Le Loch - Ile de Sein - Ar Men : un parfum de bout du monde 2/3
Le Loch - Ile de Sein - Ar Men
Samedi 7 juillet 2018
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Ile de Sein :
Le soleil est déjà levé quand je me réveille.
Certains dorment encore....
...et le campement est bien calme.
Au port, tout est tranquille, la lumière du soleil éclaire les façades colorées.
Après le petit-déjeuner, en nous promenant le long des quais, nous rentrons dans l'Abri du Marin, qui abrite le musée de l'île.
Plusieurs formules nous sont proposées : visite du musée, visite du musée et du phare, visite du phare.
Avec Jean et Jeff, nous prenons l'option musée et phare. Pour Jeff, monter en haut du phare sera une première.
Le musée nous permet de découvrir l'histoire et le quotidien des Sénans.
A travers des objets et cartes postales anciennes, il nous fait voyager dans le temps, nous contant notamment le départ des hommes à l'appel du 18 juin 1940 du Général de Gaule lors de la Seconde Guerre mondiale.
Nous découvrons aussi l'histoire du sauvetage en mer dans les parages de l'île.
La personne du musée nous ayant informé que la visite du phare commençait à 11h00, nous interrompons notre visite pour nous diriger vers le phare.
Nous prenons quelques photos en nous amusant de la perspective.
A 11h07 nous attendons au pied du phare, celui-ci étant toujours fermé.
Une dame arrive à vélo, et sans nous dire bonjour, nous "engueule" avec véhémence, nous reprochant de ne pas avoir respecté le panneau qui indique l'interdiction d'accès au phare.
Je lui fait remarquer que sur le même panneau, il est précisé "en dehors des visites du phare".
Nous ajoutons qu'il est plus de 11h00, et que, donc, nous n'avons pas bravé l'interdiction.
Elle renchérit en nous demandant qui nous a donné l'information d'une visite à 11h00, et précise que la visite commence à 11h30.
Nous lui communiquons notre source, et, immédiatement, elle appelle le musée pour réprimander la personne qui nous avait donné un horaire erroné.
Vexée, elle rentre dans le phare et ferme la porte à clé.
Nous sommes très surpris d'un tel accueil. Ce n'est pas du tout l'idée que nous avions de l'accueil sénan, que nous avons maintes fois vérifié, et apprécié.
Tout ceci est bien dommage; un bonjour, un sourire, une explication calme et sereine aurait sûrement donné un autre visage d'une île qui a besoin du tourisme. Déçus, nous sommes cependant convaincus que nous venons de vivre une exception.
Pour marquer notre désapprobation, Jef frappe à la porte pour expliquer que finalement, dans ces conditions, nous renonçons à la visite. Malheureusement, la porte restera close.
Nous faisons demi-tour et retournons vers le bourg.
Revenus à la cale, nous assistons à l'arrivée de Patrice, Jean-Yves et Paul, qui sont partis ce matin de la baie des Trépassés.
Nous rencontrons aussi Gervais et un ami qui font l'aller-retour à Sein dans la journée.
Nous échangeons avec Pierre Portais, directeur du centre nautique.
Pierre réalise ici un remarquable travail pour la promotion de l'île. Il propose régulièrement des sorties en kayak autour de l'île et dans la chaussée de Sein.
Il connaît bien "son jardin" et nous donne des conseils pour la navigation.
Nous prenons le repas ensemble à notre campement.
Vers 15h00, nous embarquons pour notre objectif du jour : le phare d'Ar Men.
Il se situe à environ 8 milles de l'île de Sein.
L'aller-retour nous fera parcourir 16,5 milles.
Nous sommes 14 kayakistes au départ.
Tristan, Bernard et François, de Quimperlé, nous ont rejoint pour cette aventure.
Soleil, peu de vent, peu de houle, petit coefficient de marée, toutes les conditions sont réunies pour réussir cette balade.
Dans le port, nous rencontrons Jean-Jacques, un copain du club de Plouhinec, sur un zodiac.
Nous sortons par le nord, laissons le phare à bâbord...
Détruite en 1944 par les soldats allemands, puis reconstruite dans les années 1950, cette tour de béton, mesure 51 mètres de hauteur.
Ses signaux blancs, visibles à 29 milles nautiques à la ronde aident les marins dans la piégeuse traversée de la Chaussée de Sein, qui est constituée par un chapelet d’îlots et de récifs qui s’étend sur 25 kilomètres.
...et entamons la navigation dans la chaussée de Sein.
Trois groupes se forment, en fonction des niveaux des uns et des autres.
Nous restons en liaison VHF.
Mon groupe navigue dans le nord de la chaussée, le courant nous ramènera vers le phare.
Même si le coefficient est faible aujourd'hui (46), nous avons l'impression par endroits que les rochers bougent vite vers nous !
Au sud, nous apercevons la tourelle de An Namouic.
Plusieurs fois, nous croisons des phoques...
Bientôt Ar Men devient plus net.
Le premier groupe, déjà sur place, est monté sur la plateforme, ils nous ont vus arriver de loin.
Belle émotion que de voir ce phare, dont j'ai tant entendu parlé.
Il est là, "en vrai", devant moi.
Je commence par en faire le tour.
Ar-Men ("la pierre" en breton) a été surnommé par ses gardiens, l'Enfer des enfers.
Ce phare haut de 33,50 m a été construit entre 1867 et 1881 sur un rocher du même nom qui n'émerge qu'au plus bas des grandes marées.
Une construction difficile et longue vu l'emplacement. Le feu est mis en route officiellement le 30 août 1881.
Par la suite, la base de la tour est renforcée pour alourdir l'édifice et lui permettre de supporter les tempêtes.
Ce phare a été gardé jusqu'en 1990, date de la dernière relève.
Aujourd'hui ce phare n'est visité qu'une fois par an pour l'entretien. Les agents se faisant hélitreuillés par hélicoptère.
Il est inscrit depuis le 31 décembre 2015 aux monuments historiques.
Il y a un peu de houle, et l'accès à la plate-forme nécessite de quitter le kayak, nager dans le courant et accéder aux barreaux qui permettent de monter.
Les copains restant dans les kayaks gèrent les bateaux de ceux qui montent sur le phare (le premier groupe avait amarré les kayaks au phare, la houle et les vagues maltraitent ceux-ci)
Ma santé étant encore fragile, je suis pris entre deux sentiments :
me jeter à l'eau et rejoindre les copains, avec le risque de laisser beaucoup d'énergie, et le doute sur ma capacité à rentrer par mes propres moyens, et peut-être payer la note dans les jours à venir
ou bien rester dans mon kayak, à admirer et à profiter de ce moment unique, mais en gardant une petite frustration quand même.
Je choisis la sécurité, en me disant que j'aurais encore l'occasion de revenir ici et d'en profiter pleinement.
Vers 18h15, nous repartons pour Sein, 15 minutes avant l'étale de basse mer.
Jean-Yves propose une navigation par le sud de la chaussée.
Nous passons cette fois-ci à proximité de An Namouic.
Nous croisons des phoques et des dauphins.
Nous traversons des champs d'algues, Sein approche.
La balise de Yann ar Gall
Je retrouve le phare de Goulenez sous une belle lumière...
Je débarque à la cale vers 20h30.
La majorité d'entre nous nous retrouvons à notre campement pour le dîner.
Certains ont préféré aller boire une bière avant.
Nous refaisons le film de la journée, et prenons conscience du moment exceptionnel que nous avons vécu.
A suivre ...