CK/mer : autour de Belle-Ile (1/2)
CK/mer : autour de Belle-Ile (1/2)
Samedi 4 juin 2022
Cette année, Jérôme a proposé dans le calendrier CK/mer (www.ckmer.org) une randonnée kayak autour de Belle-Ile.
Les places étant limitées, nous sommes 9 chanceux à avoir répondu à l'invitation :
Stéphanie, Soizic, David, Didier, Georges, Hervé, Eric, Stéphane et votre serviteur (Pascal).
Nous nous retrouvons donc ce samedi matin sur le parking, près de la plage du Fort Neuf à Quiberon.
Le Fort Neuf est une ancienne batterie, construite au 18ème siècle, qui a été restructurée en fort, entre 1883 et 1886, avec des casemates, permettant le stockage de munitions.
En 1902, l'endroit était désarmé et remplacé par la batterie de Port-Haliguen.
Le Fort Neuf n'a rien de neuf, puisqu'il est actuellement principalement réduit à son mur d'enceinte en maçonnerie. Les emplacements de pièces et les casemates de l'ouvrage des années 1880 sont détruits, à l'exception de la façade du casernement.
Aujourd'hui, la pleine mer est à 8h32 (coef 58) et 20h44 (coef 55)
La basse mer est à 14h55.
Après avoir chargé nos kayaks, nous embarquons vers 10h15.
Soizic fait quelques étirements : quelle souplesse au niveau du bassin !
Jérôme, notre ambassadeur de la marque Sterling, a l'occasion de tester sa nouvelle monture sur une longue distance.
Nous longeons la côte jusqu'à la pointe du Conguel...
... puis nous entamons la traversée vers Belle-Ile.
Dans la chaussée de la Teignouse, nous laissons à bâbord les balises du Tonneau et des Trois Pierres.
Nous faisons une petite pause devant la cardinale Basse Cariou.
...et nous poursuivons notre traversée vers la balise du Gareau, devant le port de Sauzon.
Depuis la pointe du Conguel, nous avons parcouru 7,8 milles nautiques jusqu'à la balise du Gareau.
Nous entrons dans le port de Sauzon. C'est le deuxième port de pêche et de plaisance de l'île.
Sauzon (ou Saozon) est la forme pluriel de sauz (en dialecte vannetais) ou de saoz (en dialecte cornouaillais) qui signifie saxon.
Dès la fin du IIIe siècle, les Saxons lançaient chaque année, sur l'océan, des milliers de barques montées par des pirates avides de pillage. Pendant plus de deux siècles et demi, l'aber de Sauzon, d'un accès facile et un abri très sûr, leur servit de base opérationnelle.
De ce havre, ils se jetaient sur de nombreux sites de la côte continentale. Chargés de butin, ils revenaient au port où ils ont séjourné assez longtemps, puisqu'ils ont laissé au bourg le nom que l'on connaît encore actuellement.
Le village, où s'alignent des façades aux teintes pastel, est construit sur la rive gauche de la ria.
La rive droite est préservée, ce qui donne à l'ensemble un charme certain.
Anciennement nommé Port-Philippe en raison de l'obtention de crédits par le roi Louis-Philippe, Sauzon était au 19ème siècle un port de pêche à la sardine.
Plus de cent chaloupes alimentaient les conserveries voisines.
A la fin du 20ème siècle, l'avant-port en eau profonde fut construit avec une digue en enrochement.
Comme la plupart des édifices religieux de l’île, l’église Saint Nicolas a été édifiée en 1894 dans un style néo-romane en granit et tuffeau de Loire, le schiste local ne permettant pas une mise en œuvre régulière.
Saint Nicolas, saint patron de la Russie, des marins, et des petits enfants a sa statue.
L'église abrite une superbe maquette suspendue de bateau, un ex-voto, offrande des marins.
Nous quittons le port, contournons la pointe du Cardinal, et débarquons sur la plage de Port Puce pour pique-niquer.
Port Puce, pourquoi ce nom ? Non pas à cause de la taille de la crique ni de parasites qu'on pourrait y attraper, c'est juste une déformation de "puns", le puits, en breton.
Après le repas, nous quittons Port Puce et longeons la côte nord-ouest de l'île.
Nous voici à Port de Deuborh. Nous sommes devant les plages de Bordery et de Deuborh.
Ces deux criques ne sont séparées que de 75 m et sont surnommées "les jumelles" (Deuborh signifie d'ailleurs "Deux criques", ou "deux ports").
Bordery fait partie des plus belles criques de Belle-Ile.
