rues adjacentes...
Nous arrivons devant l'ancien théâtre néo-classique de la ville...
Le scaphandrier sur la façade est le symbole de l'immersion dans les profondeurs du subconscient qui attend le visiteur.
Devant la statue, montée sur une pile de pneus, en hommage à Jean-Louis Ernest Meissonier, peintre que Dali admirait, on remarque sur la façade du bâtiment une représentation de Dali et sa muse.
La façade est surmontée d'oeufs géants.
L'oeuf, pour Dali, symbolise la naissance et les oeufs au plat font référence aux souvenirs intra-utérins.
Ce qui est comestible est fondamental dans l'oeuvre de Dali.
Comme l'artiste le dit lui-même : "la beauté sera comestible ou ne sera pas"
... nous rentrons dans le Théâtre-musée, sans trop attendre.
"Je veux que mon musée soit quelque chose comme un bloc unique, un labyrinthe, un grand objet surréaliste. Ce sera un musée absolument théâtral. Les gens qui viendront le voir en sortiront avec la sensation d'avoir fait un rêve théâtral" (Salvador Dali)
Dès le début de la visite, nous avons une vue spectaculaire de l'orchestre et de la scène de l'ancien théâtre, avec les mannequins Art Deco qui souhaitent la bienvenue au visiteur de ce centre si suggestif.
Dans ce jardin à ciel ouvert, nous remarquons une imposante Cadillac, la sculpture "La Grande Esther" d'Ernst Fuchs, qui étire, avec ses chaînes, la colonne trajane de pneus, le buste en marbre de François Girardon et "l'esclave" de Michel-Ange "dalinisé", à côté de la barque qu'utilisait Gala à Portligat et d'un parapluie noir, qui forment, selon Dali, le monument surréaliste le plus grand du monde.
Dali nous invite à un rituel ou à un jeu, l'expérience de notre visite au musée.
Après avoir monté un plan incliné, nous arrivons sur la scène de l'ancien théâtre, couronné par la coupole géodésique.
Celle-ci est devenue l'emblème du musée, et, par extension, de Figueres.
Présidant la scène, l'énorme rideau de fond de Dali, réalisé pour le ballet "Labyrinthe".
On peut aussi admirer une immense huile photographique dans laquelle Gala, nue et de dos, se transforme en visage d'Abraham Lincoln.
Nous parcourons les différentes salles d'exposition, en commençant par celle du "Trésor".
Tapissée de velours rouge, petite mais coquette, conçue comme un coffre, y figurent certaines des oeuvres les plus importantes du musée et aussi les plus charismatiques pour l'artiste.
"Mannequin de Barcelone"
On peut voir la triple silhouette de la tête, avec les ombres suggestives et descriptives.
Le mannequin est constitué de différentes formes et éléments symboliques, comme l’œil, la demi-lune, le poisson au symbolisme sexuel et la jarretelle.
Les différentes salles nous proposent différents aspects de la production artistique de Dali.
L'oeuvre est immense, parfois difficilement accessible pour un non initié.
Dans une salle figure un portrait de Pablo Picasso au XXIème siècle, réalisé en 1947.
Sur une autre toile, Dali recourt à l'image d'un téléphone cassé pour exprimer le manque de communication et l'angoisse des pays européens face à l'avancée du nazisme.
Nous descendons dans la crypte, où se trouve la pierre tombale en pierre de Figueres et sur laquelle figure l'inscription "Salvador Dali i Domenech. Marquis de Dali de Pubol. 1904-1989", accompagnée par six caducées
Dans une autre salle, Dali rend hommage aux peintres hyperréalistes américains.
Nous pouvons contempler "Le portrait de Mae West utilisable comme appartement".
En montant quelques marches couronnées par un chameau , duquel pend la lentille de réduction dans laquelle nous voyons le visage de Mae West.
Cette lentille nous introduit dans la tri-dimensionnalité du visage, transformé en salle de séjour avec sofa-lèvres.
