Sterling Kayaks : essais à Beg-Meil
Sterling Kayaks : essais à Beg-Meil
Vendredi 29 janvier 2021
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet et Sandie Desbois.
Pierre Montaland, importateur des kayaks Sterling en Europe, m'a proposé d'essayer ces "kayaks d'exception".
Nous avons rendez-vous ce vendredi 29 janvier, à la cale de Beg-Meil.
Jean et François m'accompagnent.
Pierre et Sandie arrivent avec une remorque de 5 kayaks, qui représentent la gamme des kayaks Sterlings à ce jour.
Nous allons essayer les kayaks suivants :
Pierre nous explique la philosophie et les caractéristiques de cette marque.
Sterling Kayaks est une petite entreprise, artisanale, située à Bellingham, sur la côte Ouest des Etats-Unis.
C'est au sud de Vancouver et au nord de Seattle.
Donalson Sterling souhaite que ses kayaks offrent le plus haut degré de contrôle.
Il a collaboré avec des pagayeurs de classe mondiale, afin de recueillir leurs idées pour créer des kayaks d'excellence.
Nous remarquons immédiatement la qualité de la construction.
Nous sommes ici dans le kayak haut de gamme !
Plusieurs types de constructions sont proposés, les matériaux utilisés sont issus de l'aéronautique, les kayaks sont légers et solides.
Le siège est en mousse de haute densité, une cale en mousse permet le réglage du siège en hauteur, afin d'obtenir un calage optimal, en fonction du programme de navigation ou des vêtements que l'on porte.
Ces kayaks sont très gironnés.
Reg Lake, qui a participé à la construction, et qui avait des antécédents en eau vive, était naturellement attiré par des bateaux très maniables sur les vagues et dans les courants.
Il a commencé à s'intéresser à la façon de «libérer la poupe», comme il le dit - c'est-à-dire comment assouplir considérablement le suivi de l'arrière du bateau afin de rendre les manœuvres, les virages et le surf plus réactifs et plus dynamiques. Il commençait également à porter une attention particulière à la façon dont les kayaks de mer pagayaient à reculons.
Un jour Lake a demandé à Donalson s'il avait un "Grand Illusion" dans le magasin qui n'avait pas encore été équipé de cloisons. C'était le cas, et Lake a rapidement installé un siège dans le bateau face à la poupe et a pagayé le kayak vers l'arrière, testant sa réponse à tous les coups de pagaie et manœuvres habituels.
Il est retourné à la boutique ravi que le kayak se soit parfaitement comporté avec son pilote tourné «dans le mauvais sens».
Son prochain challenge était de coller deux poupes Grand Illusion ensemble pour créer un nouveau bateau avec une coque parfaitement symétrique.
Conséquence : le positionnement de la dérive, qui se situe dans le caisson derrière l'hiloire.
Avantage : il n'y a aucun câble plié et la longueur entre la dérive et la commande est réduite, offrant une manipulation aisée en cas de réparation.
La commande de dérive est positionnée sur l'arrière de l'hiloire, ce qui évite de l'accrocher en pagayant.
Les trappes ont un système de fermeture original : on positionne et on appuie sur le centre, un clic et c'est fermé et étanche.
Petit détail : les trappes sont reliées au kayak par une cordelette.
Les cale-pieds se règlent facilement et sont fixés à l'intérieur du kayak, sans trou dans la coque.
Il n'y a pas de petite trappe devant l'hiloire, mais un élastique est installé sous le pont, ce qui permet de ranger une pompe, un sac étanche, une carte, etc ...
Les lignes de vie sont recouvertes à certains endroits de tubes noirs en vinyle, qui évitent de se couper les mains en cas de forte tension.
Nous nous équipons et transportons les kayaks sur la plage.
Je commence par tester le Grand Illusion.
C'est un kayak de 5m26, large de 59,7cm, prévu pour la randonnée (capacité de chargement : 193kg), mais aussi un playboat.
Pierre me donne des mousses pour faire un calage sur les côtés si besoin.
Je positionne les cale-pieds, c'est très facile avec la tirette de commande.
J'embarque en m'asseyant sur le siège. Malgré l'ampleur de ma combinaison sèche, je n'ai aucun problème à rentrer les jambes dans le kayak.
J'ajuste les cale-pieds, la mousse positionnée sous le siège me procure un bon calage.
