Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 4 : le Cap Corse, de Saint-Florent à Centuri
Corsica 2021, la beauté, essentielle, de la nature - Chapitre 4 : le Cap Corse, de Saint-Florent à Centuri
Lundi 31 mai 2021
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Le soleil se lève sur la plage de la Roya à Saint-Florent.
Après trois jours dans les Agriates (voir articles précédents), nous entamons le deuxième chapitre de notre séjour en Corse.
Nous partons ce matin pour trois jours de randonnée autour du Cap Corse.
Nous négocions avec la gérante du camping la possibilité de laisser nos véhicules en parking, moyennant paiement. Le camping est très loin d'être complet, nous avions un large choix pour l'emplacement.
Elle refuse et impose de laisser au moins une tente. Nous concluons l'affaire, ce qui nous permet de laisser nos voitures dans un endroit sécurisé.
Nous embarquons de la plage de la Roya à Saint-Florent à 9h15.
Nous traversons directement le golfe de Saint-Florent vers le nord-est.
Nous passons devant la balise de Tignoso, de 8 mètres de haut, qui signale un haut-fond rocheux en partie émergé.
Une citadelle, avec sa forme circulaire et son toit pointu, surplombe la ville de Saint-Florent.
Elle fut construite en 1440 par les génois.
Nous effectuons la traversée par un vent de force 4, de face.
A tribord, nous apercevons les Marines du Soleil, qui proposent des hébergements.
Nous arrivons devant une côte aux falaises blanches, constituées de couches de sédiments composés de calcaires.
Dans ce relief varié, nous explorons chaque passe, chaque trou, chaque grotte ...
La roche est très découpée par l'érosion, et présente parfois des formes originales ...
Ici, une immense arche ... pour combien de temps encore ?
Nous admirons ces magnifiques surplombs rocheux, et nous amusons à découvrir les passes ...
Nous arrivons devant la plage de Campo Magiore.
Après un promontoire rocheux, voici la plage de Catarelli, une des rares plages de sable du Cap Corse.
La construction que nous apercevons est réalisée en pierres de couleur verte.
Nous arrivons à la marine de Farinole.
Nous apercevons la tour génoise.
Cette tour, construite en 1562, était à la charge des habitants de Farinole. Elle fut une des premières construites et a été en service jusqu'à la fin du 18e siècle; elle disposait de deux soldats et d'un chef de tour.
Nous poursuivons notre balade côtière, le relief change, les roches sombres et découpées remplacent les sédiments de calcaire.
Nous arrivons à la marine de Négru, où, ici aussi, se dresse une tour génoise.
La tour a vraisemblablement été construite, comme plusieurs autres voisines, vers 1559-1560, et était à la charge des habitants d'Olmeta.
La balade se poursuit au pied de falaises de schistes impressionnantes.
Nous explorons quelques grottes.
Cette roche ne rappelle-t-elle pas un visage de profil ?
Au-dessus de nous, l'ancien couvent San Francescu.
Il date du XIIIè siècle.
Nous croisons un groupe de kayakistes. Ils naviguent en kayak double.
Il s'agit de Thierry et Thomas, originaires de Lyon, ainsi que Pascal, qui est corse, et Rafael, qui est espagnol.
Nous échangeons sur nos parcours. Ils nous donnent quelques infos sur les sites intéressants qui sont devant nous.
Dressé sur un piton rocheux, nous apercevons le village de Nonza.
Toute la côte au nord du village de Nonza est constituée d’une immense plage de sable et de galets noirs issus des rejets d’exploitation de l’ancienne carrière d’amiante de Canari-Abro. L’usine a été fermée en 1965. La commune s’était agrandie de 26 hectares !
Derrière nous, en haut de la falaise, nous apercevons la tour paoline, édifiée en 1760.
Cette tour de schiste gris vert, carrée, se situe à l'emplacement de l'ancien château, soit à 167 mètres d'altitude. Elle est bâtie sur le modèle des tours génoises.
Nous débarquons à l'extrémité de la plage , pour pique-niquer.
Aujourd'hui, nous avons de la chance, la mer est calme, et nous pouvons même prendre un bain.
Lorsque la mer est agitée, la violence des lames, phénomène répandu sur la côte ouest du Cap et accentué par le caractère abrupt de la grève artificielle, rend la baignade dangereuse .
Les roches alentours nous donnent l'impression d'être sur une autre planète.
Nous reprenons la mer, et arrivons bientôt devant la tour génoise d'Albo.
Celle-ci surprend par son aspect, bien différent de celles rencontrées jusqu'à présent.
Lisse et de couleur claire, l'opposé même de l'image de la tour génoise en pierres sombres que l'on a aujourd'hui.
En réalité, cette tour a été restaurée en 2019, et l'architecte a voulu une tour qui ressemble à 99% à l'originelle.
C'est donc bien ainsi que les voyaient nos aïeuls il y a cinq siècles.
Au pied de la montagne, le village d'Ogliastro.
Après cette falaise blanche ....
