Le Loch - Ile de Sein - Ar Men : un parfum de bout du monde 1/3
Le Loch - Ile de Sein - Ar Men
Vendredi 6 juillet 2018
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Au club de Plouhinec, cela fait plusieurs années que nous envisageons d'aller toucher le mythique phare d'Ar Men ("l'enfer des enfers").
Plusieurs dates avaient déjà été cochées dans les plannings les années précédentes, mais, à chaque fois, la météo nous a empêché de faire la navigation en sécurité.
Pour atteindre ce lieu très symbolique, il faut en effet réunir plusieurs conditions :
une bonne météo avec peu de vent, peu de houle et un faible coefficient de marée (inférieur à 50) qui permet de mieux gérer les courants de la chaussée de Sein.
L'idée est aussi de permettre à un maximum de kayakistes du club de participer à cette randonnée, à condition de pouvoir pagayer pendant au moins 5 heures.
Sur une idée d'Annick, nous nous retrouvons donc ce vendredi 6 juillet, en début d'après-midi, dans le petit port du Loch, sur la commune de Primelin.
Sont présents Annick, Yvette, Marie-Jo, Anne, Jeff, Jean et votre serviteur (Pascal).
Après avoir chargé nos kayaks, nous embarquons vers 14h30.
Nous naviguerons sur une distance de 11,1 milles pour atteindre l'île de Sein.
En quittant l'anse du Loch, nous passons au pied d'une maison bien singulière.
Cette maison qui surplombe la Pointe des Moutons, a une histoire extraordinaire.
Un plogoffiste, amoureux de ce coin, décida un jour d'y construire une petite maison pour ses loisirs, et bien sûr pour la vue.
Avec son scooter, il monta ses pierres, son ciment et tout le nécessaire pour cette construction.
Il y passa six années, ses loisirs, ses dimanches.
Des amis, qui venaient l'aider, lui disaient "tu verras qu'un jour on te la fera démolir"
Le temps se passait et la petite maison était toujours là et ne semblait gêner personne.
Jusqu'au jour où un maire plus curieux et à cheval sur les règlements, le mit en demeure de démolir l'édicule construit sans permis, et, de plus, sur le littoral.
Faisant fi de ses injonctions, il se retrouva donc au tribunal, condamné à démolir et à remettre les lieux en état, avec menace de pénalités de retard.
Oui mais...
La Marine Nationale fit opposition de ce jugement, invoquant le fait que cette construction lui servait d'amer pour ses exercices de tirs en mer.
L'affaire se régla de suite, et il obtint l'autorisation de la réhausser d'un étage.
Nous poursuivons notre navigation en longeant cette côte sauvage du sud cap Sizun.
Après avoir passé les ports-abri de Pors Loubous et de Feunteun Aod, nous faisons une halte au port de Bestrée.
Nous repartons en longeant la côte, et, au niveau de la pointe de Koummoudog, nous mettons le cap sur l'île de Sein, que nous apercevons parfaitement, sous un ciel gris.
Vu les faibles coefficients de marée, et avec un vent faible, la traversée se fera tranquillement.
A tribord nous admirons la balise de la Plate et le phare de la Vieille.
Plus au nord nous apercevons le phare de Thévennec.
Nous approchons des roches Ar Moedog, et glissons sur les champs d'algues aux abords de l'île de Sein.
Nous rentrons dans le port et nous dirigeons vers la cale au sud de l'île.
Nous accostons, la marée est encore basse.
Faut-il laisser les kayaks sur l'eau en les reliant les uns aux autres, la marée facilitera l'approche vers la cale, ou bien faut-il réaliser un portage ?
Les avis sont partagés.
Finalement, nous optons pour le portage.
Les kayaks sont posés en haut de la cale.
Les rues sont quasi désertes, la plupart des habitants et estivants se sont rassemblés dans les bars pour regarder le quart de finale de coupe du monde de football, opposant la France à l'Uruguay.
Un gamin dont les joues sont parées des couleurs nationales nous donnera le résultat : 2-0 pour la France.
Guénolé nous a rejoint, il est parti de la baie des Trépassés.
Nous allons boire un verre chez Bruno, l'ambiance est conviviale.
La visibilité est excellente, nous apercevons la baie des Trépassés, la pointe du Raz, le phare de la Vieille.
Nous installons notre campement sur Le Len...
...et prenons notre repas autour d'une table improvisée avec deux palettes.
Le soleil est revenu, l'atmosphère est calme et reposante.
Nous marchons vers le phare pour assister au coucher du soleil.
Le spectacle est magnifique....merci la nature !
Nous passons devant le phare et admirons la chaussée, qui sera notre terrain de jeu demain.
Après le phare, nous passons devant la chapelle Saint-Corentin.
A l’intérieur se trouvait autrefois une statue de Saint-Corentin, en habit épiscopal. Les marins avaient pris l’habitude de tourner la crosse dans la direction vers laquelle ils souhaitaient que le vent les pousse.
Si par malheur, Saint Corentin refusait d'entendre leur supplique, les marins tournaient la statue contre le mur et l'habillait de goémon, de sa mitre blanche à ses gants gris.
Le Saint était ainsi puni en grande honte et le restait jusqu'à ce qu'il obtempère et donne enfin le vent demandé.
Il était alors nettoyé, remis la face vers les fidèles et était l'objet d'offrandes et de prières particulières.
La ruine du XVe siècle a été reconstruite il y a quarante ans, exauçant un vœu des hommes partis pour la France libre.
Nous poursuivons notre balade vers l'amer de Plas Ar Skoul.
En breton Plas désigne la place, le lieu ; et, Skoul a deux sens possibles: soit celui de Milan, l'oiseau de proie ; ou de Skoul - croquemitaine.
Merci à mon ami Jean qui m'instruit sur la toponymie des noms bretons.
La nuit tombe, le phare s'allume, nous rentrons au campement.
Ainsi se termine cette première journée.
Une fois de plus, Sein nous enchante.
Demain nous accomplirons une rando souvent désirée : la traversée de la chaussée de Sein vers le phare d'Ar Men.
A suivre...