La circulation dans les étages nous permet d'avoir une autre vision du patio.
Le 2ème étage est consacré aux oeuvres d'Antoni Pitxot.
Ci-dessous "l'Allégorie de la mémoire"
Autre toile de Dali : "Galatée des sphères"
Le visage de Gala est composé par un décor discontinu, fragmenté, densément peuplé de sphères, qui dans l’axe de la toile acquièrent une vision et une perspective tridimensionnelles prodigieuses.
Dans la salle du Palais du Vent, nous contemplons un impressionnant plafond peint.
Dalí se représente lui-même à côté de Gala, dans une perspective forcée, de manière à créer le thème allégorique des différentes étapes de sa vie.
La chambre à coucher :
Poésie d'Amérique :
Dalí peint cette huile à Monterrey, en Californie, en 1943.
Le paysage est un mélange de la plaine de l’Ampourdan, du Cap de Creus et des grands déserts américains.
La peau de l’Afrique apparaît au fond, sur la tour du temps, avec l’horloge qui marque l’heure et les athlètes — joueurs de football américain — , sur fond de symbolisme vertical de la bouteille de Coca-Cola entre les deux et le téléphone noir, enkysté dans la bouteille, dont s’échappe une grande tache noire tombant sur une toile blanche que tiennent les athlètes.
Les oeuvres sont multiples, tous les espaces sont utilisés.
Durant cette matinée, nous en prenons plein les yeux, et Dali et son génie ne peuvent laisser indifférent.
Nous nous retrouvons à l'extérieur à une terrasse de café, commentant nos impressions.
Douceur du moment...je me désaltère avec une "clara", une bière au citron....délicieux.
Simple....le bonheur.
Le musée se prolonge dans la rue...
Après cet intermède culturel, nous partons pour la montagne de Verdera, dans le Parc Naturel du Cap de Creus.
Là se trouve un ancien monastère bénédictin, à 520 mètres au-dessus du niveau de la mer, le monastère de Sant Pere de Rodes.
Loin de Figueres et ses cohortes de touristes, nous profitons de ce cadre champêtre....
Nous pique-niquons....
...en compagnie de quelques vaches...
Avant d'arriver au monastère, nous traversons le village de Santa Creu de Rodes.
Le village et l'église sont situés sur un petit palier à 540m d'altitude.
Le temple fut construit au Xème siècle en réutilisant une ancienne tour de guet qui fut transformée en clocher.
A partir du XIIème siècle les maisons du village et les portails d'entrée commencèrent à être construits sur le cimetière qui entourait l'église paroissiale.
Par les portails passaient tous les chemins qui aboutissaient au monastère de Sant Pere.
Santa Creu de Rodes vécut son plus grand moment de prospérité aux XIIIè et XIVè siècles, quand certaines maisons furent agrandies et modifiées et quand des quartiers furent construits extra-muros.
Le village accueillait des foires et des marchés, avec des aubergistes, des tailleurs, des boulangers, des forgerons, des taverniers ou des notaires qui offraient leurs services à quiconque arrivait, notamment aux nombreux pèlerins qui se rendaient au monastère.
Le XVè siècle fut le début d'une période de décadence et d'abandon progressif du village.
L'église perdit sa condition de paroisse au XVIè siècle et devint l'ermitage de Santa Helena, qui continua le culte jusqu'à la fin du XIXè siècle.
Derrière l'église, en contrebas, nous apercevons Port de la Selva.
Sur la droite, à flanc de montagne, le monastère de Sant Pere de Rodes, et, au-dessus, le château de Verdera.
Celui-ci est juché au point le plus élevé de la Serra de Rodes, à 670 m d'altitude.
Cette vue imprenable sur le territoire et sa difficulté d'accès lui fournirent une grande valeur stratégique et militaire à l'époque médiévale.
Construit entre le IXè siècle et le début du Xè, le château, qui se trouvait sous la domination des comtes d'Empuries, joua un rôle majeur dans plusieurs guerres.
