Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 5 : le Cap Corse, de Centuri à Santa Severa
Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 5 : le Cap Corse, de Centuri à Santa Severa
Mardi 1er juin 2021
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Après une première étape jusqu'à Centuri (voir article précédent), nous allons aujourd'hui passer le Cap Corse.
La journée s'annonce belle, quelques voiliers sont au mouillage sur une mer plate.
Nous rangeons notre campement et nous embarquons vers 8h15.
Nous contournons l'îlot de Capense, sous l'oeil inquiet des cormorans.
Nous rentrons dans le port de Centuri.
Au XVIe siècle, Gênes décide de construire une tour à l’entrée du port dont les vestiges sont toujours visibles.
Construit autour d’une poignée de maisons, le village trouve son point d’appui dans la marina colorée grâce aux filets multicolores des pêcheurs qui perpétuent depuis des siècles la tradition ancestrale de la pêche à la langouste.
Pascal est un prénom répandu en Corse (peut-être en référence à Pascal Paoli, héros corse du XVIIIe siècle, considéré comme l’opposant à la cause française, chef d’un Etat Corse qui a existé de 1755 à 1769).
De nombreux bateaux ont aussi pris ce nom.
Nous sortons du port et longeons cette côte sauvage.
Sur un piton rocheux, nous apercevons d’étranges amas de branches.
C'est un nid de balbuzard. Véritable prouesse architecturale pour un oiseau ! Cela fait souvent penser à un nid de cigogne. Et pourtant c’est un aigle, d’une envergure de 1,50m à 1,70m qui construit ce nid, qui peut dépasser le mètre de haut.
Le balbuzard corse construit toujours son nid proche de l’eau, une sorte de mirador naturel qui lui permettra de guetter le poisson en surface. Il plonge alors à pic, pour attraper le poisson dans ses serres.
C’est un oiseau migrateur, il vient passer les beaux jours en Corse mais retourne ensuite en Afrique du Nord et en Mauritanie.
Le Capo Grosso est en vue, surmonté par le sémaphore du Cap Corse.
Le manteau forestier est inexistant sur toute la partie nord-ouest, nous sommes en présence d'un maquis ras.
Le secteur Nord Cap Corse est fréquemment balayé par le libeccio, vent d'ouest dominant, sec et violent.
Nous parcourons les derniers milles avant de changer de cap.
Nous mettons cap à l'Est pour longer cette côte aride et sauvage.
Nous arrivons devant la marine de Tollare, et sa tour génoise.
Vraisemblablement construite au 16è siècle, celle-ci devait protéger les opérations de négoces et notamment l’embarquement des marchandises.
Les registres d'état civil et paroissiaux laissent penser que la marine n'était pas habitée en permanence.
Les habitants des hameaux de l’intérieur devaient y descendre pour pêcher puis remontaient travailler leurs terres en dehors des périodes de navigation.
Plus que des habitations, les maisons adossées les unes aux autres de Tollare devaient servir d’entrepôt à grains dans l’attente de leur expédition par voie maritime vers la Toscane, la Ligurie, la Provence.
A l’est de la marine de Tollare, on trouve une grande plage sauvage qui s’étend sur environ 200 mètres. Cette plage de galets du Cap Corse est l’une des plages les plus au nord de l’île de beauté.
Face à cette plage, on trouve l’ile de La Giraglia.
Autrefois centre de pêche au corail, l'îlot voit aujourd'hui son écosystème rare protégé par le réseau Natura 2000. Cormorans huppés, goélands d'Audoin, et puffins cendrés ont investi l'île.
Sur sa pointe nord, un phare et une tour génoise sont édifiés côte-à-côte.
Nous voici devant Barcaggio, un charmant petit hameau et une grande et magnifique plage de sable fin, à proximité d’un ensemble de dunes parmi les plus hautes de Corse.
