Méditerranée 2013 : Marseille
Rando kayak Côte Bleue - Frioul -Etang de Berre - Etang de Bages et Sigean
11 au 19 mai 2013
Mercredi 15 mai :
Après deux jours à naviguer sur la Côte Bleue et le Frioul, nous décidons de faire une pause ce mercredi, d'autant que la météo annonce un vent fort.
Le thème de la journée sera la découverte de Marseille.
Nous prenons le “Train de la Côte Bleue”, qui longe toute la Côte bleue de Martigues à l’Estaque.
Nous embarquons à La Couronne. La gare n'ayant pas de guichet, nous achetons nos billets auprès du contrôleur, dans le train.
Ce trajet ludique s’arrête dans tous les villages de la côte, de ports en ports, de plages en plages, de calanques en calanques sur 32km…
Ce décor de paradis aux couleurs bleues turquoises, la nature préservée, nous les savourons pendant près d'une heure. Nous découvrons en hauteur les calanques dans lesquelles nous avons navigué en kayak.
Arrivés gare Saint Charles, nous marchons vers l'ouest, en direction du port, en passant par le quartier de la Joliette.
En longeant le boulevard du Littoral, nous admirons la magnifique cathédrale Sainte-Marie-Majeure, souvent appelée la Major, au style néo-byzantin. Son architecture est en marbre et en porphyre
Devant nous, une grande porte faite de containers nous intrigue.
En réalité, nous entrons dans "le 17 ème Arrondissement - Quartier Utopique ". Une cité de containers installée pour 5 jours, dans le cadre d'un festival de spectacles, intitulé "La Folle Histoire des Arts de la Rue".
Une cinquantaine d'artistes de la compagnie "Generik Vapeur", venus de France, d'Allemagne ou encore de Chine, animent ce quartier éphémère durant 5 jours. Entre le marché matinal, le vide grenier et le grand pique-nique, "Le 17ème arrondissement" propose des concerts, des projections, des présentations de livres mais aussi des spectacles, 24h/24, gratuitement.
A côté de ce village "utopique" se dresse la "Villa Méditerranée" avec son architecture étonnante. Le bâtiment semble tenir en équilibre, un pied sur terre, un autre sur la mer.
Avec son bassin d’eau de 2000 m², la Villa Méditerranée, à un jet de pierre du MuCem, symbolise en un sens la réhabilitation de l’esplanade.
Si le musée étonne par sa carapace de béton et de verre, la Villa surprend par son toit culminant à 19 mètres de hauteur au-dessus du bassin d’eau. Esthétique mais pas inutile, il sert de plateau d’exposition tandis que les niveaux inférieurs, situés sous le niveau de la mer, accueillent une agora, un amphithéâtre et des salles de réunion.
Le MUCEM, Musée des Civilisations d'Europe et Méditerranée, est considéré comme l'un des plus beaux musée du monde.
Ce cube sombre, relié par une passerelle au Fort Saint-Jean, ouvrira ses portes début juin, peu après notre retour en Bretagne.
Nous poursuivons notre balade jusqu'au Vieux Port, où nous pique-niquons.
Le Vieux Port a été rénové en 2012, ce qui a permis de réduire de 50% la circulation automobile.
Sur l'esplanade, nous marchons sous l'ombrière, conçu par Norman Foster, l'architecte du viaduc de Millau.
C'est une structure métallique de 6 mètres de haut permettant de faire un peu d’ombre aux passants et aux marchands de poissons, mais surtout de refléter le plan d’eau du Vieux Port grâce à un plafond-miroir de 1000 m².
Ce jour-là, la sardine n'a pas bouché le Vieux Port, nous l'avons cependant rencontrée, en compagnie de ses congénères.
Nous visitons les quartiers adjacents : la Canebière, l'Opéra....
Sur le quai Rive Neuve, près des navettes du Frioul, nous marquons une pause pour pique-niquer.
Jean-Yves, qui est un peu comme Saint-Thomas, veut vérifier que son appareil photo, récemment acquis, est bien étanche. Celui-ci, suite à un geste malheureux, finit au fond du Vieux Port !
Jean, notre nouveau Mac Gyver, réfléchit déjà à une solution pour le repêcher, basée sur un montage fait de bâtons de randonnée, de bambou et de cordelette attache-lunette.
Cette solution se révèle finalement efficace puisque l'appareil photo sera sauvé des eaux, au moment où la solution "marseillaise" apparaîtra sur le quai.
Celle-ci se présente sous la forme de deux agents municipaux, chargés de ramasser les déchets dans le port. Ils nous confient avoir récupéré la veille l'équivalent de neuf grands sacs poubelles, impressionnant !
Quant à l'appareil-photo, le test est concluant, il fonctionne parfaitement !
Désormais, il devient "l'appareil-photo-qui-fut-sauvé-des eaux-du-vieux-port-de-Marseille" !
Après le repas, nous montons visiter la basilique Notre Dame de la Garde.
