Tourduf en kayak de mer : de Molène à l'anse de Dinan (4/9)
Tro Pen Ar Bed en kayak de mer : de Molène à l'anse de Dinan.
Samedi 23 juillet:
Quatrième étape de notre Tour du Finistère en kayak de mer.
Après une nuit sous la tente au camping de Molène, nous nous réveillons dans une atmosphère calme...et sèche !
Devant la cale Charcot, le soleil perce la couverture nuageuse.
Un petit invité s'invite près de nos tentes.
Jean profite de la matinée pour faire le ravitaillement.
Jef et moi nous penchons sur la navigation du jour.
Comment prévoir le parcours en utilisant au maximum les courants de marée ?
L'atlas des courants est notre bible quotidienne, outil indispensable dans les zones où nous naviguons.
Carte marine, rapporteur carré, smartphone pour consulter la météo et les horaires de marée nous sont aussi d'une grande utilité pour construire le meilleur parcours, qui nous permettra de naviguer efficacement en limitant nos efforts.
Le programme du jour : une navigation entre Molène et l'anse de Dinan, sur un parcours d'environ 26 milles.
Cette préparation est parfois une "prise de tête", car les choix effectués en début de parcours peuvent amener quelques heures plus tard à une impasse, avec des courants contre.
Nous arrêtons donc le schéma suivant (théorique) :
PM = 8h03 coef 91
Départ : 12h00 PM+4 Cap 115
Quéménes ouest PM+5 (13h00) Cap 90
Beniguet Nord PM+6 (14h00) Cap 115
Pointe Saint Mathieu PM-5 (15h20) Cap 130
Tas de Pois 17h50
Anse Penhir 18h20
Plage Kersiguenou (anse Dinan) 19h30
Je reporte ces informations sur ma plaquette afin de les avoir à portée de main en navigation.
Deux kayakistes arrivent sur la cale Charcot, ce sont Didier Breton (une connaissance de Jef) et son ami Bernard.
Ils sont partis du Conquet ce matin.
Bernard découvre Molène pour la première fois, Didier lui sert de guide.
Nous mangeons ensemble.
Nous embarquons à 12h23 (Aïe ! 23 minutes de retard sur notre plan de route)
Didier et Bernard nous accompagnent.
Le temps est superbe, l'archipel nous offre ses plus beaux atours.
Nous naviguons vers l'île de Quéménes.
Plutôt de de passer par l'ouest comme nous l'avions prévu, Didier et Jeff nous proposent de passer entre Quéménes et Lédénez Quéménes.
Ce sont eux les locaux aujourd'hui, nous validons leur choix.
Nous longeons l'île de Quéménes par le nord.
Quémènès est le seul îlot de l'archipel de Molène à être habité, mais depuis peu seulement... En effet, depuis 2007, un couple de jeunes s'y est installé, invité par la Région à mener à bien un projet de ferme insulaire sur l'île.
David et Soizic Cuisnier ont signé un bail de 9 ans avec le Conservatoire du Littoral (propriétaire) pour exploiter l'île.
Leur objectif : développer une exploitation agricole en développant le maraîchage biologique et aménager des chambres d'hôtes autonomes en énergie.
Nous arrivons dans le passage entre Quéménes et Lédénez Quéménes.
Malheureusement, il n'y a pas d'eau !
Didier débarque pour constater la distance d'un éventuel portage.
Ce sera trop long avec nos bateaux chargés.
Nous faisons demi-tour, et contournons Quéménes par le nord-ouest.
Avec Jef et Jean, nous longeons Quéménes par le sud pour atteindre le nord de l'île de Béniguet.
Didier et Bernard filent directement vers le sud de Béniguet.
Nous apercevons la plage de l'île de Litiri, et le Cromic devant l'île de Morgol.
Du nord de Béniguet, nous traversons le chenal vers le Conquet en remontant en direction de la pointe Saint-Mathieu.
La mer est calme, nous sommes à l'étal.
Bientôt, nous réalisons que nous n'avançons plus, le courant s'est inversé, et nous l'avons maintenant à contre.
L'inclinaison de la balise de danger isolé des Renards nous confirme notre sentiment.
Nous n'avons pas encore atteint la pointe de Saint-Mathieu, nous payons maintenant le retard pris au départ, ainsi que notre tentative manquée de passer entre Quéménes et Lédénez Quéménes.
Nous faisons un bac pour aller chercher le contre-courant près de la côte.
Sur la plage de Porz Liogan, nous apercevons Didier et Bernard, qui ont débarqué.
