Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 12 : Cap au sud, les îles Lavezzi, un archipel aux airs d'Eden
Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 12 : Cap au sud, les îles Lavezzi, un archipel aux airs d'Eden
Mardi 8 juin 2021
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Aujourd'hui, c'est journée de transit.
Du camping de la Gradelle, dans le Golfe de Porto, nous partons pour le camping des Iles, à Bonifacio.
Nous démontons notre campement, et nous prenons la route vers 10h00.
Nous faisons un arrêt pour pique-niquer, puis un ravitaillement dans un supermarché à Propriano.
Nous profitons d'une vue magnifique sur quelques points de vue.
Nous arrivons au camping des Iles à 17h00.
Nous sommes très bien accueillis par un agent d'origine sarde, avec qui nous évoquons notre voyage en Sardaigne, en 2019 (voir articles sur ce blog)
Il nous indique que la plage est à 300 mètres du camping.
Nous installons notre campement.
Après le repas, nous partons en balade pour reconnaître les environs.
En réalité, la plage est à un kilomètre !
Mercredi 9 juin 2021
Nous embarquons de la cale de Piantarella vers 8h15.
Face à l'île de Piana, cet endroit, avec cette mer translucide et ce lagon avec des bancs de sable, est un véritable paradis de glisse nautique.
Nous passons à l'ouest de l'île de Piana, et laissons à tribord la pointe de Sperone.
Dans le lagon, nous observons quelques dauphins.
Le vent génère un clapot.
Nous prenons la direction de l'île Lavezzu
Nous nous approchons des premiers rochers, et apercevons le phare des Lavezzi, et les mâts des voiliers au mouillage.
Devant nous, une stèle commémorative pyramidale, en hommage aux disparus de la frégate la Sémillante, qui fit naufrage ici.
Nous prenons un passage à travers les rochers et débarquons sur la plage de la Cala Achiarina, au sud-ouest de l'île Lavezzu.
Ici, le paysage est spectaculaire et offre une sensation de dépaysement immédiat, dépaysement d'autant plus intense qu'à cette heure, nous sommes seuls sur l'île.
Devant nous, des dizaines de petites pierres tombales et de croix anonymes encerclées par une muraille, c'est l'un des deux cimetières qui rappellent le terrible naufrage de la Sémillante.
Le 14 février 1855, à 11 heures, La Sémillante, frégate à voiles de 54 mètres de long, appareille de Toulon par brise d’ouest assez fraîche. On est alors en pleine guerre de Crimée, opposant la France de Napoléon III, l’Angleterre et la Turquie à la Russie. Le navire est donc chargé de 394 militaires et de 400 tonnes de matériel destinés à l’armée d’Orient. Il est mené par un équipage de 308 hommes.
Le 15 février au matin, La Sémillante se trouve au large du sud de la Corse, mais le temps s’est considérablement dégradé et c’est maintenant un véritable ouragan de secteur ouest qui souffle. Il menace de jeter le bâtiment sur la côte sarde, lui interdisant de faire route au sud, comme prévu.
Le commandant Jugan, marin de grande expérience, n’a plus qu’une seule option : s’engouffrer, à une vitesse impossible à maîtriser, dans l’entonnoir des Bouches de Bonifacio, que la tempête transforme en chaudron de l’enfer.
Dans ces conditions, la visibilité est grandement réduite et les risques d’avaries considérablement augmentés. Mais il n’y a pas d’autre choix possible et Jugan lance la frégate entre Corse et Sardaigne
Vers 11 heures du matin, le chef du phare de la Testa, sur la côte sarde des Bouches, aperçoit un navire à sec de toile, qui lui semble privé de gouvernail et qui disparaît dans les embruns, après avoir hissé une voile d’avant. Au même moment, rassemblés sur les hauteurs de Bonifacio, un prêtre et ses fidèles entrevoient furtivement un grand bâtiment « semblable à une nébuleuse noyée dans les vapeurs de la mer, allant sans règle et sans conduite ».
Vers midi, sur l’île Lavezzi, le berger Limieri, réfugié dans sa maison de pierre, entend un grondement « pareil à un tonnerre venant de sous-terre ». Un peu plus tard, sorti de son abri, il découvre la mer en furie couvertes d’épaves énormes que les flots démantèlent et rejettent dans les criques ou entraînent vers le sud de l’île.
La tragédie est consommée : La Sémillante s’est écrasée sur la pointe sud-ouest de l’île, entraînant dans la mort ses 702 passagers.
Jusqu’à ce jour, ce naufrage reste la plus grande catastrophe maritime en Méditerranée.
Les cimetières sont souvent le témoignage d'une colonisation urbaine et nous rappellent le lien si ténu entre la vie et la mort.
Ici, les seuls compagnons de ce lieu de recueillement sont les mouettes, les goélands et les cormorans ...
Les nuages gris du matin se dissipent peu à peu, laissant apparaître un magnifique ciel bleu, qui met en valeur le superbe paysage que nous avons devant nous.
Nous commençons une belle promenade pédestre, admirant la flore locale.
Cette île est inhabitée et, pour le moment, nous sommes seuls ... quel privilège !
De nombreux lézards fuient devant nos pas ...
Quelques voiliers ont jeté l'ancre ici, devant ces plages paradisiaques.
Nous voici devant une ancienne bergerie construite au 19ème siècle par des familles bonifaciennes. Ces familles y séjournaient avec leurs troupeaux 6 mois de l’année.
Aujourd'hui, les touristes ont remplacé les troupeaux de bêtes sur les Lavezzi.
