Pagaia 2017 : VIIème symposium international de kayak de mer (2/2)
Pagaia : VIIème symposium international de kayak de mer (2/2)
Dimanche 9 avril 2017:
(les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet)
Aujourd'hui, 2ème journée du symposium.
Au programme : un atelier le matin de 10h00 à 13h00 et un autre atelier de 14h00 à 17h00.
Pour ma part, j'ai choisi "Résolution d'incidents" le matin et "Esquimautage pagaie groenlandaise" l'après-midi.
Après le traditionnel briefing de 8h45 à 9h30, nous nous retrouvons sur la plage du port de Llança.
Résolution d'incidents :
Nos instructeurs sont Nigel Dennis et Agnès Penisson.
Agnès Penisson a été formée à l’école Britannique (Sea Coach 3 et 5 Star), elle a une qualification française BE 1°.
Avec sa structure de formation et de guide en kayak de mer "Planète kayak", elle partage ses connaissances et ses rêves avec passion et patience.
Nigel Dennis a débuté le kayak de mer à l’âge de 23 ans et moins de 3 ans plus tard il complétait le premier tour d’Angleterre en compagnie de son pote Paul Caffyn.
Il a jusque là conduit des expéditions dans le monde entier, notamment autour du Cap Horn, le tour de l’Ile de Pâques et une expédition en Antarctique. Sa plus récente expédition autour de l’île de Géorgie du Sud à 800 miles au sud-est des îles Falkland dans l’Atlantique Sud.
Il forme les BCU 3 et 4.
Dennis possède sa propre ligne de bateaux, Nigel Dennis Kayaks, qui sont utilisés dans de dures expéditions à travers le monde. Il a également créé sa propre école, Anglesey Sea and Surf Centre à Holyhead au nord du Pays de Galles.
Nos instructeurs nous expliquent les différents systèmes de remorquage.
Le Contact Tow est un ligne de contact courte pour un sauvetage rapide d'un kayak de mer par un autre kayak de mer. Elle est réglable en longueur.
Elle permet de réaliser une ligne de remorquage rapide et très courte, l'accroche se faisant sous la ligne de vie du sauveteur et sur le kayak du naufragé.
Pour les mousquetons, il est préférable d'utiliser des mousquetons de couleur, qui s'oxydent moins vite.
Un rinçage à l'eau chaude permet de prolonger la durée de vie du mousqueton.
Nigel nous propose ensuite différentes situations :
Récupération d'un kayak dont le caisson avant est plein d'eau suite perte d'une trappe :
Un sauveteur récupère le kayakiste puis un autre sauveteur se saisit du kayak du naufragé et le positionne sur la tranche.
L'opération consiste à le vider tout doucement.
Un autre kayakiste peut stabiliser le sauveteur.
Une fois le kayak vidé, nous réalisons une récup classique, avec éventuellement un remorquage pour éloigner d'une zone dangereuse.
Réparation d'un kayak en mer :
Nigel répare un trou dans la coque avec une bande d'étanchéité utilisée par les plombiers.
Le kayak à réparer est positionné perpendiculairement à un radeau constitué.
Pour terminer la matinée, Nigel nous propose de résoudre la situation suivante :
Débarquement d'un groupe de kayakistes sur une côte rocheuse, les vagues s'échouent violemment sur les rochers :
L'objectif est de débarquer tout le groupe, sans blesser personne et sans abîmer les kayaks.
Nous débarquons tous sur une petite plage. A l'aide de petits bouts de bois et de cailloux, Nigel nous fournit une explication théorique sur le sable.
Puis il constitue plusieurs groupes de 3 ou 4 personnes pour un exercice pratique en mer.
Il positionne chaque groupe devant une zone rocheuse, et supervise en naviguant d'un groupe à l'autre.
J'en ai retenu les éléments suivants : (ils peuvent bien sûr être complétés, c'est la première fois que je faisais cet exercice, en compagnie de Line et JC)
Les kayaks (K1, K2, K3) arrivent en file indienne face à la côte (K1 devant K2 devant K3).
