Eire 2022 - chapitre 6 : la presqu'île de Dingle, le fabuleux moment sur la Grande Blasket, le port de Dingle, et la petite rando à partir de Ballydavid, Gallarus oratory.

Eire 2022 - chapitre 6 : la presqu'île de Dingle, le fabuleux moment sur la Grande Blasket, le port de Dingle, et la petite rando à partir de Ballydavid, Gallarus oratory.

Texte et photos de Jean Drouglazet.

Dimanche 5 juin 2022

Lever 5h30 puis je me balade jusqu'au village de Baile na nGall

anglicisé en Ballydavid avec son petit port à l'abri d'une longue jetée

s'avançant dans la vaste baie de Smerwick harbour qui s'ouvre sur le nord est, puis j'emprunte le chemin côtier qui longe la falaise point de départ d'une superbe randonnée au bord des falaises

Au retour, petit déjeuner avec Joël avant de prendre la route pour Dunquin.
Nous contournons la baie de Smerwick bordée au nord par le massif des 3 sœurs et le mont Sybil, nous laissons sur la droite Ballyferriter puis longeons la côte avec une splendide vue sur les îles, plages et falaises c'est l'extrême ouest du continent européen !
Le temps est couvert mais dégagé et les Blasket Islands se dressent devant nous ; la Grande Blasket dont on aperçoit à 1 mile ½ environ la côte Nord qui fait face à la grande île.

Le port refuge le plus proche est celui de Dunquin au bas de la falaise où les îliens débarquaient le plus souvent quand le temps le permettait

Nous sommes un peu tôt et les 2 baraques billetterie pour la Grande Blasket sont fermées mais l'environnement est à couper le souffle.
Au loin les Blasket et à nos pieds la falaise avec un petit chemin en lacets qui descend à pic vers l'embarcadère.
Nous attendons un peu pour prendre un café à la roulotte qui ouvre pour la journée, quelques touristes arrivent; je m'adresse à une dame qui m'a tout l'air d'une américaine, elle s'appelle Jane et vient du Massachusetts sur les traces de ses ancêtres irlandais qui ont émigré au moment de la grande famine dans les années 1850, elle est contente d'utiliser les quelques mots de français qu'elle connait.
A la billetterie nous sommes accueillis par une charmante jeune femme souriante et amicale qui rêve de vendre son affaire et de voyager en Europe

Son mari nous prendra en charge avec 4 autres passagers durant la traversée sur le Lady Avalon

qu'il mène avec l'aide d'un matelot. Il nous confirme aussi les dangers de la navigation en kayak dans le secteur ayant eu à en secourir à plusieurs reprises ( mais je doute un peu, il protège son business, Donal s'était proposé pour nous accompagner, dommage qu'il ne soit pas libre ! )
Sur l'île on distingue quelques constructions claires sous un ciel un peu chargé; au débarcadère nous attendons tranquillement que l'annexe vienne nous chercher.
Derrière le petit quai une embarcation est retournée dont la coque est recouverte d'une toile goudronnée que nous pensons être un curragh (?)

Finalement nous sommes 5 à prendre place à bord, la mer est calme, nous ressentirons l'effet de houle longue et le courant d'ouest plus loin dans le Blasket sound.
A l'approche de l'île le ciel se dégage et le soleil éclaire le sable de la plage blanche que nous laissons à tribord

pour rejoindre un mouillage au pied de la falaise

et l'annexe nous dépose dans un port minuscule qui nous permet d'accéder aux ruines de ce qui fût autrefois le village.
Nous avons environ 3 heures devant nous qui vont vite passer ne nous laissant que peu de temps pour retrouver l'atmosphère et le cadre de vie de Maurice O'SULLIVAN, Tomas O'CHROHAN Peig SAYERS ou Elisabeth O'SULLIVAN
Joël et moi allons même nous perdre de vue chacun suivant son chemin pour explorer le site.
Ce qui frappe d'abord ce sont les ruines sombres et fantomatiques des maisons plus ou moins délabrées. Trois d'entre elles ont été restaurées, l'une occupée par les guides de l'office National qui ont en charge l'information et l'accueil du public, une autre est celle de Tomas O'Croc'han .
Une maison minuscule en haut du village a aussi été rénovée qui abrite une échoppe tenue par une gentille dame qui est arrivée avec nous sur le premier bateau et qui file la laine en renseignant les gens qui l'interrogent à l'occasion.
Je vais faire le tour du village pénétrant dans la petite maison de Tomas ouverte à heures précises par la guide

deux pièces minuscules aux murs blanchis à la chaux; l'une où donne la porte d'entrée avec les murs blanchis à la chaux un petit foyer, un vaisselier.

l'autre une minuscule chambre avec un sommier de bois un coffre et deux chaises

puis revenant vers le sud je passe devant le bâtiment plus grand qui fût la demeure de Maurice O'Sullivan et je monte sur la colline dominant le site