Le paysage bucolique a laissé place à un paysage balnéaire.
Nous suivons les sentiers balisés, et arrivons au débarcadère, qui va bientôt déverser son lot de touristes.
Nous entrons dans le cimetière de Furcone, où s'élève une petite chapelle.
Ici reposent une partie des victimes de la tragédie de la Sémillante.
Nous poursuivons notre découverte de ces chaos rocheux aux formes fantasmagoriques, ponctués d'anses de sable fin.
Nous revenons à nos kayaks ...
... et reprenons la mer.
Les premiers bateaux de touristes commencent à arriver.
Nous passons devant le phare, à la pointe sud de l'île.
Nous longeons la côte vers le Nord, nous naviguons au milieu d'énormes blocs de granit, aux formes les plus diverses.
... sous l'oeil curieux des cormorans.
Les plages de sable fin sont baignées d'une eau cristalline, elles font immanquablement penser aux Seychelles.
Nous nous arrêtons pour pique-niquer.
Comme souvent depuis notre arrivée en Corse, nous ne résistons pas à l'envie de prendre un bain.
Ici, l'environnement est sublime.
Equipé de masque, tuba et palmes, j'ai l'impression de me baigner dans un aquarium.
Jean-Jacques a eu la bonne idée de prendre quelques photos sous-marines.
Après le repas, sieste pour les uns, balade pour les autres.
Avec Jean-Jacques et Jean, nous partons vers le phare.
Le phare des Lavezzi n'existait pas lors du naufrage de la Sémillante, en 1855.
Mais si sa construction fut décidée juste après cette catastrophe, sa réalisation ne verra pourtant le jour que le 15 mai 1874, près de vingt ans après !
Situé à la pointe Becchi, il s'agit d'une bâtisse simple avec une petite maison blanche à toit incliné, en forme de chapelle, surmontée d'une tour carrée à large bande rouge.
Haut de 12 mètres, il balise le détroit des Bouches de Bonifacio, entre la Corse et la Sardaigne.
Il fut automatisé en 1986.
Nous revenons sur nos pas.
Jean et Jean-Jacques cherchent des trésors au milieu d'un amas de bois flotté.
Après avoir rejoint Jean-Yves nous reprenons la mer.
Nous longeons cette côte spectaculaire, et allons au nord de l'île jusqu'à la Cala di Chiesa.
Cette plage est considérée comme la plus belle, et a l'avantage d'être protégée des vents dominants et les bateaux ne peuvent pas s'en approcher.
Nous reprenons notre route vers le Nord, pour rejoindre l'île de Cavallo.
Cette île est la seule île habitée de l'archipel des Lavezzi. Elle est surnommée l'île des milliardaires.
Aujourd’hui, l’accès sur l’île de Cavallo est réglementé. Elle forme un monde à part, protégé et prisé par les jet-setters.
La circulation est réservée aux voitures électriques et aux bicyclettes. Et parce que l’Île des milliardaires doit rester une oasis pour des raisons essentiellement écologiques, seuls quelques privilégiés peuvent s’offrir des vacances sur l’île.
On trouve sur la marina quelques magasins, des restaurants et un hôtel.
La plus grande partie de l’île est constituée de propriétés privées, on recense 222 propriétaires, à 99 % étrangers, et environ 320 parcelles de terre, sur lesquelles se louent des villas à 25 000 euros la semaine.
Aujourd'hui, il y a beaucoup de place dans la marina.
"Tout commence un matin de 1966. Jean Castel, le roi de la nuit parisienne, embarque sur le bateau d’un ami pêcheur pour visiter les îles Lavezzi, un archipel de 23 îlots perdus entre la Corse et la Sardaigne. Séduit par ces quelques cailloux paradisiaques jetés sur le bleu étal de la Méditerranée, il décide aussitôt d’acheter Cavallo, la plus grande des îles, pour deux ou trois millions de francs, et offre le reste à la mairie de Bonifacio. En échange de quoi, il obtient l’autorisation de construire sur les 112 hectares, encore vierges, de son nouveau royaume.
Il aménage des bergeries en pierre avec des toits en tuiles de cèdre. Il n’y a pas d’électricité. L’eau est apportée par bateau avec un peu à manger et beaucoup à boire.” Castel convainc ses amis de le rejoindre et de se faire construire une maison dans son nouveau jardin d’Eden.
Victor-Emmanuel de Savoie, héritier du trône d’Italie, Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni, Brigitte Bardot, Mick et Bianca Jagger, Bill Gates, Roman Abramovich, autant de célébrités qui ont résidé sur Cavallo" (source : l'Officiel).
Une piste d’atterrissage a été construite pour accéder rapidement sur l’ile depuis les plus grandes capitales européennes.
Nous sortons de la marina et faisons le tour de l'île par l'Est.
Après avoir navigué au nord de Cavallo, nous traversons vers l'île Ratino.
Nous arrivons ensuite devant les plages au nord-est de l'île de Piana.
Nous arrivons à la cale de Piantarella vers 16h30.
Nous profitons de la superbe vue sur le lagon, en prenant une bière à la paillote en bord de mer.
Nous revenons au camping des Iles.
Rangement, douche, rinçage ... le rituel quotidien.
La soirée se terminera par une partie de belote.
Aujourd'hui, nous avons parcouru 11,5 milles nautiques.
Encore une journée où nous en avons pris plein les yeux.
La nature nous a une fois de plus offert un spectacle magnifique, et des moments inoubliables.
Nous avons aussi replongé un peu dans l'histoire, et découvert des sites un peu secrets.
On en redemande !
A suivre ...