En allant chercher le sud de Béniguet, Didier s'est rattrapé de son erreur initiale et a été meilleur que nous sur la navigation vers le Conquet.
Ayant pris du retard, nous avons fait l'erreur de ne pas revoir notre plan initial...à méditer pour les prochaines navigations.
Nous passons la pointe de Penzer et longeons la côte jusqu'à la pointe de Saint-Mathieu.
Sur cette pointe, dans un espace restreint, nous apercevons le phare, l'abbaye, le sémaphore et le Mémorial national des marins "morts pour la France".
Le phare : Haut de 37 m (58m au-dessus du niveau de la mer), le phare actuel est édifié en 1835 pour cause de délabrement de la tour de l’abbaye.
Construit en granit de l’Aber Ildut, il signale la route à suivre pour entrer dans le goulet de Brest.
Son feu à 1 éclat blanc toutes les 15 secondes atteint une portée de 29 milles (55 km environ).
L’abbaye : L’abbaye, de construction romane et gothique, daterait du XIème siècle.
Jusqu’à la Révolution française, des moines bénédictins y vivent en communauté et assurent un rôle de surveillance du littoral par l’entretien d’un feu en haut d’une tour, « ancêtre » du phare actuel.
L’abbaye est placée sous la protection de l’apôtre évangéliste, Saint-Mathieu, dont une partie du crâne aurait été remise aux moines. En 1791, les quatre derniers moines doivent quitter l’abbaye, devenue bien national.
Le sémaphore :
Construit en 1906, au bout de la pointe pour bénéficier d'une vue globale sur le goulet de Brest et le chenal du Four, le sémaphore actuel fait 39 mètres de haut et possède des logements de guetteurs.
Le Mémorial national des marins "morts pour la France": C’est en 1927, à l’initiative de l’Amiral Guépratte, député du Finistère, que le monument national a été érigé.
Haute de 17 m, cette stèle sculptée par René Quillivic, représente une femme en deuil face à l'océan.
En 2005, le fortin datant du XIXème siècle est restauré afin de devenir un cénotaphe, demeure du souvenir pour tous les marins d'Etat, de commerce et de pêche disparus au cours des conflits et morts pour la France.
Nous naviguons vers les roches des Rospects, avant de mettre le cap vers les Tas de Pois.
La mer est calme en ce début de soirée.
Quel plaisir de naviguer dans de si beaux paysages !
Nous entamons la grande ligne droite vers la pointe de Pen-Hir et les Tas de Pois.
Nous croisons un sous-marin nucléaire, escorté par des bateaux militaires.
A cette distance de la côte, nous avons une vue imprenable sur l'entrée du goulet de Brest.
A gauche, le phare du Petit Minou, à droite, la pointe de Cornouaille.
Nous arrivons bientôt en vue de la pointe du Toulinguet et du rocher du Lion.
Jean fait un sprint pour être le premier aux Tas de Pois, le pari était d'y arriver avant 19h00.
Nous passons à 19h10 !
Nous arrivons aux Tas de Pois, le site est grandiose !
Nous rentrons dans le royaume du minéral avec d’impressionnantes falaises rocheuses cisaillées par l’érosion, dominant la mer d’Iroise à 70 mètres de haut.
Il est temps de penser à notre lieu de bivouac.
La plage de Pen-Hir est trop bruyante à notre goût, une sono crache de la musique, l'endroit est animé.
Nous cherchons le calme et la tranquillité.
Nous repérons une petite plage bien exposée au pied d'une falaise, le seul accès est par la mer.
En s'approchant, nous constatons qu'elle est trop abrupte, et le risque de shore-break dans les galets est important.
Après quelques hésitations, nous décidons de continuer jusqu'au fond de l'anse de Dinan, vers la plage de Kersiguenou.
Ce supplément de trajet nous coûte une heure de navigation supplémentaire...et nous avons hâte d'arriver !
Jef teste sa voile, mais le vent est insuffisant.
Nous accostons vers 21h00...enfin...après 8h30 de navigation non stop !
Dans un dernier effort, nous transportons, dans du sable mou, nos lourds kayaks en haut de la plage.
Nous montons notre campement en haut de la plage
Après le repas, nous préparons la navigation de demain, à la lumière de nos frontales, sous le tipi de Jef.
Puis nous allons dormir, enfin, après une journée encore très riche, qui nous a vu vivre une superbe navigation dans des sites exceptionnellement beaux !
A suivre ...