Brigneau - Doëlan : les rias du Sud-Finistère (ou presque ...)
Brigneau - Doëlan : les rias du Sud-Finistère (ou presque ...)
Samedi 20 août 2022
Lionel nous a proposé aujourd'hui une balade en kayak le long des falaises et des rias du Sud-Finistère.
Le départ est fixé au port de Brigneau à 9h00.
La météo est clémente : beau temps annoncé, peu de vent, mer calme.
La marée est haute à 11h37, coefficient 36.
Une barrière a été récemment installée, limitant l'accès à la dernière cale rive droite.
Un riverain nous informe que la barrière restera ouverte tout le week-end car les badges ne fonctionnent pas bien.
Etant assez nombreux, nous décidons de ne pas gêner l'accès avec nos véhicules, et nous embarquons à la première cale, rive droite au fond d'une petite anse.
Nous sommes 9 à avoir répondu à l'invitation de Lionel : Cécile, Lisa, Jacqueline, Christine, Alain, Xavier, Paul, Jean-Yves, et le rédacteur de ces lignes (Pascal).
Nous rejoignons la rivière de Brigneau et sortons du port, encore quasi désert, même si les bateaux au mouillage reflètent l'activité estivale.
Autrefois, Brigneau était un port de pêche qui accueillait de nombreux sardiniers.
En sortant du port, nous apercevons les murs encore présents de l’ancienne conserverie Malachappe, construite en 1906.
La pêche réceptionnée au pied de la digue était remontée grâce à un mécanisme sur rail.
Après les années 1950, l'activité déclina progressivement jusqu'à l'arrêt de la production dans les années 1960.
Nous mettons cap à l'Est et laissons l'anse de Poulguen à bâbord.
Cette anse était autrefois un port.
Les plateaux rocheux de Beg Gereur, Poull Krenn ou Baz Couz peuvent générer des déferlantes.
Nous devons être vigilants en naviguant sur ces zones.
Nous arrivons dans la rivière de Merrien.
Le port de Merrien se cache bien à l'abri.
On y élève et vend des huitres et des coquillages.
Nous poursuivons notre navigation le long de la rivière.
L'atmosphère y est paisible.
Nous arrivons bientôt à la naissance de la ria de Merrien, au lieu-dit Moulin l'Abbé.
Les rias et abers bretons sont un peu comme des fjords norvégiens en modèle réduit.
Nous faisons demi-tour.
La navigation est très tranquille, les lumières sont superbes.
Certains arbres ont déjà pris des teintes d'automne, mais nous ne sommes pas en automne; ceci résulte des effets de la sécheresse de cet été.
Nous sortons de la rivière de Merrien et passons la pointe de Beg Laon, continuant notre navigation vers l'Est.
Après la pointe de Kersecol, nous voici dans l'anse de Porz Bali.
Avant d'arriver devant l'anse de Porz Teg, nous naviguons sur de la mousse blanche, nous donnant parfois l'impression de faire du kayak sur la neige.
Notre balade se poursuit le long de ces falaises sauvages ...
... puis nous arrivons devant le port de Doëlan.
Sur la rive gauche de l'anse, une maison rose surplombe la falaise. Elle sert d'amer aux marins.
On aperçoit aussi l’ancien site de la conserverie Capitaine Cook.
En arrivant à Doëlan par la mer, nous apercevons 2 phares Doëlan Amont, rouge et blanc, et Aval, vert et blanc (c'est marqué dessus !)
Etant donné la configuration du littoral, pour naviguer en sécurité, en venant du large, de jour comme de nuit, ces deux phares doivent être alignés pour entrer dans ce petit port.
En kayak, nous n'avons pas cette contrainte, mais nous sommes vigilants aux déferlantes qui peuvent se lever soudainement aux abords du port.
Ces feux ont été construits en 1861.
En raison de l'augmentation du nombre de maisons construites autour du port, ils ont été surélevés en 1934.
A ce jour, le feu aval a une hauteur de 15 m.
Sa portée est de 13 milles pour le secteur blanc et de 10 milles pour le secteur vert.
Le feu amont a une portée de 9 milles et une hauteur de 14 m.
Le capitaine du port, qui embarque sur sa vedette, nous informe que les kayaks sont interdits dans le port.
Il doit gérer l'arrivée d'un gros voilier à l'entrée de celui-ci, et n'a pas le temps d'entendre nos arguments ... il y a un règlement, il faut le respecter.
Un monsieur présent sur la cale nous interpelle "les kayaks, vous n'avez rien à faire ici, vous sortez du port !"