K2 accroche l'arrière de K1 avec son bout de remorquage.
K1 se met à l'eau, accroche l'avant de son bateau puis nage jusqu'au rocher.
K2 maintient une tension nécessaire pour éviter le kayak K1 de s'écraser sur la côte.
Une fois débarqué, K1 tire son bateau et le hisse sur le rocher. Pendant l'opération, K2 continue à maintenir la tension pour contrôler le kayak K1.
K2 largue son bout de remorquage.
K1 récupère le bout de K2, puis joint les 2 bouts et lance vers K2.
K3 accroche l'arrière de K2 et maintient la tension pour contrôler le kayak K2.
K2 se met à l'eau, accroche le bout lancé par K1 à l'avant de son kayak (K2), puis suit la ligne tendue, jusqu'au rocher.
K1 et K2 hisse le kayak K2 sur le rocher.
K3 se met à l'eau et suit le bout jusqu'au rocher.
Le kayak K3 est hissé sur le rocher.
La matinée se termine. Elle fut riche d'enseignements.
Nigel et Agnès sont très disponibles pour répondre à nos interrogations. Un grand merci à eux.
L'atelier prend fin et nous pique-niquons sur la plage du port de Llança.
Le port de Llança n’a pas toujours été le port aux douze pontons d’amarrage et aux dizaines de bateaux de plaisance, aux rues commerçantes, aux nombreuses maisons d’habitation et immeubles touristiques.
Pendant plusieurs siècles on ne trouvait dans ce petit port que des barques de pêche à rames et à voile latine, cirées sur le sable de la plage (qui à l’époque avait nul besoin d’être ratissé ), ainsi que des cabanes servant à abriter le matériel des pêcheurs.
Les Llançaens avaient leurs maisons d’habitation au village car le village, au Moyen age, était fortifié et pouvait ainsi les protéger des attaques extérieures, des pirates arrivant par la mer en particulier.
Il devait donc y avoir parfois des luttes, le nom de Llançà est d’ailleurs un nom d’armes: les lances. Dans certains textes anciens la vallée de Llançà est désignée par :” la vallée des lances”
Le 2ème atelier de la journée est consacré à l'esquimautage pagaie groenlandaise.
Devant le nombre important de participants (66), les instructeurs constituent plusieurs groupes (les complets débutants, ceux qui maîtrisent un peu, beaucoup, les types de rolls, etc...)
Avec Jean, je me retrouve dans le groupe d'apprentissage du Storm Roll.
Notre instructeur est Bernhard Hillejan.
Bernhard est membre du jury d’attribution des qualifications de la Salzwasser Union.
Il possède également les 5-Stars Sea de la BCU.
Il a participé à toutes les éditions du symposium catalan.
Bernhard propose de nous apprendre le Storm Roll en plusieurs paliers.
Tout commence par la mémorisation du mouvement au sol, sans pagaie dans un premier temps, puis au sol avec la pagaie.
Nous passons ensuite à un travail par groupe de 3, sur l'eau : un kayakiste (sans pagaie) et 2 assistants.
Un assistant tient le kayakiste sous le bras et gère le positionnement de la tête, l'autre assistant gère la rotation du kayak. Dans un premier temps, le kayakiste se laisse faire.
Le mouvement vu au sol est répété dans le kayak. Il est essentiel de rester groupé vers l'avant, la tête doit "embrasser" le genou, et sortir en dernier.
Le mouvement de hanche s'actionne à l'aide de la jambe qui est la plus proche de l'eau.
Les 3 acteurs permutent à tour de rôle. L'idée est de bien sentir le mouvement de rotation du corps et l'action sur le kayak.
L'étape suivante consiste à un travail en binôme, chacun dans son kayak.
Un pagaie est positionnée sur le pont des 2 kayaks.