Au dessus de la baie de Capendula, pittoresquement perchée au sommet de la Punta d'Agnello se dresse la tour d'Agnello, depuis la fin du 16° siècle.
Nous subissons par intermittence un vent d'Est de force 4. Les passages de pointes, avec ce vent de face, nous amènent à pousser un peu plus sur la pagaie.
Nous faisons une halte sur une plage de galets de la baie de Capendula.
Nous longeons quelques falaises de calcaire ...
... et atteignons la tour de Santa Maria.
Fréquentée depuis toujours par les navigateurs, la tour de Santa Maria di a Chjapella a été bâtie en 1549.
Un réseau d’une centaine de tours de surveillance (30 dans le seul Cap Corse) avait été mis en place par la République de Gênes. Elles servaient à prévenir les populations de l’arrivée des pirates barbaresques. Certaines, construites au ras de l’eau, permettaient surtout de contrôler le mouillage et de prélever des taxes sur les marchandises.
En 1793, la tour de Santa Maria est attaquée au canon par la flotte anglaise en guerre contre la France. Aujourd’hui, la tour en ruine a les pieds dans l’eau. Ce n’était pas le cas lors de sa construction : le niveau de la mer s’est élevé.
Nous passons la pointe Est puis nous virons au sud.
A bâbord, les îles de Finocchiarola.
Site principal de nidification des goélands d’Audoin, en Méditerranée du Nord, et abri de nombreux oiseaux marins, les trois îles des Finocchiarola (Terra, Mezzana, et Finocchiarola) sont devenues réserve naturelle en 1987.
La flore des trois ilots est en partie constituée de cinéraires maritimes, de touffes d’immortelles, de mauves, de graminées et de poireaux sauvages, ainsi que des « fenouils » qui ont donné leur nom à l’archipel (finochju).
Nous apercevons une tour construite en 1594 au point culminant du plus grand îlot.
Nous pique-niquons dans une petite crique après la plage de Tamarone.
Nous reprenons notre navigation vers le sud.
Ici, au niveau de la Punta di a Coscia, deux tours, au même endroit, traduisent plusieurs siècles d'histoire :
la tour génoise et la tour télécom.
Nous voici devant Macinaggio.
C'est la marine de Rogliano et le plus grand port de plaisance du Cap Corse.
Le relief est maintenant plus boisé : chênes verts, châtaigniers, oliviers ...
Nous voici devant la marine de Méria.
Nous remarquons parfois sur la côte la présence d'imposantes maisons, beaucoup plus grandes et plus belles que les maisons des villages.
Elles sont appelées "Palazzi di l'Americani".
Dans le Cap Corse, 157 maisons des américains sont recensées.
L'histoire de ces maisons est vieille de plus d'un siècle. Des capcorsins aventuriers partis faire fortune aux Amériques ont construit ces maisons sur des emplacements admirables ainsi que de surprenantes tombes néo-classiques avec de nombreux symboles qui sont visibles sur les plus beaux promontoires souvent tournés vers la mer et l'éternité.
Une mise en scène architecturale qui domine le paysage, véritable témoignage de la réussite économique de ces aventuriers tentés par des horizons lointains. Chaque maison, chaque tombe raconte une histoire singulière.
... encore quelques milles vers le sud ...
... et nous nous arrêtons sur une plage de galets avant Santa Severa.
Nous montons notre bivouac : tarp pour Jean-Jacques, hamac sur kayak pour Jean-Yves et bivy pour moi.
Il n'y a aucun accès sur cette plage par la terre.
Jean, quant à lui, trouve refuge dans son sursac, sur les hauteurs, sur un tapis de fougères, et entouré de plantes odorantes.
Comme souvent, nous trouvons sur cette plage des roches remarquables.
C'est la fin de cette deuxième étape dans le Cap Corse.
Une belle journée de navigation dans des superbes paysages.
Nous avons parcouru 16,56 milles nautiques.
A suivre ...