Nous apprendrons plus tard que c'est un élu .... quel accueil !
Nous essayons de discuter, mais c'est impossible, il ne nous écoute pas et son seul discours est "les kayaks sont interdits dans le port, c'est le règlement, il faut le respecter, il n'y a rien d'autre à dire !"
Donc : AMIS KAYAKISTES, VOUS N'ETES PAS LES BIENVENUS A DOELAN !
Précisons un peu les choses :
Sur le site de la mairie de Clohars-Carnoët, on peut retrouver le règlement du port de Doëlan :
Dans ce texte, il est effectivement précisé :
"La pratique du plan d'eau pour la planche à voile, kite surf , hydro-ULM, paddle, kayak, VNM
est interdite dans le port : seul l'accès aux cale s Cayenne et Larzul est autorisé."
C'est sur ce point de règlement que s'appuient nos interlocuteurs (capitaine de port et élu).
Nous comprenons cette position, mais nous regrettons qu'ils ne veuillent pas entendre nos arguments.
Pour eux, le terme "kayak" représente tout ce qui ressemble à un kayak (sit-on-top, kayak gonflable, kayak de mer, etc ...)
Nos kayaks sont immatriculés aux Affaires Maritimes.
Si je reprends un extrait du règlement du port :
"L' usage du port est affecté :
aux navires de pêches professionnels 1
Aux navires de commerce 1
Aux navires de plaisance de passage1"
"1 Pour ces navires les autorisations seront examinées au cas par cas"
Mon kayak est un "navire de plaisance", et je peux le prouver :
Mon immatriculation est bien visible sur la coque de mon kayak (des 2 côtés)
Si je suis donc le règlement du port, autorisant les navires de plaisance de passage, je peux avoir accès au port de Doëlan.
Le petit renvoi (1) précise que les autorisations sont examinées au cas par cas. Sur l'événement que nous avons vécu, il n'y a pas eu d'examen ni de discussion possible, c'est bien dommage.
D'autre part, le règlement du port précise bien les différents termes employés :
Voilà donc un épisode bien regrettable.
Nous comprenons les mesures prises face au tourisme de masse.
Nous aimerions aussi un peu plus de bienveillance et de compréhension, ainsi qu'une certaine cohérence.
Par le passé, j'ai rapporté ici la beauté et le charme de ce petit port. Cela a donné à certains l'envie d'aller le visiter.
Si la situation perdure, ce sera désormais interdit à une catégorie de marins : les kayakistes de mer, et mon discours sera : "évitez Doëlan, vous y serez "persona non grata" !
C'est la première fois que je me fais "jeter" d'un port en Bretagne.
Cela m'était déjà arrivé en Méditerranée.
Même à Saint-Tropez, le capitaine du port avait été compréhensif (voir articles sur ce blog)
Etant indésirables, nous quittons le port, donc, pour moi, pas de photos de cette belle ria et pas d'anecdotes à raconter.
Nous poursuivons notre navigation vers l'Ouest, avec une vue différente de cette côte.
Nous faisons une pause dans l'anse de Porz Bali pour pique-niquer.
Nous quittons Porz Bali et mettons cap à l'Ouest, en direction de l'embouchure de l'Aven et du Bélon.
Aujourd'hui les conditions sont clémentes, nous pouvons longer cette côte sauvage.
Peu après l'anse de Porniguel, certains éprouvent le besoin de faire demi-tour.
L'ensemble du groupe revient vers Brigneau.
Nous nous engageons dans la rivière de Brigneau.
Navigation paisible et bucolique.
Au fond de la rivière, des anciens bateaux en bois terminent leur vie dans un cimetière marin émouvant.
Les marins pensant que leurs bateaux ont une âme ne les détruisent pas, mais les laissent mourir dans l’eau.
Nous faisons demi-tour et revenons vers le port pour débarquer.
Lisa et Paul nous montrent leurs progrès sur l'esquimautage.
Bravo à eux !
Sur la journée, nous avons parcouru un peu plus de 12,10 milles nautiques (j'ai démarré mon traceur à la sortie du port de Brigneau)
Ainsi se termine cette superbe journée ensoleillée.
Quel plaisir de naviguer dans de si beaux endroits, en si bonne compagnie.
Merci à tous les participants pour le partage et la convivialité.
Merci Lionel d'avoir eu cette idée de balade.
Le seul bémol fut l'impossibilité de naviguer dans la ria de Doëlan.
Vive le kayak !