Entre les XIVè et XVè siècles, l'évolution des techniques de combat et l'apparition de l'artillerie lui fit perdre sa fonction militaire et, dès le XVIè siècle, il ne fut plus qu'un point de guet contre la piraterie.
Nous sortons du village par l'un des portails, pour nous diriger vers le monastère.
Du chemin nous apercevons l'édifice, magnifique et majestueux.
Devant l'entrée nous découvrons un "parking à chiens"
Jean-Jacques veut absolument le tester....rassurez-vous, il entrera bien avec nous dans le monastère.
Sant Pere de Rodes est un ancien monastère bénédictin fondé au IXè siècle.
Il devint entre le Xè et le XIVè l'abbaye la plus importante du comté d'Empuries, aussi bien en raison de la protection des comtes et de la noblesse que de son prestige en tant que centre de pèlerinage.
En 1798, après une longue période de décadence, la communauté bénédictine abandonna l'abbaye; ses oeuvres d'art furent alors spoliées et le monastère tomba en ruine.
Dans le cellier, les voûtes nous proposent une qualité architecturale remarquable.
L'élément le plus important du monastère est l'église qui, par son originalité, est une pièce exceptionnelle au sein du roman catalan.
Bâtie au début du XIè siècle, elle surprend par sa grande hauteur que lui apporte un système original de piliers et doubles colonnes et par la richesse ornementale de ses chapiteaux.
Dans la crypte, l'espace était relié au culte des reliques.
Dans le mur occidental, nous trouvons une colonne adossée en forme de palmier qui réussit à soutenir le plafond de l'espace ainsi que le poids de toutes les structures supérieures.
Le cloître inférieur date du XIè siècle.
L'espace possédait quatre galeries à portiques autour d'une cour trapézoïdale.
Au XIIè siècle, la splendeur et la prospérité du monastère rendirent ce cloître insuffisant et il fut décidé d'en bâtir un autre plus grand.
La topographie de l'endroit empêchait l'agrandissement de l'espace; c'est pourquoi il fut décidé d'enterrer le cloître pour en construire un nouveau à l'étage supérieur.
Le cloître supérieur peut être considéré comme le coeur du monastère bénédictin.
Il s'agissait d'un lieu pour lire, écrire et méditer, entre autres activités, mais il faisait surtout fonction de distributeur des salles qu'utilisaient les moines dans leur vie quotidienne.
Nous ne résistons pas à l'idée de recréer une ambiance monastique dans ce lieu si symbolique.
Sous la direction de frère Jean, nous nous recueillons en chantant quelques psaumes.
Vous l'aurez remarqué, frère Jean est un peu laxiste sur la tenue de ses congénères, en particulier pour la plus jeune none :-)
La tour avait une fonction défensive : elle n'avait pas de porte d'entrée au rez-de-chaussée et on y accédait à travers les ouvertures du 1er étage.
En haut de l'édifice, il reste les mâchicoulis qui soutenaient un balcon en bois d'où les moines et autres réfugiés pouvaient se défendre et observer sans danger quand le monastère était attaqué.
Tout comme la tour de défense, le clocher mesure 27 mètres de haut.
Au 3ème étage, nous pouvons observer la décoration caractéristique du style lombard présent dans la plupart des clochers catalans du XIIè siècle.
Du monastère, la vue sur la côte est superbe.
Nous descendons à Port de la Selva.
Quand nous arrivons dans ce village de pêcheurs, nous admirons la baie cerclée de maisons blanches.
Le petit port, charmant, aligne ses restaurants face à la mer, comme les bateaux le long de la jetée.
Marins à l’ancre et amoureux des paysages s’y côtoient. Il faut dire que la vue sur la mer est magnifique et que la longue plage blonde se prête aux grandes promenades.
Nous faisons une pause à la terrasse d'un café.
Nous écrivons une carte à nos amis Robert et Mado.
La sangria est bien désaltérante !
Encore une belle journée à découvrir la culture et le patrimoine local.
Pagaia 2017....c'est vraiment top !
A suivre....