CK/Mer : les Glénan, de la carte postale à l'Histoire ...
CK/Mer : les Glénan, de la carte postale à l'Histoire ...
Samedi 11 mai 2024
Les photos non signées Pascal J Yanike kayak sont de Jean Drouglazet
Week-end du 11 et 12 mai, c'est la date que nous avions choisie, en novembre dernier, pour organiser notre randonnée kayak dans l'archipel des Glénan, pour CK/mer (www.ckmer.org).
Depuis des mois, la météo est souvent perturbée, et peu favorable aux randonnées sur plusieurs jours.
Et là, le miracle se produit : temps estival, belle luminosité, bonne visibilité, eau limpide, peu de vent ... le temps idéal pour du kayak en mode contemplatif !
Les volontaires pour participer à cette aventure l'avaient peut-être pressenti, ils ont été nombreux à vouloir participer à l'aventure (28 demandes d'inscription pour 10 places)
Comme ces dernières années, Jean et moi avions réservé deux chambres au gîte "Le Sextant", sur l'île Saint-Nicolas.
Parmi les heureux élus, nombreux sont ceux qui découvrent l'archipel pour la première fois en kayak de mer.
Marie, Yves, Yolande, René, Stéphane, Karine, Martine, Dominique, Pascal R, Florence, Antoine, David, Julien, Charles, Jean et moi (Pascal) nous retrouvons donc ce samedi matin au port de Beg-Meil.
Petit briefing avant le départ :
Ce matin, la plage est bien occupée, outre nos 16 kayaks, une trentaine de futurs nageurs sauveteurs de la SNSM, en stage de formation, se préparent à embarquer pour l'archipel.
A l'issue de celle-ci, ils seront répartis au niveau national pour la surveillance des plages cet été.
Nous embarquons vers 10h30, et longeons la côte et ses petites criques, en direction de la pointe de Beg-Meil et son sémaphore.
Après avoir averti les guetteurs sémaphoristes de notre projet, nous prenons le large, cap 205, en direction de l'île des Moutons.
La traversée s'effectue tranquillement, le temps est idéal pour pagayer, la mer est calme.
Nous arrivons devant l'île des Moutons.
Cette île, avec son phare, est magnifique.
Nous ne pouvons pas y poser le pied, le débarquement y est interdit entre le 1er avril et le 31 août, afin de préserver la nidification des oiseaux.
L'île est occupée par une colonie de sternes, des huitriers-pie, des gravelots ....et est surveillée par des gardiens.
Depuis quelques années, une colonie de phoques y a élu domicile.
La marée est basse, nous contournons par l'Est l'îlot Enez Ar Razed et son tapis vert à son sommet pour rejoindre le phare.
Les couleurs, de l'émeraude au bleu turquoise, les champs de laminaires, l'eau claire, la chaleur du soleil ... nous rentrons dans la carte postale !
En 1879 fut construit une tour carrée de 18 mètres flanquée d'une maison abritant les gardiens.
Elle fut occupée dès 1905 par la famille Quéméré et ses 4 enfants.
Souffrant de livraisons irrégulières du ravitailleur "La Marie-Jeanne", ils finissent par acquérir 3 vaches, des moutons, des poules, des oies et des canards.
Un jardin protégé de murs est aménagé pour produire des légumes et des fruits.
Deux canots, le "Moelez", puis le "Goéland", servent à capturer poissons et crustacés.
D'autres familles prendront le relais.
Le phare sera automatisé en 1983.
Il a une portée de 15 milles (environ 27 km) et est télécontrôlé depuis Concarneau
Nous faisons maintenant cap au 167 pour rejoindre le vieux phare du Huic.
Nous rencontrons quelques belles méduses.
Ce feu a été construit en 1935 et mis en service le 1er juillet 1936 à la demande de la Marine Nationale.
Sa hauteur était de 11,60 m.
Il est aujourd'hui occupé par les cormorans.
Nous prenons la direction de la plage nord de l'île Saint-Nicolas.
Nous croisons le Basile, dont Charles nous raconte l'histoire.
Nous débarquons sur la plage pour pique-niquer.
A notre arrivée, nous avons largement de la place pour nous installer.
Peu à peu, des groupes de personnes, sacs sur le dos, arrivent. Les navettes amenant les touristes ont accosté.
Mes amis sont surpris de cet "envahissement", quel contraste avec l'île des Moutons ! Nous sommes sur un week-end de mai, au mois d'août ce sera pire. Depuis l'année dernière, la mairie de Fouesnant Les Glénan opère des comptages pour évaluer l'impact du tourisme de masse sur ces îlots fragiles.
Nous reprenons la mer pour une visite des îles de l'archipel.
