Beg-Meil - Minaouët - Concarneau : un voyage dans le temps
Beg-Meil - Minaouët - Concarneau : un voyage dans le temps ...
Mercredi 21 avril 2021
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Aujourd'hui, la météo est idéale à la pratique du kayak de mer, soleil et peu de vent.
Avec Lionel, Joël et Jean, nous décidons de nous balader du côté du Minaouët et de Concarneau.
Nous partons de la cale de Beg-Meil vers 11h00, la mer sera haute vers 13h00, coefficient 31.
La traversée vers la pointe du Cabellou s'effectue en 45 minutes.
Nous traversons le chenal d'accès à Concarneau près de la balise Lué Vras.
En face, c'est la balise Le Cochon.
Nous voici dans les rochers devant le fort du Cabellou.
Sa construction remonte au XVIII ème siècle (1746), avec des matériaux extraits directement sur place, sur le principe des plans attribués à Vauban.
« ville assiégée par Vauban, ville prise, ville défendue par Vauban, ville imprenable »
Le fort permettait de se protéger des incursions anglo-hollandaises et de défendre l'entrée du port de Concarneau.
Il dispose de 6 embrasures, tournées vers l’Océan, capables de couvrir 200°.
Le fort de plein air comme celui du Cabellou avait de gros avantages pour les "artilleurs " . La fumée importante produite par les tirs était rapidement évacuée par le vent et permettait d'observer facilement la précision des tirs. Il avait aussi l'inconvénient d'exposer les hommes aux tirs ennemis.
Le fort du Cabellou est équipé d’un bâtiment au toit impressionnant recouvert de dalles en granit pour se protéger des projectiles ennemis. Deux pièces composent ce bâtiment. Un logis avec cheminée et surtout à l’arrière une poudrière correspondant au ¼ de la surface totale..
Bellou en vieux breton signifiait guerrier, belliqueux.. Le nom indiquait donc sur les cartes qu'il y avait danger à s'approcher de cette pointe du Cap Bellou.
Lors de la seconde guerre mondiale, un énorme blockhaus a été construit à l'arrière du fort.
Nous longeons la côte jusqu'à la pointe de Grignalou, sur laquelle se dresse le joli petit phare de Pouldohan.
Nous nous engageons dans la ria du Minaouët.
Au coeur d'une végétation luxuriante, le cours d'eau offre un abri aux bateaux.
Nous naviguons au milieu de magnifiques chaos granitiques.
Chaque roche laisse vagabonder notre imagination : un phoque au repos, un monstre pétrifié, etc ...
Nous profitons pleinement de cet endroit calme et paisible ...
Nous arrivons devant la chantier naval du Minaouët, où une grue dépose un voilier sur l'eau.
Ce chantier nautique, créé en 1969, est spécialisé dans l'entretien, la réparation et le stockage des bateaux.
Il dispose de deux aires de carénage de 140 m2 et 45 m2, d'une darse et d'un élévateur qui peut soulever des bateaux de 80 tonnes.
A bâbord, ne serait-ce pas une tête de lion pétrifié ?
A tribord, une petite anse ...
La roche et le végétal dominent les berges ...
Nous voici devant le moulin à marée du Minaouët.
L'édification de ce moulin a été entreprise au XVIe siècle par les seigneurs de Kerven, à Trégunc.
C'est le 17 octobre 1513 que la Duchesse Anne et les représentants du roi Louis XII délivrent l'autorisation de construire le moulin
Le moulin ne fonctionne qu'à marée descendante une fois que les vannes de l'étang sont bloquées.
En 1819, le moulin mer se compose d'un moulin roux pour l'orge et le seigle dont la pierre mouvante mesure 1,67 m de diamètre.
Le moulin blanc, qui broie le froment et le sarrasin, se compose d'une paire de meules faites en pierre de Champagne, mesurant environ 1,55 m de diamètre pour la meule tournante, et environ 48 cm d'épaisseur pour la meule dormante.
(Source : patrimoine.bzh)
Le niveau d'eau me permet d'engager l'avant de mon kayak à l'intérieur du moulin.
Je passe en amont du moulin.
Nous contournons, et passons dessous un énorme rocher fendu.
L'une des faces ne représente-t-elle pas une tête de bélier ?
Nous repassons sous la digue en remontant le courant.