En chemin, nous découvrons le char Jeanne d'Arc, qui illustre un épisode de l'insurrection de Marseille contre l'occupation allemande. Il commémore le 25 août 1944, jour de l'assaut de Notre Dame de la Garde par les 1ère et 2ème Compagnie du 7ème Régiment de Tirailleurs algériens.
Sévèrement touché, il fut immobilisé devant l'Evêché, et trois de ses cinq occupants furent tués sur le coup.
Nous arrivons bientôt à la "bonne Mère", véritable phare spirituel de Marseille.
L'existence d'une première chapelle sur la colline remonte au XIII ème siècle. Un fort a ensuite été construit sous François 1er, en même temps que le Château d'If.
La basilique actuelle, de style romano-byzantin, est l'oeuvre d'Henry Espérandieu (1853 à 1874). Au terme d'une restauration achevée en 2008, le bâtiment, ses marbres, ses mosaïques, ses ex-voto ont retrouvé tout leur éclat avec, au sommet, la statue colossale (environ 10 m pour 10 tonnes !) de la Vierge tenant dans ses bras Jésus.
Le panorama qui se révèle au pied de l'édifice est exceptionnel, offrant une vue splendide sur Marseille et ses environs.
Nous rentrons en soirée à notre "camp de base", en reprenant le train de la Côte Bleue, de Marseille Saint Charles à La Couronne.
En raison d'un problème de signalisation, le train aura une heure de retard à l'arrivée !
Cela nous donne l'occasion de réaliser deux ateliers :
- un atelier "mobile et informatique", animé par Christine et Pascal.
- un atelier "poésie", animé par Jean.
A cette occasion, Jean nous propose une version remarquable (et remarquée !) du poème "Noces et banquets" de Jacques Prevert, inspiré du "Mariage du Ciel et de l'Enfer" de William Blake.
A William Blake
Dans les ruines d’une cathédrale
Un boucher pleure comme un veau
A cause de la mort d’un oiseau
Et couchée sur les dalles craquelées
Une cloche écroulée et fêlée
Montre son battant rouillé
On dirait un gros prêtre obscène
Dont le vent soulève la soutane
Et dans la sacristie en miettes
Trois ou quatre drôles en casquette
Font la quête
A l’occasion du mariage du Ciel et de l’Enfer
Cela se passe en Angleterre
Et aussi en l’honneur de la Révolution française
Et même de la mort de Louis XVI
Le garçon d’honneur s’appelle William Blake
Il est tout nu et très correct
Mais il garde son chapeau sur la tête
Parce que le Saint-Esprit est dedans
C’est le Saint-Esprit de Contradiction
Quand on lui demande Esprit es-tu là
Toujours avec un doux sourire cet oiseau répond Non
A la fin de la noce William Blake en fera cadeau au boucher
Il oubliera défunt son perroquet
Et s’en retournera tuer les bêtes
Avec un gros maillet
Nous ne sommes pas à un oiseau près
Pense William Blake
Tout en pensant à autre chose
C’est-à-dire à rien d’autre qu’à regarder
Une éblouissante fille invitée à la noce on ne sait pas par qui
Et qui est là très belle et aussi nue que lui
Une beauté
Pense William une beauté d’un calme éclatant
Pure comme le vin rouge
Et innocente comme le printemps
Et il la regarde parce qu’il a envie d’elle
Elle le regarde aussi parce que peut-être elle aussi elle a envie de lui
C’est alors qu’arrive avec son petit orgue
Un grand canard de Barbarie
Et il joue un air de tous les temps et de tous les pays
Et la noce commence
La noce proprement dite
Précise William Blake
Car il y a des choses qui sont si mal dites
Et si malproprement
C’est pour la messe que vous dites ça
Demande un vieil homme à tête de prophète ou d’évêque
Et qui a l’air très contrarié
Mais William Blake est un gentleman
Un homme gentil comme on dit en Angleterre
Et il n’a pas du tout envie de discuter avec un évêque
Le jour du mariage du Ciel et de l’Enfer
Et aussi même qui sait peut-être par la même occasion
Le jour de ses propres noces
Puisque la jolie fille est si belle
Et que sans aucun doute il l’aime
Et que peut-être elle l’aime aussi
Alors il se contente de dire
A l’homme à la tête d’évêque ou de prophète ou d’épingle de sûreté
« De même que la chenille choisit pour y poser ses œufs
Les feuilles les plus belles ainsi le prêtre pose ses malédictions sur nos plus belles joies »
Et alors en avant la musique
Pour la messe nous en reparlerons une autre fois
Et comme il a dit
En avant la musique
La musique s’avance
Et derrière elle la fille éblouissante
Qui sourit à William Blake
Parce qu’un jour il a dit aussi
« C’est avec les pierres de la loi qu’on a bâti les prisons
Et avec les briques de la religion les bordels »
Et elle lui donne le bras
Et tout le reste avec
Et qui est-ce qui est bien content
C’est William William Blake.