Nous passons devant le tombolo entre les îles de Saint-Nicolas et de Bananec.
De nombreux bateaux sont au mouillage.
La tour de Fort Cigogne semble plantée dans le sable.
Nous traversons "la Chambre" vers l'île Cigogne.
Les travaux de restauration du fort sont en cours d'achèvement.
Pourquoi Cigogne ?
Dans le livre -Les Glénan, histoire d’un archipel- éditions Palantines, Louis-Pierre Le Maître donne une explication : avant la construction du Fort, le rocher qui dominait la Chambre (la principale anse intérieure de l’archipel) devait avoir sept coins, (seiz Kogn), d’où cigogne.
Construit au XVIIIe siècle, le fort fut édifié pour interdire le mouillage de la chambre à Saint-Nicolas aux corsaires anglais qui guettaient, à l’abri des îles, l’arrivée des navires au large et avaient ensuite toutes les facilités pour les arraisonner.
Les travaux, débutés en 1755, ne furent jamais achevés.
Les canons ne peuvent envoyer leurs boulets à plus de quelques centaines de mètres, or c'est précisément la distance qui sépare Cigogne de Penfret ou les corsaires anglais continuent de couler des jours heureux. Ils ont d'ailleurs conclu un accord avec la garnison de Cigogne : "vous laissez nous tranquilles et nous ne tirent pas sur les bateaux qui approvisionnent vous..."
Bien à l'abri les anglais vont faire de Penfret la plus riche des îles de l'archipel. Ils y construisent deux cales et creusent un troisième puits.
La garnison de Cigogne compta une centaine d'hommes, mais les conditions de vie particulièrement difficiles et l'insalubrité conduisirent quelques années plus tard à désaffecter le fort.
La tourelle qui surmonte le fort a, quant à elle, été construite au début du XXe siècle pour servir d’amer. Un point de repère encore bien utile aux nombreux plaisanciers qui font escale dans l’archipel.
Déclassé en 1891, le fort accueillit un observatoire météorologique de 1891 à 1940.
De 1940 à 1944, il fut occupé par l’armée allemande et régulièrement utilisé comme logement saisonnier par des pêcheurs de 1891 à 1974.
Depuis 1957, il est loué par le centre nautique des Glénan.
Fort Cigogne a été classé au titre des Monuments historiques en 2013. Il est propriété de l’État, qui l’a affecté au Conservatoire du littoral en 2015.
Le fort fait également partie des quatorze monuments bretons retenus dans le cadre de la Mission 2018 « patrimoine en péril » confiée à Stéphane Bern.
Les travaux de restauration ont commencé en automne 2018 et devaient se terminer en 2022. La crise Covid a occasionné du retard.
Du 1er avril au 31 août, l'île Cigogne est interdite au débarquement, pour cause de nidification des oiseaux.
Nous mettons le cap vers le sud-ouest et l'île du Loch, plus grande île de l'archipel, propriété de Vincent Bolloré.
Nous en faisons le tour. Au sud de l'île, les chaos rocheux dominent, nous constatons que la mer ici peut être dangereuse.
Nous faisons une pause au nord-est de l'île.
Celle-ci comprend une ancienne ferme et un étang d'eau saumâtre; le baron Fortuné Halna du Fretay tenta l'exploitation d'une pisciculture dans cet étang. Il modernisa également les techniques de brûlage du goémon en faisant construire un véritable four d'usine en 1874. La cheminée de cette ancienne installation de fabrication de soude, destinée à l'industrie pharmaceutique, sert maintenant d'amer.
Nous poursuivons vers l'ouest pour faire le tour de l'île de Drenec, base de l'école de voile.
Nous terminons notre navigation en débarquant sur la cale du l'ancien canot de sauvetage de l'île Saint-Nicolas.
Nous transportons les kayaks jusqu'au gîte le Sextant, où nous sommes très bien accueillis par Manette.
Après notre installation, nous nous retrouvons aux Viviers des Glénan, chez Castric, autour d'un verre.
En soirée, au Sextant, nous entamons notre "apéro des régions" façon CK/mer.
Sous le soleil, face à la mer ...
Les navettes sont reparties, l'île s'est vidée de ses touristes, le ronronnement des moteurs a disparu ... l'archipel nous livre ses secrets et son ambiance si particulière.
Pendant quelques heures, nous sommes des privilégiés, et nous apprécions.
Après le repas, nous marchons vers la pointe ouest de l'île, pour assister au coucher du soleil.
Instant magique, reposant ....
Nous faisons le tour de l'île, afin d'apprécier cette ambiance si différente, loin de toute agitation.
Ainsi se termine cette première journée de découverte de l'archipel.
Nous avons été gâté par la météo, certains ont retrouvé les images des cartes postales, les Glénan tels qu'on les rêve ....
