Tourduf en kayak de mer : de Locquirec à Sieck (1/9)
Tro Pen Ar Bed en kayak de mer : de Locquirec à Sieck.
Mercredi 20 juillet:
C'est le jour J, date du départ du Tour du Finistère en kayak de mer, en passant par les îles, de Locquirec au Pouldu.
Le projet a été imaginé il y a quelques mois par Jean-François Delcamp (www.randokayak.com).
Nous avons effectué deux week-end de randos (voir articles précédents) avec nos amis nazairiens (Martine, Chrtistian et Hervé), qui nous ont durement entraînés, un grand merci à eux.
Jean-François a imaginé le parcours en 9 étapes, et 3 jours de repos.
De nombreuses zones de navigations présentant des courants de marée, sur chaque étape, l'idée est d'utiliser les jusants pour descendre du Nord vers le Sud, ce qui implique des navigations continues, de 6 à 8 heures de kayak par jour.
Les participants devaient être adhérents de CK/mer ou de RKM56.
Nous sommes 3 à partir pour cette aventure : Jean-François, Jean et votre serviteur (Pascal).
Nous nous retrouvons sur la plage de Locquirec, au fond du port.
En arrivant ici, nous n'avions pas imaginé que le mercredi est jour de marché à Locquirec en cette saison.
Heureusement que nous avions prévu un départ matinal, ce qui nous permettra de décharger les voitures in-extremis, et de les garer, avant que la zone ne soit bloquée.
Nous amenons du matériel (tente, couchage, vêtements, popote, nourriture, eau, etc...) pour une autonomie de 10 jours, ce qui représente environ 50 kg de charge chacun.
Pour ma part, j'ai suivi une version trop "autonome" qui m'a entrainé une surcharge tout au long du parcours.
Heureusement, Jeff a eu la bonne idée d'embarquer son chariot, qui nous sera fort utile à chaque étape, puisque nous arrivons chaque jour à destination avec une marée basse.
Les kayaks chargés, nous partons vers 8h50, pour une navigation de 18,08 milles, durant 6h30.
Nous contournons la digue et passons devant le parc du Grand Hôtel des Bains.
Une tour crénelée borde la mer.
Cet établissement fut construit à la fin du 19ème siècle et servit de décor au célèbre film "L'Hôtel de la Plage".
Le temps est gris.
Le vent forcira un peu au cours de notre navigation.
Nous passons la pointe de Locquirec, la pointe du Corbeau, et Beg An Fry après une heure de pagaie.
...puis la pointe de Primel, qui marque l'entrée dans la baie de Morlaix, vers 11h15.
Nous traversons la baie de Morlaix en direct, cap 278, vers Roscoff, et croisons de rares voiliers.
En arrivant devant l'île de Batz, nous passons entre les îlots Ti Saozon et Enez Pigued, accueillis par une haie de cormorans...
Nous nous dirigeons vers l'estacade qui sert d'embarquement pour l'île de Batz.
Deux phoques jouent à cache-cache avec nos kayaks.
Nous faisons une halte à la tourelle-balise de An Uslenn...
...puis nous passons au nord de l'île Verte et mettons le cap à l'ouest.
Nous traversons une zone de rochers dont les formes laissent libre cours à notre imagination.
Jef cherche un rocher en forme de Gremlins, qu'il avait repéré lors d'une précédente navigation, mais sa recherche s'avère infructueuse.
Après une navigation agréable dans ce dédale de rochers, nous atteignons l'ile de Sieck vers 15h25.
Nous entrons dans le vieux port de Sieck.
Nous avons ici la sensation très agréable de "bout du monde".
L'ile de Sieck est une ile privée dont seulement le périmètre est autorisé à la visite.
Elle fut pendant longtemps l'un des rares ports de la Manche à pratiquer la pêche à la sardine.
L'île abrita même une conserverie, qui, inutilisée en 1914, servit de camp d'internement à l'armée française pour "parquer" les soldats allemands, autrichiens et hongrois.
Nous débarquons et commençons à nous installer.
J'ai trouvé une nouvelle utilisation des pagaies groenlandaises : 3 pagaies en trépied permettent de suspendre une poche à eau.
Sur la plage, un reste de gouvernail...
L'endroit est magnifique...Quelques promeneurs, venus du continent à marée basse, profitent des derniers instants de balade.
Ici, il faut être vigilant, et revenir sur le continent 2 h 30 avant la marée haute. Au risque de rester six heures de plus sur l'île.
Une jeune maman, accompagnée de ses deux jeunes enfants, a oublié cette règle, et se trouve prisonnière de l'île jusqu'à ... 22h30.
Nous leur donnons un peu de notre nourriture.
Pas facile pour nous des les transporter dans nos kayaks.
La solution ne tardera pas à arriver, par la mer.
Jef a proposé à Jean-Marc Janvier et Josée Conan, qui habitent dans la région, de nous rejoindre pour la soirée.
Jean-Marc et Josée arrivent sur l'île avec leur K2 Belouga.
Nous leur proposons de transporter la jeune femme et ses enfants sur le continent.
Jean-Marc accepte, car la météo est bonne.
Dans le cas contraire, la solution aurait été l'attente...ou les pompiers.
Jean accompagne Jean-Marc pour cette opération qui permettra à nos imprudents de rentrer plus tôt.
Après cet intermède non prévu, nous prenons le repas en commun.
Jean-Marc a pêché un lieu jaune, il nous le prépare "façon traiteur en mode bivouac" !
Sa sauce chauffée sur le réchaud à alcool est excellente !
Ce mets succulent est accompagné de pommes de terre.
Josée est une artiste qui travaille selon la technique japonaise du gyotaku qui signifie "empreinte de poisson".
Elle colore le poisson frais, prend son empreinte et termine avec ses pinceaux pour créer une aquarelle.
Elle nous raconte son dernier projet, réalisé en juin en Islande, à Reykjavik et Gründarfjordur : aller dans un port, rencontrer les pêcheurs, peindre les poissons et partager.
Josée est une passionnée, c'est un bonheur de l'entendre, et ce projet islandais m'a rappelé un récent voyage que j'ai effectué dans ce superbe pays.
Cette soirée fut très conviviale...
Le soleil descend sur l'horizon, nous offrant des lumières sublimes...
Jean-Marc et Josée rejoignent le continent, et nous montons nos tentes.
Nous entamons une balade autour de l'île avant de nous coucher.
Les maisons abandonnées dessinent des ombres dans le ciel.
A la pointe ouest de l'île, un ancien corps de garde, constitué d'une petite maison, d'un magasin à poudre, d'un magasin à matériel et d'une guérite d'observation, imaginé par Vauban après 1680, n'est plus que ruines.
La copropriétaire de l'île a obtenu l'autorisation de le restaurer à l'identique.
La nature est ici bien belle, et plus sauvage sur la côte nord.
Le soleil couchant nous offre un magnifique tableau.
La lune prend le relai pour assurer le spectacle.
Dans ce lieu magnifique et si calme, nous rentrons nous coucher dans nos tentes.
Cette première étape était vraiment superbe, commencée dans la grisaille du matin, elle s'est terminée sous le soleil et dans la convivialité.
Un grand merci à Josée et Jean-Marc pour leur visite, qui nous a fait chaud au coeur.
Vivement demain...
A suivre...