Ile de Groix : de Kerroch à la pointe des Chats
Ile de Groix : de Kerroch à la pointe des Chats
Mardi 31 juillet 2018
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Lors du symposium de CK/Mer en avril, Olivier m'avait sollicité pour lui faire découvrir la randonnée en kayak de mer.
Jean-Jacques m'avait fait la même demande, il a récemment fait l'acquisition d'un kayak de mer.
J'ai donc proposé une randonnée tranquille autour de l'île de Groix.
Nous nous retrouvons ce mardi matin au port de Kerroch, sur la commune de Ploemeur.
Jean Drou et Jean Dro nous accompagnent aussi dans cette aventure.
La météo annonce un léger vent d'ouest forcissant l'après-midi.
La pleine mer est à 7h26 à Port Tudy, coef 77.
Le courant de 0,4 noeud porte à l'ouest.
Après avoir chargé nos kayaks, nous partons vers 10h30.
Nous devons être vigilants face aux barres de vagues qui se forment sur les hauts fonds à la sortie du port.
La traversée est ensuite plus tranquille jusqu'à Groix.
Nous ressentons peu l'effet du courant, compensé par le vent.
J'avais prévu de passer la pointe de Pen Men et de contourner l'île par le sud.
Je sais que l'on aura un peu de houle, et je ne connais pas le niveau technique de Jean-Jacques et Olivier.
Nous décidons collectivement de confirmer cette option.
Nous mettons le cap vers le sémaphore, pour longer la côte vers Pen Men.
Cette première étape va nous mener jusqu'à port Saint Nicolas, sur une distance de 7,5 milles.
Nous arrivons devant le sémaphore...
...et passons la pointe de Pen Men
Nous longeons les hautes falaises, qui nous paraissent noires dans le contre-jour.
La houle est bien présente, comme prévue, et le groupe gère sans problème.
Nous arrivons à Port Saint Nicolas.
L'approche nous fait traverser un champ de mousse.
Nous prenons le bras de mer à bâbord, aux allures de fjord.
L'endroit est magnifique, mélange de falaises verdoyantes, d'algues et de bateaux colorés.
Nous débarquons pour pique-niquer.
Il est 12h35, nous avons mis environ 2 heures depuis Kerroch.
Après le pique-nique, nous étudions notre navigation, et décidons de découvrir les environs.
Chaque vallon à Groix à une source. Nous passons devant la fontaine "Pro Hor"
Un profond vallon surplombe une ria à double entrée. Ce petit port offre un abri naturel face à l'océan.
Au début du XXème siècle, Il n'y avait pas d'aménagements suffisants à Port Tudy et bien des thoniers venaient se mettre au sec dans des conditions difficiles à Port Saint Nicolas ou à Locmaria.
En 1911, Groix était le premier port d'armement à la pêche de la côte atlantique (491 unités dont 269 dundees thoniers, 2196 hommes d'équipage) !
Notre balade nous amène jusqu'à la 2ème plage, au fond de la ria.
Un rocher surmonté d'une croix nous accueille.
Le rocher au milieu de la ria s'appelle le rocher de la Vache.
L'anse est aujourd'hui utilisée pour la petite pêche.
Nous revenons à nos bateaux et reprenons la mer.
La 2ème étape nous mène de Port Saint Nicolas à Locmaria, sur une distance de 3,9 milles.
Nous continuons notre parcours côtier, le long des falaises multicolores.
Nous passons devant le "Trou de l'Enfer", une faille dans la roche.
La houle et la marée nous empêchent d'y rentrer.
Quelques légendes évoquent ce lieu, habité par un monstre.
"le fantôme du "Trou de l'Enfer" hantait habituellement la côte sauvage. C'était lui l'instigateur des naufrages, car des rescapés ont avoué avoir obéi, pour gouverner leur barque, à une voix mystérieuse ressemblant à s'y méprendre à celle du maître de leur chaloupe, et que, en suivant les indications et les directives de cette voix, ils avaient vu leur bateau talonner et se briser sur les cailloux qui enserrent l'île de Groix dans un bourrelet de récifs.
- -Par les nuits de tempête, le monstre grognait, braillait et ses cris affreux déferlaient en grondement de tonnerre. Les vents en furie emportaient au galop, dans chaque demeure, ces hurlements ... " d'après Joseph Stéphant- Beudeff " Histoires de marins de Groix "
Avant d'arriver à Locmaria, nous longeons quelques petites plages qui pourraient être des lieux de bivouac.
