Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 14 : De Piantarella à Capo di Feno
Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 14 : De Piantarella à Capo di Feno
Vendredi 11 juin 2021
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
8h30, Plage de Piantarella.
Nous partons pour deux jours de navigation autour de Bonifacio.
Nous embarquons de la plage devant la paillote.
En face, l'île de Piana.
A tribord, la plage du Petit Sperone.
Soleil, eau turquoise, peu de vent ... la journée s'annonce magnifique !
Nous passons la pointe de Sperone (spronu, en Corse : l'éperon).
Sur cette pointe, nous apercevons une partie des soixante quinze hectares de nature maîtrisée du golf de Sperone.
Celui-ci est considéré comme un des plus beaux. Pour Golf Européen il est parmi les 50 golfs les plus spectaculaires du monde. Golf Magazine a classé le trou n°16 comme un des par 5 les plus exceptionnels; Il faut passer deux fois au dessus de la mer pour toucher le green en deux coups.
A l'extrémité de la pointe, nous apercevons un amer original.
Aux premières falaises de calcaire succède la plage du Grand Sperone.
Des maisons d'architectes s'intègrent parfaitement dans le paysage.
Les verts intenses de la végétation et du maquis, le bleu profond de la mer, alternant avec les bleus turquoise des lagons, les plages de sable fin, toutes ces palettes de couleur et de matériaux font de cet endroit un lieu paradisiaque que certains ont su exploiter.
Nous apercevons le phare de Pertusato ...
... et passons le Capo Testagro.
Nous voici devant les immenses falaises de calcaire qui dominent la mer.
On voit bien les strates de calcaire, couchées quasi horizontalement, comme un énorme mille feuilles, mais sans la crème vanille.
Devant nous, la silhouette si caractéristique du Cap Pertusato, et devant lui, le fameux "gouvernail" de la Corse, un énorme bloc de calcaire qui ressemble à la coque d'un bateau.
Sur celui-ci a été érigé un oratoire dédié à Saint-Antoine.
A tribord, la plage Saint-Antoine.
On se croirait en Egypte, quelle chance de découvrir ce site en kayak !
Nous profitons de cet environnement exceptionnel en cherchant chaque faille, chaque trou, pour explorer.
Nous arrivons à la grotte de l'Orca, dans laquelle nous entrons grâce à un petit passage creusé par l'érosion. Nous arrivons dans un immense trou de 30 mètres de large, à ciel ouvert.
Ce site était l'un des derniers sites de reproduction du phoque moine en Corse. Cette espèce, aujourd'hui pratiquement disparue de Méditerranée, était fréquente dans cette zone dans les années 1960.
Dans le fond, une petite plage de sable.
L'eau couleur émeraude est d'une belle transparence.
Sublime !
En levant la tête, nous observons un dragon sculpté par l'érosion.
Nous restons un moment dans cet endroit magnifique, en réalisant le privilège que nous avons d'être ici.
Jean en profite pour se baigner.
Nous sortons de la grotte et admirons les falaises abruptes de calcaire blanc, et au loin, la ville de Bonifacio.
Au-dessus de nous, le sémaphore de Pertusato, un édifice militaire, dont les personnels veillent sur la navigation marine du jour comme de nuit et ce, dans le détroit des Bouches de Bonifacio.
Nous naviguons le long de la falaise, en explorant toutes les grottes.
Quel bonheur de naviguer dans un tel paysage !
On se sent tout petit devant ces immenses falaises de calcaire, hautes de 50 à 70 mètres, qui dominent la mer.
Nous voici devant un gigantesque rocher, nommé le Grain de Sable.
Il s'est détaché de la falaise il y a huit siècles.
Nous arrivons à Bonifacio, cité perchée sur son rocher calcaire.
Les maisons sont au bord du vide, c'est impressionnant.
Ici, les bouches de Bonifacio se caractérisent par des vents quasi-quotidiens, ainsi que de forts courants marins.
Aujourd'hui, nous avons de la chance, le temps est calme.
Alors que la houle creuse le bas des falaises, plus l'on monte en altitude, et plus les couches de roches sont résistantes.
Les maisons sont construites sur des couches très fermes, solides, et pratiquement inaltérables. La seule altération, c'est quand la partie basse est attaquée par la mer, à ce moment-là ça peut tomber.
Nous sommes au plus près de la falaise.
Nous arrivons devant un escalier, à flanc de falaise, qui descend presque à pic vers la mer, c'est l'escalier du Roi d'Aragon, classé monument historique.
Selon sa légende, il a été creusé de main d’homme dans la falaise calcaire en une nuit par les troupes espagnoles du Roi Alphonse V d’Aragon en 1420.
En réalité, sa construction aurait nécessité beaucoup plus de temps car l'escalier existait avant le siège par le roi d'Aragon. Il aurait été créé par les moines franciscains pour accéder à une source d'eau douce - le puits Saint-Barthélémy - située dans la grotte au pied de la falaise.
