Les Glénan en hiver : un autre monde.
Les Glénan en hiver : un autre monde.
Mardi 14 février 2023
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet
Cela faisait un moment que je n'avais pas mis les pieds sur l'archipel des Glénan.
Les interdictions de débarquer sur certains secteurs, la sur-fréquentation en été, une entorse à la cheville, des travaux dans ma maison, autant de raisons expliquant cela ...
Avec Jean, nous décidons de profiter d'une fenêtre météo favorable pour y séjourner 2 jours. Et cela me permet de faire un break dans mon chantier commencé il y a 8 mois déjà !
Je n'ai plus l'entrainement, mais je me dis que ça va le faire, d'autant plus que nous partons à quatre.
Jean-Jacques et Charles ont répondu à notre appel.
Nous nous retrouvons donc ce mardi matin à la cale de Beg-Meil.
La météo annonce un vent de sud-est forcissant 4 à 5 beaufort dans l'après-midi.
Demain mercredi, il est prévu un temps très calme, le vent passe au sud puis à l'ouest avant l'arrivée d'une dépression jeudi.
Nous préparons notre matériel. Charles inaugure son nouveau Tiderace Xceed sur une grande traversée.
Nous partons vers 10h10, sous un beau soleil.
Le vent est encore faible. La température annoncée est de 7 degrés, un peu moins en ressenti.
Nous longeons la belle côte beg-meiloise et ses magnifiques villas.
Nous arrivons à la pointe de Beg-Meil et nous contactons le sémaphore par VHF pour les informer de notre navigation.
Nous allons faire une halte sur l'île des Moutons. L'interdiction de débarquer y est provisoirement levée, puisque les oiseaux ont quitté l'île. Celle-ci sera à nouveau interdite au débarquement du 1er avril au 31 août 2023.
Nous faisons cap au 205, l'île est encore invisible du continent.
La navigation est agréable, sous le soleil et avec une belle houle.
A mi-parcours, le vent de sud-est se lève, creusant un peu plus la mer.
Après de heures de pagaie, nous arrivons devant l'île des Moutons.
Quelques phoques curieux viennent nous accueillir.
Nous débarquons sur la plage près de la cale. Le vent de sud-est est devenu bien sensible et nous rafraîchit bien. Nous devons nous habiller chaudement.
Nous pique-niquons près des 2 canons renversés, à l'abri du vent.
L'armée française avait installé sur l'île une batterie de mitrailleuses en 1939.
Les allemands ne s'en sont pas servis, mais courant 1942, ils ont ramenés depuis Bénodet ces deux autres canons, qui sont restés là depuis.
Après le repas, nous faisons le tour de l'île. Nous sommes seuls, avec quelques goélands.
Cet environnement est toujours aussi beau, on ne s'en lasse pas.
Les rochers du secteur étaient surnommés "cimetière des thoniers"
Nous comprenons pourquoi en observant les alentours.
Nous rejoignons le phare, qui héberge en saison les gardiens de l'île.
En 1879 fut construit une tour carrée de 18 mètres flanquée d'une maison abritant les gardiens.
Elle fut occupée dès 1905 par la famille Quéméré et ses 4 enfants.
Souffrant de livraisons irrégulières du ravitailleur "La Marie-Jeanne", ils finissent par acquérir 3 vaches, des moutons, des poules, des oies et des canards.
Un jardin protégé de murs est aménagé pour produire des légumes et des fruits.
Deux canots, le "Moelez", puis le "Goéland", servent à capturer poissons et crustacés.
D'autres familles prendront le relais.
Le phare sera automatisé en 1983.
Il a une portée de 15 milles (environ 27 km) et est télécontrôlé depuis Concarneau.
Nous contournons le phare par le sud.
Au sud-ouest, la zone de nidification des sternes, déserte en cette saison.
Le menhir qui pointe vers le ciel n'a pas bougé.
Il laisse penser que l'île était habitée déjà dans les temps préhistoriques.
Il semble cependant que son origine soit purement naturelle.
Jean y trouve un point de vue pour une photo originale.
Au sol nous trouvons les restes d'un ancien four à goémon.
C'est une tranchée creusée dans le sol qui servaient à produire des « pains de soude», obtenus à partir des cendres du goémon récolté.
"Au XVIème siècle, ils étaient vendus aux manufactures du verre puis surtout au XIXe siècle, lors de la deuxième période industrielle de ces algues, aux industries qui en exploitaient l’iode, utilisé dans l'industrie de la photographie (iodure d'argent) et le domaine médical ( teinture d'iode désinfectant les blessures externes)" (source wikipédia)
Nous constatons aussi la repousse des jacinthes des bois, qui produiront en avril un joli tapis fleuri.
Nous revenons à notre point de départ.
Le vent a forci, force 4 à 5 comme prévu.
Nous reprenons la mer. Celle-ci, sous l'influence du vent, s'est creusée.
Nous avons devant nous une navigation plus engagée pour atteindre le phare du Huic.