Le but est de se retourner et de sortir entre les 2 kayaks, en s'aidant de la pagaie maintenue sur la coque par l'assistant.
Nous effectuons cet exercice à tour de rôle..
La quatrième étape est la réalisation du Storm Roll continue.
C'est le prolongement de l'étape précédente, mais réalisée seul, en positionnant la pagaie à plat sur l'eau, perpendiculaire à l'axe du kayak.
Le but est de se retourner, de venir saisir la pagaie à la surface de l'eau, de la positionner sur la coque renversée et d'effectuer le mouvement de rotation pour se redresser.
Enfin la dernière étape est la réalisation du Storm Roll, départ pagaie le long du kayak.
Dans les deux dernières étapes, un échec se traduit par un redressement en utilisant un autre roll (greenland roll pour ma part)
Si la réussite n'est pas au rendez-vous, Bernhard peut nous demander de retravailler l'étape précédente.
Les 3 heures d'ateliers passent très vite. L'eau n'est pas très chaude, le vent bien présent, et la fatigue commence à se faire sentir.
A la fin de l'atelier, Bernhard nous propose d'étudier d'autres rolls si nous le souhaitons.
En ce qui me concerne, j'arrête là l'exercice, la fatigue est trop grande.
Bernhard termine par un débrief. Il résume les clés fournies cet après-midi pour continuer à travailler seul l'apprentissage de ce roll difficile d'accès mais tellement efficace quand on le maîtrise.
Ainsi se termine cette 2ème journée de travail.
Nous rangeons nos kayaks dans le parc prévu à cet effet, sur la plage.
Nous nous changeons et nous nous retrouvons à la terrasse d'un café, pour échanger nos impressions de la journée, en fonction des ateliers vécus par chacun.
A 19h30, nous sommes invités au diner officiel du symposium.
Il se tient au gymnase de l'INS Llança.
260 convives dans une même soirée, c'est une belle organisation. Il faut souligner le fabuleux travail des bénévoles, qui, à chaque édition sont au top !
Au menu : une paella géante.
Convivialité et partage sont au rendez-vous. L'ambiance monte un peu quand des ballons de baudruche survolent l'assemblée.
C'est à qui en fera éclater le plus grand nombre.
Des pistolets à eau seront aussi utilisés !
Jean y participe activement, en compagnie de Ashley Williams, instructrice galloise.
Vers la fin du repas nous assistons à la préparation du "Rom cremat"
Cremat est le mot catalan pour dire "brulé"
Après avoir découvert le rhum aux Antilles au XVIIème siècle, les catalans se mirent à le produire.
Les rhums Baccardi ou Pujol sont des noms de familles catalanes.
Les pêcheurs de Cadaquès, Portlligat, Palamòs, L'Escala, travaillent la nuit et rentrent sur la plage à cinq heures du matin, juste avant l'aube.
Pour eux c'était le temps de prendre un petit verre "afterwork" mais aussi avec du café... Ils ont inventé le rom (rhum) cremat.
La recette est simple :
Dans une grande casserole métallique, mettre le rhum, des bâtons de cannelle, le zeste et le jus de citron, du sucre, des grains de café et une gousse de vanille.
Laisser reposer 2h.
Mettre à chauffer, lorsque le mélange "frissonne", flamber 15 à 20 minutes en versant à la louche lentement.
Attention ! Il est sucré et bon, mais c'est très alcoolisé... 30º environ !
Lundi 10 avril 2017:
Dernier jour du symposium.
Aujourd'hui je me suis inscrit dans l'atelier "Techniques de pagaies groenlandaises"
Après le briefing à 8h45, nous nous retrouvons sur la plage du port de Llança.
L'atelier dure de 10h00 à 17h00.
Nos instructeurs sont Marc Martin et Kai Urban.
Marc Martin est instructeur de la Fédération espagnole, instructeur de la BCU et instructeur EPP.