Ces deux plages, anciennement fortifiées, possèdent encore une partie de leurs murs de défense.
Ilots, arches, chaos rocheux, c'est notre terrain de jeu.
Le soleil est au rendez-vous, quel plaisir de naviguer ici !
La crique de Porh Penhoet
En breton, Penhoet signifie : le bout du bois, mais ce serait en fait Prinhued : le port des vers.
A la pointe nord-ouest de l'île, se situe la plage des Poulains, sur un cordon mi-sable, mi-petits galets qui forment un tombolo.
La pointe des Poulains s'appelait jadis "Beg Er Pollen", ce qui signifie "pointe des rochers isolés".
On retrouve aussi l'appellation "Peulvenn" (en breton "pieux de pierre" malencontreusement francisés en "Poulains")
Le phare de l’île des Poulains (1868), petit phare automatisé d’une portée de 23 miles dont l'autonomie est assurée par des panneaux solaires. Il balise les îlots de la pointe nord-ouest de l'île, zone particulièrement dangereuse pour la navigation.
A proximité se situe un fortin militaire et l’ancienne propriété de Sarah Bernhardt, acquis par la tragédienne en 1895 et qu'elle occupa jusqu'en 1922.
Le site a été acquis en 2000 par le Conservatoire du Littoral.
Nous naviguons le long de cette côte, constituée d'une roche friable faite de schistes et micaschistes mêlée de quartz, qui subit une érosion intense de la mer.
Nous jouons dans les passes, quelle chance de pouvoir naviguer dans cet endroit aujourd'hui.
Très souvent, le vent et la houle empêchent une telle navigation si près de ces falaises.
Sous la surface de l'eau, nous apercevons de nombreuses méduses.
Du fait d’exigences écologiques strictes, c’est à Belle-île que se trouve le plus grand gisement de pouces-pieds.
Ce crustacé, aussi appelé anatife, croît en grappes et vit fixé aux rochers battus par les vagues, dans la zone de balancement des marées, principalement sur cette côte sauvage, au pied des falaises de schiste.
Son aspect est surprenant mais son goût rappelle celui du crabe ou de la crevette.
Nous laissons la plage de Ster-Vraz à bâbord, et rentrons dans l'anse de Ster Ouen.
Nous sommes ici dans un mini fjord au milieu d'une nature sauvage.
Des filins aériens permettent aux bateaux de s'amarrer perpendiculairement à l'axe de l'anse.
Le fond de plage, lui, a conservé sa muraille du 18ème destinée à protéger l'île des incursions ennemies.
Nous contournons la pointe de Penmarc'h et la pointe du Vieux Château (Koh Kastell).
Nous sommes ici dans une réserve ornithologique, occupée par l'une des plus importantes colonies de goélands bruns de France, mêlés aux goélands argentés.
Mouettes tridactyles, cormorans huppés, fulmars boréals, craves à bec rouge, pigeons bisets trouvent aussi refuge ici.
Nous visitons une grotte aux parois multicolores.
Notre navigation vers le sud nous fait traverser les roches de Roc'h Toul
Nous voici devant deux cavernes communicantes traversant de part en part une pointe rocheuse.
C'est la grotte de l’Apothicairerie, ainsi nommée à cause des nombreux nids d’oiseaux, alignés régulièrement le long de ses parois, faisant penser à des pots de produits pharmaceutiques, comme ceux qui ornaient jadis les échoppes des apothicaires.
Dans les années 70, cette grotte était considérée comme une très importante curiosité touristique. Les vacanciers descendaient dans la grotte de l’Apothicairerie par un escalier taillé dans le roc aux marches glissantes.
Suite à des accidents, pour certains mortels, l'accès de la grotte est aujourd'hui fermé au public.
Nous poursuivons notre périple le long des falaises de cette côte aride, dont l'austérité est accentuée par la puissance du chaos rocheux battu par la mer, l’or des lichens éclairant leurs arêtes et leurs parois.
Nous arrivons devant l'île aux Goélands, et rentrons dans le port de Kerledan.
C'est l'endroit choisi par Jérôme pour notre bivouac.
Nous débarquons sur cette petite plage de galets et installons notre campement.
Endroit paradisiaque, avec le sentiment d'être seuls au monde dans cette nature préservée, un vrai bonheur partagé entre ami(e)s, ainsi se termine notre première journée à Belle-Ile.
Après cette belle navigation de 17,70 milles nautiques, nous tombons doucement dans les bras de Morphée.
A suivre ...