Moulin Mer - Landevennec - Térénez
Rando kayak : Moulin Mer - Landevennec - Térénez
25 octobre 2010
- A la découverte de l'Aulne maritime
Temps calme, sous une magnifique lumière d'automne.
Distance parcourue : environ 12 miles nautiques.
Nous partons du port de Moulin Mer, au sud-est de Logonna Daoulas, dans la rade de Brest.
Le moulin à mer
Situé à l’embouchure de la rivière du Camfrout, le moulin à mer est, au XVIIIe siècle, propriété du comte de Rosmorduc. Lors de chaque marée montante, l’eau nécessaire au fonctionnement de la turbine actionnant les meules est retenue dans l’étang par un ingénieux système d’écluses. Jusqu’en 1885, date à laquelle le moulin devient la résidence particulière de Mme veuve Rousseau-Dumarcet, le moulin fonctionne activement. Le port était alors animé par le moulin à mer mais aussi par les activités du poste de douane, de l’antenne d’une briqueterie, du chantier naval... En 1925, une cale d’accostage est enfin construite.
Jacques Kerhoas, instituteur visionnaire
« Que la mer soit ou non son destin, l’enfant ne peut ignorer ce qui fait l’essentiel de sa planète. Après avoir enseigné pendant plus de vingt ans, j’ai constaté que les enfants entendaient mais n’écoutaient pas, qu’ils voyaient mais qu’ils ne regardaient pas. J’ai voulu les rapprocher de la nature pour développer leurs sens, ouvrir leur esprit. C’est de là qu’a germé l’idée des classes de mer », expose Jacques Kerhoas, le fondateur des classes de mer. Instituteur à Daoulas, Jacques Kerhoas (1925-1992) initie dès 1962 les classes de découverte en milieu marin, une première en France, et crée le Centre nautique de Moulin-Mer. Le réseau des classes de mer en Finistère est aujourd’hui constitué de 13 centres qui élaborent depuis quinze ans un cahier des charges très exigeant concernant les conditions d’accueil et d’accompagnement pédagogique des classes.
Landevennec :
Nous remontons l'embouchure de l'Aulne, vers Landévennec, qui s'épanouit sur un éperon rocheux. Entre les arbres, l'adorable village s'allonge de l'ancienne abbaye à l'église du 17e siècle d'où se dévoile une magnifique vue sur les boucles voluptueuses de la rivière, l'île de Térénez et le romantique cimetière de bateaux. Aux avant-postes de la presqu'île de Crozon, abrité des vents dominants, le site bénéficie d'un climat particulièrement clément.
Ce coin paradisiaque a été élu par saint Guénolé pour fonder vers 485 le plus ancien des sanctuaires bretons. Des bâtiments, plusieurs fois remaniés, il reste de superbes vestiges du 11e et 12e siècles : des hauts murs, des bases de piliers et des traces de la nef. L'importance de l'abbaye est capitale pour la diffusion de la foi chrétienne. Mais les Normands en 913 puis la Révolution sonnent le glas de l'abri monacal.
En 1958, les Bénédictins retrouvent l'atmosphère paisible de Landévennec dans un nouveau monastère, construit en pierre de taille de Logona, 500 m au-dessus de l'ancien. Du verger à l'accueil des visiteurs, ils mènent plusieurs activités, fidèles aux préceptes de saint Benoît.
Le cimetière marin :
Une demi-douzaine de coques militaires et civiles vieillissent au cimetière marin de Landévennec, dans les premiers virages de l'Aulne. En plein site remarquable, à l'entrée d'un fleuve réputé pour la richesse de sa biodiversité. Peintures écaillées, coques rouillées entreposées là depuis plusieurs années et sans doute pour longtemps, vu le retard accumulé dans le traitement des vieux navires. Parties prenantes du paysage, les coques du cimetière marin ont pris un sérieux coup de vieux.
L'endroit est magique, paisible et impressionnant à la fois. La lumière y est étonnante.
On y trouve aujourd'hui les navires qui servaient de brise-lames à l'entrée de la Penfeld, à l'endroit du futur port de plaisance de Brest et le majestueux Colbert, rapatrié de Bordeaux avec ses 180 m de long.
Le pont de Térénez :
Afin de remplacer les deux bacs qui assuraient dangereusement la traversée de l'Aulne à Térénez durant le XIXe siècle, l'administration décide, en 1909, de construire un pont suspendu métallique. Après une interruption des travaux due à la guerre, le chantier se poursuit en 1920. Cinq ans plus tard est inauguré le pont de Térénez, 35 mètres au-dessus de l'eau et long de 350 mètres. C'est alors le plus grand pont suspendu d'Europe.
En 1944, les Allemands dynamitent la pile gauche de l'ouvrage : le pont s'écroule. Il est reconstruit en 1952. Dans les années 70-80, il est fréquemment fermé à la circulation en raison de nombreux travaux d'entretien. Une décennie durant laquelle le trafic routier est en forte augmentation.
En 1992, un phénomène d'incompatibilité entre le ciment et le sable utilisés pour fabriquer le béton des piles est découvert. Des fissures fragilisent l'ouvrage. Le conseil général met alors en place un programme de consolidation, très coûteux, qui nécessite de fréquentes fermetures du pont.
Après plusieurs années d'études et la mise en place d'un comité de pilotage, le conseil général décide, en 1998, la construction d'un nouveau pont à proximité de l'ancien. Sont retenus trois ans plus tard pour concevoir ce projet le célèbre bâtisseur Michel Virlogeux, « père » du pont du Normandie et du viaduc de Millaun, et l'architecte Charles Lavigne. La première pierre du nouveau pont est posée le 19 avril 2007.
La première année, les travaux se concentrent sur la rive gauche, côté Argol, avec la construction des poteaux d'appui du pont. En 2008, en novembre, le pylône rive gauche atteint 40 mètres de haut. La construction du tablier a commencé. Rive droite, des pieux ont été forés à 40 mètres de profondeur, servant d'appui aux fondations.
Un grand bond en hauteur, en 2009, avec l'achèvement du pylône rive gauche et la pose de la pièce métallique qui accueille les câbles des haubans, en juillet. La construction du tablier peut alors démarrer.
La tête du pylône rive droite est posée en 2010, à une hauteur de 99 mètres. Côté rive gauche, 36 paires de haubans sont accrochées : le demi-pont est terminé au printemps. Même opération ensuite rive droite au fur et à mesure de l'avancée du tablier. Les deux parties seront jointes en septembre. Un moment symbolique du chantier.
Les finitions seront réalisées durant l'hiver 2010-2011 : étanchéité, enrobés, garde-corps, glissières... Le pont est alors fin prêt pour les essais de charge, ultime étape du chantier : le 26 mars, huit camions de 32 tonnes passent et repassent sur la chaussée. L'ouvrage réagit comme prévu. Bon pour le service.
Le nouveau pont en quelques chiffres
41,5 millions d'euros : c'est le coût de l'ouvrage, totalement financé par le conseil général du Finistère, les demandes de subventions à l'État étant infructueuses. Premier pont courbe à haubans de France et détenteur du record mondial de portée entre deux piliers (285 mètres). 515 mètres de long, 13 000 m3 de béton, 460 tonnes d'acier, 72 paires de haubans ; 200 000 heures de travail réparties entre 140 ouvriers, techniciens et ingénieurs ; 21 000 heures de travail en insertion.
Le pont de Térénez, c'est un trafic moyen de 8 000 véhicules par jour en moyenne, avec des pics à 15 000 durant l'été.