La vue panoramique est époustouflante : sur le Blasket sound où un voilier semble avoir du mal à remonter le courant et le mont Eagle sous les nuages, Beginish à l'est. Je redescends et m'arrête à l'échoppe où j'échange quelques mots avec la petite dame qui file la laine et lui signe son livre d'or

Retour aux ruines du village puis je longe la falaise d'au delà du pier vers la plage blanche, éblouissante sous le soleil qui perce

En bas de la falaise apparaît par intermittence un phoque qui me ramène au récit de Tomas O' Croc'han.
L'île est en fait bien plus étendue que cette façade Nord siège du village.
Je retrouve bientôt Joël qui a entrepris la visite par un autre chemin, la guide fait une petite présentation orale de l'histoire des Blaskets et l'auditoire se resserre autour d'elle.
Jöel écoute avec attention ça ne lui pose aucun problème car il est parfaitement bilingue

Je manque donc quelques informations inédites mais qu'importe je suis ravi d'avoir pu fouler le sol de cette île dont l'histoire m'a passionné à travers les récits de ses anciens habitants et il me reste encore à découvrir celui de Peig Sayers qui avait aussi marqué notre ami Jean Yves qui avait tenu à venir aussi ici il y a quelques années y entraînant malgré eux ses compagnons de voyage.
Les 3 heures qui nous étaient octroyées touchent à leur fin et c'est à regret que nous reprenons le bateau du retour vers Dunquin

.Je pense cependant que l'Archipel des Blaskets fera l'objet d'un futur projet kayak car le terrain de jeu est magnifique.
Au retour à Dunquin nous décidons de nous rendre à Dingle (16km environ) par l'Atlantic Way contournant la pointe d'Eagle laissant le port de Ventry à droite.

Nous sommes un peu déçus c'est noir de monde en ce jour férié de week-end prolongé, boutiques cafés pubs pâtisseries magasins de fringues et même grands magasins sont ouverts; une grande rue aux maisons colorées

devant le port : ici de gros chalutiers ( plus nombreux qu'à Baltimore) dont un du Guilvinec

Pour ce soir nous décidons de revenir vers le camping et de rejoindre le pub de Ballydavid que j'ai repéré ce matin

Le pub est plein à craquer et il faut attendre son tour pour avoir une table et nous attendons sagement au bar devant une Guiness.
De là nous pouvons regarder deux écrans de télévision qui diffusent l'un un match de foot gaélique l'autre un match de curling et chacun y trouve de quoi se passionner.
On envisage une navigation ici demain à partir du petit port en face; le temps est bouché avec un crachin collant, pour les prochains jours guère d'amélioration prévue pour les falaises de Moher à au moins 3h de route, ça semble compromis et d'un commun accord nous y renonçons préférant un détour vers Killarney à l'intérieur et son parc National.

Lundi 6 juin 2022

Lever 5h 30, il fait gris, le sommet des collines environnantes est recouvert de nuages bas, crachin, balade jusqu'au col à 2 km environ

Au passage j'aperçois l' Oratoire de Gallarus

dans les champs une espèce de grande avenue mène à l'entrée du site fermé à cette heure mais un peu plus loin un chemin avec une barrière que j'ouvre sans problème et j'ai accès au site

C'est un des sites les plus visités d'Irlande : petit bâtiment de grès brun présenté à sa découverte en 1756 comme une église paléochrétienne du VII° siècle mais sans doute postérieur, possiblement du XII° siècle et serait en fait une chapelle funéraire ou un abri pour pèlerins.
Puis je me promène dans la campagne … Au retour Joël m'annonce qu'il n'envisage pas de faire la sortie kayak prévue mais je ne veux pas y renoncer et la ferai donc seul. Joël accepte gentillement de m'emmener jusqu'au petit port de Balli na ngall

le temps n'est pas très engageant mais la balade est sympa avec au loin au sud est de l'autre côté de la baie le massif des trois sœurs

je longe de hautes falaises noires là où hier commençait le chemin de randonnée , quelques belles grottes

puis la roche prend une couleur rouge

un petit pier avec une solide digue et une petite cale mais pas un bateau

puis bientôt une longue plage de galets où vient se jeter une petite rivière escale pour les oiseaux semble – t-il

je continue un peu vers l'ouverture de la baie

mais la distance est encore longue et je dois songer au temps du retour et je traverse rejoignant bientôt la côte longée ce matin

Parti à 9h 30 je suis de retour à 12h 30

satisfait de cette petite sortie dépaysante et tranquille … et qui je ne le sais pas encore sera la dernière.
J'appelle Joël qui vient me récupérer puis nous remballons et prenons la route pour Killarney sous la grisaille

Notre progression vers le nord ouest a donc pris fin, météo oblige, mais comme nous a si bien dit Jon il y a des tas de choses à découvrir en Irlande même quand on ne navigue pas, et nous nous éloignons cette fois de la côte avant de revenir sur nos pas et de rejoindre les environs de Cork pour un tourisme plus terrestre.