Il est composé de 187 marches, toutes aussi irrégulières les unes que les autres, soit à peu près 60 mètres de dénivelé entre le départ et l'arrivée..
Aujourd’hui, le puits n’est plus utilisé et est fermé.
Nous voici maintenant devant une immense grotte dont la forme de l'entrée n'est pas sans rappeler le bicorne, ce couvre-chef militaire adopté par les officiers à la fin du XVIIIe siècle et dont le souvenir restera, sans doute à jamais, lié à celui de l’Empereur Napoléon Bonaparte.
C'est la grotte Saint-Antoine, appelée aussi grotte du chapeau de Napoléon, juste avant l'entrée dans le goulet du port de Bonifacio.
Nous apercevons de multiples stalactites qui illustrent bien le long travail d’érosion entrepris par l’eau douce, travail qui vient s’additionner à celui effectué par la houle et le vent, souvent violent dans ce détroit.
Nous apercevons le phare de la Madonetta, qui balise l'entrée du goulet de Bonifacio.
Nous entrons dans le goulet, en étant vigilant au trafic maritime.
Nous remarquons dans la falaise des vestiges de la seconde guerre mondiale.
Laissant la citadelle à tribord, nous rentrons dans la calanque de l'Arinella.
Nous débarquons pour pique-niquer.
Cette calanque est interdite au mouillage.
Nous sommes seuls et profitons de l'endroit.
Comme souvent lors de notre séjour, nous appliquons le triptyque bain-repas-sieste.
Jean-Yves installe son hamac sur son kayak.
Six kayakistes arrivent dans la calanque, ce sont des bretons, du club de Vannes.
Ils font un séjour de quinze jours en Corse en naviguant à la journée, autour d'un camp de base en camping.
Nous parlons kayak, bien sûr, et Jean-Yves fait une démonstration de son système hamac sur kayak.
Nous quittons nos amis, qui pique-niquent ici.
En sortant de la calanque, nous avons une belle vue sur la citadelle.
Nous sortons du goulet en longeant la falaise rive droite.
A la sortie du goulet, nous sommes devant le phare de la Madonetta. Sa portée est de 7 milles.
En face, la grotte Saint Antoine (ou grotte du chapeau de Napoléon)
Nous naviguons vers l'Ouest, en longeant la falaise et en explorant toutes les grottes.
Nous arrivons devant la grotte de Sdragonato, ou grotte du Dragon.
L’eau turquoise et transparente, les rayons du soleil qui illuminent les parois de la grotte garnie de stalactites, les fonds marins colorés...
On lève les yeux et on aperçoit une ouverture à la forme de la Corse, laissant entrer la lumière dans ce lieu sombre.
Le spectacle est saisissant.
La nature nous offre des moments rares de contemplation.
Nous poursuivons notre balade côtière ...
... et nous arrivons à la plage de Fazzio.
Cette petite crique secrète de sable fin est souvent surnommée la "petite caraïbe".
Pour compléter le décor : eau turquoise avec en arrière plan le maquis.
Après avoir contourné le Capo Foce di Lera, nous voici devant la plage de Paragano, caché au fond de son mini-fjord.
Nous sommes ici l'exact point de rencontre entre le granite de la côte ouest de la Corse et le fameux calcaire des falaises de Bonifacio.
Le décor change, les couleurs aussi ...
Nous naviguons en direction du Capo di Feno.
Peu avant le cap, une petite crique ... bivouac interdit.
Jean-Yves a débarqué pour lire le panneau.
Et voici l'imposante tour carrée du phare du Capo di Feno.
Celui-ci, très isolé, a été inauguré le 15 mai 1874 en même temps que celui des Lavezzi.
Il a été construit sur une pointe de roche surplombant une petite crique où le bateau de ravitaillement pouvait aborder lorsque l'état de la mer le permettait. Le reste du temps les vivres étaient acheminées à dos d'âne depuis une autre crique plus lointaine ou même par le sentier longeant la côte le long de la baie de Paragano.
Nous faisons demi-tour.
Nous repartons en suivant la même côte qu'à l'aller, et nous remarquons une petite calanque qui mène à une petite plage bien cachée. Nous ne l'avions pas vue.
Nous traversons directement vers le phare de Madonetta.
Les oiseaux marins nous accompagnent.
Nous avons un autre point de vue sur les falaises de Bonifacio.
Nous nous engageons dans le goulet du port de Bonifacio, et nous rencontrons Caroline et Claude, le couple de Briançon que nous avions vus sur la plage de Rondinara (voir article précédent).
Ils quittent Bonifacio et naviguent vers l'Ouest.
Nous faisons halte dans la calanque de l'Arinella.
Nous y passons la nuit.
Jean-Yves a installé son hamac sur son kayak.
Pour Jean-Jacques et moi, c'est formule bivy.
... et pour Jean, sursac, mais avec moustiquaire de tête, car les moustiques sont très présents.
Les falaises, les calanques, les criques, les grottes marines, les rencontres ... nous avons encore vécu une journée exceptionnelle.
Nous avons parcouru environ 15 milles nautiques.
A suivre ...