BMRA : balade irlandaise - Chapitre 9 - Inishbofin, l'âme irlandaise
BMRA : balade irlandaise - Chapitre 9 - Inishbofin, l'âme irlandaise
Vendredi 31 mai 2024
Les photos non signées Pascal J Yanike kayak sont de Jean Drouglazet
La météo s'améliore, nous pouvons partir 3 jours en randonnée kayak.
Notre destination : Inishbofin, petit joyau insulaire au large du Connemara.
Chris, le propriétaire du camping, accepte que nous y laissions nos véhicules.
Le camping sera complet pour le week-end à venir, nous plions nos tentes et préparons nos kayaks.
Un petit portage pour accéder à la plage, et nous voilà partis.
Il est 12h30.
Nous avions prévu de faire cette randonnée kayak avec Jon, mais, malheureusement, un problème sur sa voiture l'a empêché de nous rejoindre.
Nous naviguons vers l'ouest pour contourner Omey Island.
Nous y faisons une pause à la pointe nord-ouest pour pique-niquer, avant d'entamer la traversée vers Inishbofin.
Nous voilà repartis pour 2 heures de traversée, avec un vent de face force 4.
Nous laissons Friar Island à bâbord et mettons cap au nord.
En gaélique Inis Bó Finne signifie l‘île de la vache blanche.
Une légende raconte que dans les temps passés Inishbofin était une île ensorcelée en permanence enveloppée dans la brume.
Un jour un groupe de pêcheurs perdus accosta sur l’île et alluma un feu. Alors la brume se dissipa et les pêcheurs virent une vieille femme promenant une vache blanche sur une plage de galets entre un lac et la mer. Quand la vache atteint le bord de la mer, la vieille femme frappa la vache et la transforma en pierre. D’autres légendes racontent que la vieille dame et sa vache blanche émergent tous les 7 ans du lac, ou alors de manière moins régulière pour annoncer un désastre. Le lac en question est le Loch Bo Finne, le « Lac de la Vache Blanche » à l’ouest de l’île.
Nous passons devant une tour blanche et rentrons dans le port.
A tribord, les ruines d'un fort, bâti sur la falaise.
Celui-ci remontant à Cromwell, qui l'occupe en 1652.
Il décide d’y installer une garnison, et fait construire plusieurs forts et casernes, considérant l’île comme un important lieu stratégique.
Au cours des terribles années de ses campagnes, Inishbofin a été transformé en une colonie pénitentiaire pour les religieux catholiques, et de terribles atrocités ont été dénoncées sur les insulaires et sur les malheureux ecclésiastiques qu'il a rassemblés.
Ce fort est impressionnant et magique à la fois. Ses murs tiennent encore debout et s’agencent sous la forme d’une structure rectangulaire.
Nous naviguons dans ce port magnifique et bien protégé.
Au fond de cet anse, nous trouvons un endroit sur les hauteurs pour installer notre bivouac (merci Jon pour le point GPS)
Nous débarquons vers 17h30.
Nous avons parcouru 8,3 milles nautiques.
Nous prenons une bière au bar The Beach ....
... puis nous partons pour une balade vers l'Est de l'île.
Sur les hauteurs, le panorama est magnifique.
Des plages immaculées, des paysages accidentés, des paysages époustouflants, des ruines, un cimetière ... mais aussi les poneys du Connemara, les moutons ...
... et une énorme truie !
Sur la route, une voiture abandonnée ... depuis longtemps !
Nous revenons monter notre campement, au soleil couchant.
Après le repas, nous marchons vers le Murray’s Bar au Doonmore Hotel.
L'endroit est réputé pour ses sessions de musique irlandaise.
Le pub est déjà bien rempli à notre arrivée.
Un groupe de musiciens assurent l'ambiance.
Aux morceaux de musiques succèdent parfois des chants a capella, que tous les clients écoutent dans un silence respectueux.
Nous savourons la complainte d'une ballade ou le rythme enchanteur d'un violon autour d'une Guinness fraîche.
Au fil de la soirée, d'autres musiciens viennent compléter le groupe initial. Nous pouvons battre la mesure au son d'une mélodie ou au rythme d'un bodhrán (instrument de percussion. Il s'agit d'un tambour sur cadre sur lequel on joue avec un stick).
Ce soir jouent ici des musiciens très connus en Irlande, dont Francis O Halloran.
Nous sommes les seuls étrangers ici ce soir, et nos amis irlandais nous réservent un accueil incroyable, dont nous nous souviendrons longtemps.
Nous sentons beaucoup de respect envers les kayakistes qui sont venus les voir sur leur île, à la force de leurs bras.
Parmi nos amis d'un soir, Murdock, originaire de Derry, et qui habite Dublin. Il a été professeur d'anglais en Allemagne et parle bien le français. Il interprète une chanson a capella.
Il y a aussi Lena, jeune musicienne qui a habité à Rennes, et qui vit ici de sa musique.
Un morceau de musique traditionnelle irlandaise, enregistré par Jean
Après un échange sur l'âge d'un chanteur irlandais, Jean lui demande son âge.
Celui-ci lui répond qu'il a 75 ans.
Et Jean, fièrement, lui rétorque : "Et moi, j'en ai 73 !"
Notre ami irlandais, du tac au tac, avec un sourire plein de malice, lui répond : "you look more" (tu en parais plus)
Toute l'assemblée éclate de rire, et notre ami Jean rit jaune, mais s'en remet vite.
Tout l'humour irlandais ...
Depuis, Jean a un surnom : Docteur Lookmore !
Chant a capella de notre ami irlandais, enregistré par Jean
Cette soirée restera inoubliable.
Les musiciens nous ont salués quand nous sommes partis.
Inishbofin, c'est environ 300 habitants à l'année, et environ 4000 l'été.
Cette île possède un charme exceptionnel, où nature sauvage et histoire se mêlent à la perfection.
Les résidents, bien que peu nombreux, sont les gardiens de traditions séculaires, notamment dans les domaines de la musique, de la danse et de l’artisanat.
Nous avons été accueillis avec une chaleur et une hospitalité qui font la réputation des Irlandais.
Nous avons le sentiment d'avoir vécu des moments privilégiés, dans l'authenticité de l'âme irlandaise.
Quelle journée !
A suivre ...