Le vent et la mer imposent d'être vigilant.
Mais sous le soleil, la navigation est agréable dans ces montagnes russes.
Pendant la traversée, le moindre arrêt pour attendre un copain ou prendre une photo nous fait dériver vers l'ouest.
Nous arrivons au vieux phare du Huic et décidons de poursuivre à l'ouest de l'île Saint-Nicolas, ce qui nous permet d'être un peu à l'abri du vent.
Les cormorans observent ces étranges visiteurs, tellement surpris qu'ils ne s'envolent pas !
Au-delà de la pointe ouest de Saint-Nicolas, nous apercevons Fort Cigogne.
Nous faisons une pause sur l'île Drénec, laquelle nous offre de beaux points de vue sur Saint-Nicolas, Fort Cigogne ou l'île du Loch.
Les Glénan, c'est aussi de beaux couchers de soleil ...
Ainsi se termine cette première journée.
Ce sentiment d'être seuls au monde, dans ces paysages magnifiques ... un vrai bonheur !
Mercredi 15 février 2023
Le vent s'est calmé, nous avons fait un tour d'horloge !
Et nous retrouvons le soleil.
Nous voici à nouveau sur l'eau, aucun bateau à l'horizon.
Les Glénan en hiver, c'est vraiment un autre monde !
Nous voici devant Fort Cigogne.
Pourquoi Cigogne ?
Dans le livre -Les Glénan, histoire d’un archipel- éditions Palantines, Louis-Pierre Le Maître donne une explication : avant la construction du Fort, le rocher qui dominait la Chambre (la principale anse intérieure de l’archipel) devait avoir sept coins, (seiz Kogn), d’où cigogne.
Construit au XVIIIe siècle, le fort fut édifié pour écarter les corsaires.
Les travaux, débutés en 1755, ne furent jamais achevés. Déclassé en 1891, le fort accueillit un observatoire météorologique de 1891 à 1940.
De 1940 à 1944, il fut occupé par l’armée allemande et régulièrement utilisé comme logement saisonnier par des pêcheurs de 1891 à 1974.
Depuis 1957, il est loué par le centre nautique des Glénan.
Fort Cigogne a été classé au titre des Monuments historiques en 2013. Il est propriété de l’État, qui l’a affecté au Conservatoire du littoral en 2015.
Le fort fait également partie des quatorze monuments bretons retenus dans le cadre de la Mission 2018 « patrimoine en péril » confiée à Stéphane Bern.
Les travaux de restauration ont commencé en automne 2018 et devaient se terminer en 2022. La crise Covid a occasionné du retard.
Sans pouvoir pénétrer dans le fort, nous pouvons voir l'avancée des travaux au niveau des remparts.
Jean et moi avons débarqué pour faire le tour du fort. Jean-Jacques et Charles l'ont réalisé en kayak.
Nous continuons notre route vers l'Est en direction de l'île de Penfret.
Nous laissons à tribord l'île de Guéotec et son amer particulier.
Nous débarquons sur la plage côté Est pour pique-niquer.
Deux bateaux sont au mouillage, dont celui des affaires maritimes.
Les couleurs sont superbes ...
Nous distinguons au loin Fort Cigogne, Saint Nicolas et Guiriden.
Après le repas, nous faisons une petite balade vers le phare.
Il a été mis en service en 1837 et mesure 24,25 mètres de haut. Il jouxte une maison abritant les locaux de service et les logements, le tout se trouvant dans l'enceinte d'un ancien fort. Il a une portée de 21 milles (environ 39 km). Il est automatisé depuis 1993 et télécontrôlé depuis Concarneau.
Nous avons une superbe vue sur les alentours ...
En redescendant vers la plage, nous trouvons quelques trésors ...
Nous sommes dans les "Caraïbes bretonnes", en février ... magique !
Nous repartons vers l'Ouest, en direction de Guiriden.
Cette île est un banc de sable fin qui offre tout autour des eaux turquoise.
Nous mettons le cap vers le continent.
La traversée s'effectue sans problème, l'environnement étant bien plus calme que la veille.
En arrivant devant Beg-Meil, la brume commence à tomber.
Après avoir contacté le sémaphore par VHF, nous faisons une photo souvenir.
Sur le parcours de la pointe de Beg-Meil au port, nous apercevons un groupe de nones. Leur tenue blanche contraste avec cet environnement qui s'obscurcit.
Nous débarquons vers 16h30.
Sur ces deux jours, nous avons parcourus 22,69 milles nautiques.
Ainsi se termine cette superbe randonnée hivernale.
Les Glénan, on ne s'en lasse pas et on est jamais déçu.
Y naviguer en hiver procure un charme particulier. La beauté des paysages, la sérénité et le calme qui s'en dégagent.
Nous sommes conscient que nous sommes des privilégiés, mais profitons tant que nous pouvons encore le faire.
Un grand merci à mes compagnons de route pour ces bons moments partagés.
Vive le kayak !