... nous voici devant l'usine d'amiante de Canari.
Celle-ci a dynamisé l’économie de toute la région. Le filon d’amiante avait été découvert en 1898, mais son exploitation, par la société Eternit, n’a commencé que dans les années 1920.
Le minage de cette fibre minérale aux propriétés ignifuges a d’abord été artisanal, jusqu’à la construction d’une imposante usine, achevée en 1953. La production a alors crû en flèche jusqu’à atteindre 28 000 tonnes de minerai par an. Un résultat qui a un temps placé la France au 7e rang mondial pour la production d’amiante, grâce au seul site de Canari. Celui-ci couvrait un cinquième des besoins industriels français en 1962.
Après la friche industrielle, nous retrouvons les pittoresques marines.
Ces marines ont été aménagées ou construites, pour la plupart, dès le XVIe siècle.
Simples escales à bateaux ou petits ports de pêche, elles donnent au littoral capcorsin son véritable caractère.
Nous voici devant la marine de Scala.
Avec le vent qui tombe, la mer se transforme en lac tranquille.
Nous passons devant la marine de Giottani.
Tout au long de ce parcours, nous apercevons les villages perchés à flanc de montagne ...
... ainsi que la route départementale D80 qui longe la côte.
Nous profitons de quelques passes entre les rochers.
Nous voici devant la tour génoise de Scalu.
Construite au début du XVIe siècle sur une petite colline surplombant le rivage, la tour génoise de Scalu ou tour de Pino ou encore tour San Francesco est située à 42 mètres d'altitude.
C'est l'une des premières tours édifiées par les génois. La tour de Scalu était gardée par deux hommes la nuit et sa fonction principale était de garder la marine, les bateaux et les magasins située au nord. D'un diamètre de 10,8 mètres à la base et d'une hauteur de 10,5 mètres, elle était constituée de deux niveaux et d'une terrasse qui a aujourd'hui disparue.
Au nord de la tour, l'ancien couvent franciscain San Francescu.
Fondé en 1495, il se situe en bordure de mer, entre la tour de Scalu et la marine éponyme. Les dispositions actuelles du couvent remontent au XVIIème siècle, période pendant laquelle le couvent sert de refuge pour le village face aux pillages.
Il fut occupé jusqu’en 1968 par les franciscains et est propriété de la commune.
Elu « Projet Emblématique » pour la Corse de la Mission patrimoine portée par Stéphane Bern, une aide de 296 000 euros a été attribuée à la dernière phase des travaux lancée le 9 février 2021. Ceux-ci sont prévus jusqu'en 2024.
Chênes verts, pins et autres essences, dévoilant les belles façades de ses maisons, voici la marine de Pino.
On l'appelle aussi marine de Scalu.
C'est une minuscule plage de galets sur laquelle on débarquait à l'aide d'une échelle, qui a servi de marine à Pino. Scalu vient du latin scala, qui signifie échelle.
L’activité maritime de Pino, relativement importante depuis le haut Moyen-Âge, s’était encore développée à la fin du XVe siècle. Le village comptait de nombreux patrons marins assurant les échanges avec le littoral Ligure et Toscan.
La marine est composée de maisons, anciennes maisons de pêcheurs ou magazzini où l’on stockait jadis les marchandises avant de commercer à la voile notamment avec Gênes ou Portofino.
Une habitation isolée, au bord du rivage, avant l'anse d'Alisu.
Située à 2 miles au nord de Pino, la plage d’Alisu est l’une des rares plages du Cap Corse où l’on trouve du sable.
Nous passons le Cap Corvoli, et admirons les villages de Mucchieta et de Baragogna sur les hauteurs ...
La navigation est très agréable, la mer est comme un lac ...
Nous arrivons à la plage de Mute, au sud de Centuri.
Vers 18h20, nous débarquons non loin de l'île de Capense.
Cet îlot est une réserve ornithologique.
De nombreux bois flottés ont échoué sur la plage et les alentours.
Nous établissons notre campement.
J'opte pour le hamac sous un tronc.
Jean-Jacques se confectionne un abri avec un tarp et du bois flotté.
Jean-Yves installe son hamac sur son kayak, et Jean dort dans un sursac.
Nous admirons le coucher du soleil.
Nous ne tardons pas à nous coucher nous aussi.
La nuit sera assez froide. Cette fraicheur me réveille à 3 heures du matin.
J'installe mon underquilt sous mon hamac, et je peux constater l'efficacité de celui-ci : je n'ai plus froid et je trouve à nouveau le sommeil.
Nous avons, une fois de plus, vécu une superbe journée.
Le pittoresque village de Pino, la belle marine de Scalu avec sa tour génoise, la marine de Negru et sa tour, Nonza, ce village fortifié perché en nid d’aigle au-dessus de la mer, sa plage de galets noirs ... autant de lieux splendides que le kayak nous a permis de découvrir sous un angle particulier.
Et ce n'est que la première étape autour du Cap Corse ...
Nous avons parcouru 21,21 milles nautiques aujourd'hui.
A suivre ...