Nous avons parcouru 14,5 milles nautiques (trace ci-dessous)
Dimanche 12 mai 2024
Changement d'atmosphère ce matin, les plus matinaux auront vu le soleil se lever, mais celui-ci va vite disparaître derrière les nuages.
La brume s'installe et la visibilité est réduite, le vent d'ouest forcit.
C'est moins bien que la prévision de certains modèles météo.
Heureusement, le temps de déjeuner, de ramasser tout le matériel et de ramener les kayak vers la cale, le soleil revient.
Après un briefing exposant le programme de la journée, nous embarquons vers 9h30.
Nous naviguons vers l'est de l'archipel, Fort Cigogne, puis l'ile de Guiautec.
Celle-ci servait de pâturage aux fermiers de Penfret.
Elle est dotée d'une tour servant d'amer.
Nous passons la pointe sud de l'île de Penfret.
Nous apercevons l'ancien sémaphore, construit entre 1860 et 1866. Il fut désarmé en 1963 par la Marine nationale, et loué à l'école de voile des Glénans.
Nous débarquons sur la plage à l'est de l'île.
Nous nous dirigeons vers le phare, en suivant le sentier côtier, et en admirant les beaux points de vue.
L'île est occupée par l'école de voile.
Nous passons devant l'ancienne maison des gardiens du phare...
... sous le regard curieux des huitriers-pie.
Nous voici au pied du phare de Penfret.
Il a été mis en service en 1837 et mesure 24,25 mètres de haut. Il jouxte une maison abritant les locaux de service et les logements, le tout se trouvant dans l'enceinte d'un ancien fort.
Il a une portée de 21 milles (environ 39 km). Il est automatisé depuis 1993 et télécontrôlé depuis Concarneau.
Nous descendons vers l'entrée du fort, fermée par une grille.
Nous apercevons des bénévoles qui travaillent à la restauration du fort.
L’association « Plein Phare sur Penfret » a été créée en avril 2012 pour entretenir et valoriser le site, en cohérence avec Les Phares et Balises.
Didier, le secrétaire de l'association a la gentillesse de nous ouvrir la grille et nous propose de visiter le fort.
Celui-ci va devenir un musée et sera bientôt accessible au public.
Didier nous retrace l'histoire du phare : l'allumage en 1838, la construction du corps de garde crénelé, inauguré en 1860.
Il nous raconte la construction au Second Empire, la période de l'occupation allemande pendant la dernière guerre, l'automatisation dans les années 1980 et le projet de réhabilitation.
L'association a déjà réalisé un énorme travail de restauration.
On peut voir les hamacs dans lesquels dormaient les soldats.
Nous poursuivons notre tour de l'île, en admirant la beauté des paysages alentours ...
Au passage, nous observons les "cunégondes", célèbres toilettes des Glénan.
Le principe de la «cunégonde» est simple. On creuse un trou dans la pelouse dunaire, on met la cabane au dessus comme toilettes. Après quelque temps, on la déplace, on bouche le trou et la nature fait son oeuvre.
Le top, c'est la Cunégonde avec une fenêtre permettant d'admirer le paysage tout en satisfaisant ses besoins naturels.
Nous rejoignons nos kayaks, nous pique-niquons, puis nous embarquons.
A la pointe de Pen A Men, au nord de l'île, nous constatons que le vent d'ouest s'est renforcé, force 4 beaufort, la mer se creuse.
Nous décidons d'entamer la traversée vers Beg-Meil.
Nous arrivons à la cale de Beg-Meil vers 16h15, après 3 heures de pagayage, et une navigation sportive mais sans problème.
Nous avons parcouru 12,53 milles nautiques (trace ci-dessous)
Nous ramassons notre matériel et faisons le bilan du week-end.
Une partie du groupe reprend la route du retour, l'autre partie se retrouve au sémaphore, où Stéphane nous réserve un superbe accueil.
C'est toujours intéressant de mieux se connaître entre marins.
La terrasse du sémaphore nous offre une superbe vue sur la pointe de Beg-Meil.
Voilà donc ce week-end CK/mer dans l'archipel des Glénan qui se termine.
Nous avons eu beaucoup de chance avec la météo, une nouvelle dépression arrive dans la nuit.
Beaucoup ont découvert la beauté de cet archipel fragile.
Les visites du fort de Penfret et du sémaphore ont été très appréciées. Un grand MERCI à Didier et Stéphane pour leur accueil.
Merci à tous les participants pour leur bonne humeur, leur solidarité, leur partage, leur convivialité ... tout ceci dans l'esprit CK/mer.
Un superbe week-end que l'on n'oubliera pas de sitôt.
Vive CK/mer !
Vive le kayak !