Il a réalisé plusieurs expéditions en commençant par le tour d’Ibiza en compagnie de Javier Knörr, puis des expéditions de plus ou moins grande envergure en Italie, France, Suède, côte basque, côte galicienne, iles Baléares, Allemagne, Groenland, Mexique et Nouvelle Zélande.
En 2008, il a participé aux jeux groenlandais qui se déroulent chaque année au Groenland et y a remporté 4 médailles d’or. Néanmoins sa plus grande récompense se traduit par la convivialité et l’accueil reçu de part le peuple groenlandais, apprenant leurs coutumes et leur vision de la vie.
Depuis 2011 il est le fondateur/directeur de Sea Kayaking Spain entreprise spécialisée dans la formation kayak de mer pour tous niveaux, la distribution des kayaks Nigel Dennis, des pagaies Lendal et la logistique d’expéditions sur la Costa Brava.
Kai Urban a grandi en Allemagne de l’Est et a commencé le kayak en 2002 dans de grands lacs au nord-est de l’Allemagne.
Il vit en Suisse et peut rejoindre différentes côtes d’Europe, comme la mer Baltique, la mer du Nord, la Méditerranée, mais également les grands lacs d’Allemagne ou de Suisse, pour naviguer.
Il a adopté la pagaie groenlandaise en 2008.
En 2009, il a commencé à assister les instructeurs et leaders de la SALZWASSER UNION, en participant à des formations et des sorties afin de devenir instructeur/examinateur.
Depuis 2011 il propose des formations et sorties pour les niveaux débutant et avancé.
Pour commencer la journée, Marc et Kai nous propose de travailler la gite.
Les premiers exercices se font au sol : posture assise, déhanchement en gardant le haut du corps droit.
La suite se déroule sur l'eau.
Entraînement à la gite, direction du kayak, circulaires, maniement du kayak dans un espace réduit.
Kai nous dit :"dès que vous attendez un membre du groupe, profitez pour vous entraîner à la gite, des 2 côtés. Il ne faut pas attendre sans s'entraîner !"
Lors de cet atelier, nous étudierons aussi les appels, les appels en débordé et leurs variantes, ainsi que la godille (sculing), qui permet de se déplacer latéralement.
Après quelques exercices devant la plage, nous partons en rase-cailloux sur la côte au nord de Llança.
Le but est de diriger son kayak avec précision, parmi les roches.
Martin et Kai nous donnent des conseils et s'investissent beaucoup dans notre accompagnement.
Nous pique-niquons dans une petite crique.
Avant de reprendre la mer, nos instructeurs font un débrief des techniques vues jusqu'alors.
Cet après-midi, nous travaillons les appels et la godille.
Nous rentrons vers 17h00, et remercions nos instructeurs et ont été très attentifs à nos progrès.
Nous avons quelques clés supplémentaires, il faudra continuer à travailler ces techniques.
Le symposium arrivant à son terme, il nous faut remettre les kayaks sur la remorque.
Nous rentrons à notre campement.
Quelques éléments de récupération feront office de table et de chaise.
Jean a trouvé de quoi afficher notre identité bretonne : un mat en bambou et le gwen ha du et le tour est joué.
Ce symbole attirera plusieurs personnes dans les jours à venir, et facilitera le partage :
bretons qui se retrouvent autour d'une bière,
catalans qui viennent parler d'identité ou d'indépendance.
Oui, la Bretagne est UNIQUE !
A 19h30, un briefing présente le programme du reste de la semaine.
Il sera constitué de rando sur la Costa Brava.
Ce symposium, qui a duré 3 jours, a été une totale réussite.
La météo a été clémente.
Les instructeurs étaient au top et très disponibles.
L'organisation était parfaite.
Nous avons récolté de nombreuses informations et des idées pour travailler nos séances à notre retour en Bretagne.
Au delà du kayak, ce furent de beaux moments de partage d'expériences, de convivialité, d'amitié.
Un grand merci aux organisateurs et aux instructeurs.