... et nous quittons cet endroit chargé d'histoire, en espérant que ce moulin soit vite restauré.
Nous revenons vers la mer, en appréciant ce magnifique paysage sous un autre point de vue.
Nous nous arrêtons sur une petite plage côté Cabellou pour pique-niquer.
L'endroit est paradisiaque.
Pendant cette pause, je renseigne Joël sur les éléments de sécurité en kayak de mer.
Lionel en profite pour essayer le superbe Sterling Illusion de Joël.
Nous repartons vers 14h00, direction Concarneau.
Nous retrouvons le fort du Cabellou et sa zone rocheuse ...
... et nous contournons la pointe du Cabellou, en admirant les rochers et leur forme parfois surprenante.
Nous traversons vers Concarneau.
Nous remarquons une statue sur un blockhaus.
De juin 1940 à.août 1944, Concarneau était occupé par une garnison allemande.' L'Organisation Todt construisit, sur tous les points stratégiques, des casemates garnies de canons orientés vers la mer. La crainte des occupants était un débarquement surprise des Alliés.
Le quartier du Rouz qui, à l'époque, n'était qu'un bois de pins et une lande, constituait un endroit idéal pour surveiller l'entrée du port.
Cette importante casemate était reliée par un réseau de tranchées aux abris souterrains et postes de D.C.A. Son canon de 47 mm croisait son feu avec celui d'une casemate semblable placée sur l'autre rive, près de la digue.
Ces armements ne furent jamais utilisés mais abandonnés sans combat en 1944.
La statue érigée sur la casemate représente sainte Anne, patronne de l'ancienne paroisse du Passage-Lanriec et protectrice des Bretons. Elle fut sculptée dans.les années 50 par G. Rouxel et donnait lieu, autrefois, à des processions annuelles.
Nous arrivons devant la ville close, et traversons le chenal devant la tour du Fer à Cheval.
Du plan d'eau, nous avons une superbe vue sur les remparts.
Après la tour du Gouverneur, nous passons sous les pont-levis.
Nous voici au pied du beffroi.
Achevé en 1906, celui-ci est devenu le symbole de la ville.
Avec le confinement, il y a très peu de monde dans la ville close, c'est très inhabituel.
Juste en dessous du clocher, le cadran solaire accroché aux murailles fut installé au milieu du XIXe siècle.
Il porte la devise latine « Tempus Fugit Velut Umbra » et sa traduction « Le Temps Passe Comme Une Ombre ».
Nous longeons les remparts jusqu'à la tour du Major.
Des pavillons de différents pays flottent sur cette tour.
A proximité de la tour Neuve, nous retrouvons l'Hémérica.
Ce navire de pêche a été construit en 1957. Il est la propriété du Musée de la Pêche.
Son histoire montre qu'il n'aurait jamais dû porter ce nom car c'est par erreur qu'il a été rebaptisé Hémérica aux Affaires maritimes.
« Quand il a été construit, en 1957, son propriétaire (l'armement Le Huédé à Lorient) lui avait donné comme nom « Pactole ».
Quand l'armement Nicot a racheté ce navire, Pierre Nicot, estimant "qu'il ne gagnait pas un sou avec ce navire", avait décidé de le rebaptiser.
En général, l'armement Nicot, en référence au père du patron qui était grainetier, donnait à ses bateaux un nom de fleur ; comme Ancolie, Anthémis, Héliotrope, ou encore Baccara.
Pierre Nicot a donc demandé à un de ses salariés d'aller aux Affaires maritimes pour faire rebaptiser le "Pactole" et lui donner le nom d'Hémérocalle ; petite fleur très prisée au japon.
Mais la route était longue et entre le bâtiment de l'armement et celui des Affaires maritimes, Hémérocalle est devenu Hémérica ».
(source : Le Télégramme, 12 juin 2017)
Le long du rempart nord, entre la tour Neuve et la tour aux Vins, on remarque deux types de bateaux ...
Nous nous dirigeons vers le port.
Ici, de nombreuses entreprises construisent et réparent des bateaux.
Aujourd'hui l'activité bat son plein.
Devant nous, le Piedrabuena, premier des trois patrouilleurs hauturiers argentins construits par le groupe Piriou, mis à l'eau le 1er octobre 2020.
Ce navire est spécialement adapté à la navigation dans les eaux glacées de l’océan austral, grâce à un renforcement de sa structure.