Après avoir passé la pointe des Saisies, nous nous dirigeons vers l'anse de Locmaria.
Nous devons être vigilants, des vagues peuvent déferler soudainement, sans prévenir.
Jean-Jacques se fait prendre par l'une d'entre elles.
L'arrière de son kayak monte avec la force de la vague. Celle-ci allant plus vite que le kayak, celui-ci se retourne.
Jean-Jacques déjupe.
Je m'approche pour le remorquer hors de la zone de danger.
Nous effectuons ensuite la manoeuvre lui permettant de remonter dans son kayak.
Excellent exercice qui lui permet de réviser les fondamentaux de la sécurité en kayak de mer.
Nous accostons sur la plage de Locmaria.
Nous partons pour une balade sur le sentier côtier.
Nous passons devant les restes d'une tombe viking.
Ici, en 1906, deux archéologues ont mis au jour sous un tumulus une étrange sépulture, une grande barque scandinave datant du Xe siècle dans laquelle un chef Viking fut incinéré puis inhumé.
Nous observons aussi la richesse de la géologie de l'île.
La formation de l’île de Groix est tout à fait particulière et sa géologie très différente de celle du plateau armoricain.
Cela explique la présence de minéraux rares comme le grenat et le glaucophane, qui font de l’île un lieu privilégié de recherches et de visites.
L’île préserve des roches qui témoignent de l’existence d’un ancien océan présent avant environ 480 millions d’années.
Puis de sa disparition dans une zone de subduction, c’est-à-dire que la plaque tectonique océanique a plongé sous la plaque continentale armoricaine, il y a environ 360 millions d’années.
Ces roches sont absentes sur le continent. Leur connaissance repose donc avant tout sur l’examen des falaises de la côte groisillonne.
Enfouie dans le sable, une ancre de marine, vestige d'un naufrage.
C'est l'ancre du cargo Sanaga, qui s'est échoué ici le 28 mars 1971.
Le navire se rendait de Plymouth à Saint-Nazaire.
Il n'a jamais été renfloué, l'épave s'est dégradée au fil des ans.
Nous reprenons la mer vers 17h15, le vent a forci.
Nous sortons de l'anse de Locmaria par l'un des chenaux, puis nous mettons le cap sur la pointe des Chats.
Le secteur est assez dangereux, de nombreuses vagues déferlent.
Par sécurité, nous contournons la pointe par le large.
Après un parcours de 1,8 milles, nous accostons vers 17h50 sur une plage de galets, peu après le phare.
Avant de débarquer, je croise un père et son fils sur un kayak gonflable. Ils se dirigent vers le phare. Je leur déconseille de poursuivre, le secteur est trop dangereux. Ils font demi-tour.
Jean Do a eu la bonne idée d'apporter une bouteille de rhum, du citron vert et du sucre.
Il nous propose un mojito. Jean-Jacques fournit les cacahuètes.
Une plate renversée sur la plage nous sert de table.
Alors que nous profitons de ce superbe moment dans cet endroit splendide, un couple, équipé de gilets, de paniers et d'avirons, nous rejoint sur la plage.
Ce sont les propriétaires de la plate qui vont poser leurs lignes.
Alors que nous pensions subir une remontrance, la conversation s'engage cordialement.
Monsieur adore le rhum, mais décline notre invitation car il part en mer...un homme sage !
A notre grande surprise, il nous propose de planter nos tentes un peu plus haut, sur un terrain lui appartenant et sur lequel il loge en caravane.
Nous le remercions chaleureusement.
Ce soir, ce sera bivouac de luxe sur Groix !
Nous prenons notre repas sur la plage...
Je marche vers le terrain qui doit accueillir nos tentes, j'y trouve une caravane et son auvent.
J'appelle...personne.
Je suppose que nos hôtes, revenus de leur sortie en mer, sont partis se promener.
Jean Drou, Olivier, Jean Do et moi plantons nos tentes.
Jean-Jacques a choisi la formule tarp sur la plage.
Le soleil se couche.
Ainsi se termine cette première journée sur Groix.
Demain, nous commencerons par une surprise....
A suivre....