Il sera chargé de missions de sauvegarde maritime : secours en mer, immigration clandestine, police des pêches, lutte contre les pollutions, lutte contre le narcotrafic, surveillance maritime.
Ce patrouilleur (87 m de long, 14 m de largue) peut rester plus de trois semaines en haute mer, atteindre une vitesse de vingt nœuds et recevoir un hélicoptère.
Il peut accueillir un équipage de quarante personnes, et une vingtaine de passagers supplémentaires. Parmi les innovations, une mâture unique pour une couverture radar à 360°, une passerelle qui offre une visibilité à 360° ou encore un système de rampes permettant la mise à l’eau, en moins de cinq minutes, d’embarcations rapides.
A côté de la construction du deuxième patrouilleur argentin, nous apercevons un superbe trois mâts : le Français.
Anciennement appelé Le Kaskelot (littéralement « cachalot » en danois), Le Français est un trois-mâts barque à coque bois, construit au Danemark en 1948, pour la Royal Greenland Trading Company, rénové en 1983 pour les besoins du cinéma.
En 1948, le Danemark lance ce navire en bois gréé en ketch et doté d'une double coque, comme ravitailleur pour le Groenland. Il sert ensuite comme navire de soutien de pêche aux îles Féroé.
Racheté en 1983 par le Britannique Robin Davies, il est transformé en trois-mâts barque, Il commence sa carrière cinématographique.
En 1984, il rejoint le Groenland, et y utilisé comme équivalent du Terra Nova du capitaine Scott, puis pour servir à remplacer le Fram de Nansen, le voilier de L'Île au Trésor. En 1995, on le voit dans le film français Beaumarchais, l'insolent, puis au générique de la série La Rivière Espérance, tourné au large de Cherbourg.
Il appartient à l'armement Bob Escoffier et est basé à Saint-Malo.
Il est aujourd'hui à Concarneau pour son carénage annuel, réalisé par les chantiers Piriou.
Des bateaux militaires et de pêche sont en réparation ...
Nous passons aussi devant un superbe voilier : le Guillemot.
C'est un yacht de luxe, construit en 2004, de près de 43 mètres de long, qui peut être loué.
C'est le seul yacht de cette taille pour les croisières avec 5 cabines doubles: une cabine propriétaire et 4 cabines-'invités. La grande cabine est située à l'arrière, en duplex, et dispose d'un dressing séparé et d'un sauna.
Le logement de l'équipage est séparé et se trouve à l'avant.
Pour les amateurs, il se loue 120 000 euros par semaine en haute saison (sans compter les taxes)
Derrière le Guillemot est amarré le yacht Louise.
Lancé en 2014, ce voilier de 22 mètres a été construit par le constructeur néerlandais Claasen Shipyards.
Nous revenons vers la ville close et nous croisons le Vachic, un catamaran électrique d'une capacité de 30 personnes.
Ce bac du passage fait traverser l’entrée du port, du Passage Lanriec (place Duquesne) à la ville close.
Cette traversée de 200 mètres environ est la “plus petite croisière du monde” avec un trajet qui ne dure que 3 minutes.
A bâbord, nous admirons les façades multicolores, et à tribord, le clocher de l'église Saint-Guénolé.
Nous longeons les remparts, de la tour aux Chiens au Fer à Cheval.
Nous quittons Concarneau, ses plages, ses immeubles, son Centre des Arts (CAC), ses bateaux ...
... mais aussi ses rochers ... n'est-ce pas ici un cachalot pétrifié ?
Après une traversée d'environ 45 minutes, nous arrivons à Beg-Meil.
Nous avons parcouru environ 12 milles nautiques.
Nous avons vécu une superbe randonnée, qui nous a fait voyager dans le temps :
un fort du XVIIIème siècle, des chaos rocheux millénaires, un moulin à marée du XVIème, une casemate de la seconde guerre mondiale et sa statue des années 50, le beffroi de 1906, la cadran solaire du XIXème, un navire de pêche de 1957, un patrouilleur argentin de 2020, un trois-mâts de 1948, un yacht de luxe de 2004, etc...
Jean et moi avons souvent fait ce parcours en kayak. A chaque fois nous vivons des moments différents, et toujours enrichissants.
C'est la magie du kayak !
Après avoir rangé notre matériel, nous partageons une Mor Braz.
Vive le kayak !