Premières impressions : le siège est confortable, j'ai trouvé facilement la bonne position, la stabilité primaire est très bonne.
J'ai le sentiment d'être dans un kayak très volumineux, le pont me paraît haut.
J'ai l'impression d'être tout petit dans un paquebot (le Grand Illusion est prévu pour des kayakistes de 70 à 140kg, j'en fais 78), surtout que depuis quelques temps, j'utilisais plutôt mon Ilaga (kayak groenlandais).
Je suis aussi dans un bateau qui réagit très rapidement au mouvements de mon corps.
Le kayak est léger et tendu (carbone/composite), cette légèreté se ressent à chaque coup de pagaie, pas besoin de faire beaucoup d'effort pour avancer.
Si je donne un peu de gite, le kayak amorce immédiatement le virage. La réactivité est impressionnante, je n'avais pas connu cela dans les kayaks que j'avais essayé jusqu'à présent.
Je navigue un peu plus au large pour trouver un peu plus de vent.
Je vise une balise, j'ai un vent de travers. Je mets un peu de dérive.
La conduite du bateau est très facile, le cap bien tenu.
Avant de débarquer pour changer de kayak, je passe trois rolls.
Le kayak tourne tout seul, aucun problème pour se redresser.
On peut imaginer qu'une fois chargé, c'est encore plus facile.
Jean a commencé à tester le Progression. Il est conquis.
Il teste aussi le roll, sans problème.
François, qui a plus l'habitude des kayaks groenlandais, apprécie la qualité de construction, la légèreté et la maniabilité.
Il teste l'Illusion.
Ce kayak a une stabilité primaire moindre que le Grand Illusion ou le Progression.
Après le Grand Illusion, je teste le Progression.
C'est un kayak pour jouer, destiné aux gabarits moyens. Il mesure 4,91m pour 55,24cm de large.
La stabilité primaire est suffisante pour rentrer dedans avec la combi sèche, sans problème pour passer les jambes.
Mon bassin est plus calé latéralement que dans le Grand Illusion. Les mousses latérales étant obliques, elles calent parfaitement.
Lors de la sortie, il faudra forcer un peu pour s'extraire du kayak.
Dans le Progression, j'ai le sentiment d'avoir un kayak plus adapté à ma morphologie.
Rapide et léger, il est très facile à manoeuvrer. C'est même impressionnant ! Un vrai plaisir.
On a un sentiment de contrôle parfait. Une gite prononcée est tenue facilement, sans tomber, et le bateau tourne sur lui-même.
Il faut presque mettre un peu de dérive pour aller droit.
Aujourd'hui, malgré le vent d'ouest, le plan d'eau est calme. Je regrette de ne pas avoir quelques pentes pour tester ce kayak en surf.
L'Ice Kap mesure 5,13m et 49,6cm de large.
Il est conçu pour les petits gabarits. Son programme : petite randonnée, surf, jeu dans les courants et esquimautage groenlandais.
Etant donné mon équipement aujourd'hui, je ne peux rentrer dedans.
Ayant déjà essayé l'Illusion de Joël, je termine l'essai par le Reflection.
Il mesure 4,88m et 58,74cm de large.
C'est un playboat destiné aux gabarits moyens à forts.
Plus stable que le Progression, il semble moins rapide.
Je retrouve les sensations communes aux deux autres kayaks essayés précédemment : légèreté, facilité de manoeuvre, réactivité.
François teste le Grand Illusion et Jean l'Illusion.
Jean veut tester la remontée à bord par l'arrière.
Celle-ci n'est pas évidente car le bateau roule rapidement (c'est un avantage pour le roll mais moins pour l'auto-récupération)
Le couvre-feu est toujours à 18h00, nous arrêtons les essais, ramassons le matériel et partageons thé et gâteau.
Quand Pierre m'a parlé des kayaks Sterling, il a employé le terme de "kayak d'exception".
La philosophie de Sterling est intéressante :
Il ne souscrit pas à l'idée de construire uniquement ce qu'il pense être le meilleur, mais a plutôt réussi à solliciter l'avis de pagayeurs talentueux et à traduire leurs commentaires en bateaux que les kayakistes sont ravis d'utiliser.
C'est vrai qu'aujourd'hui nous avons connu des sensations que nous n'avions pas trouvées dans les kayaks que nous avions jusqu'alors essayés.
Nous avons été plutôt séduits par ces bateaux, même si le plan d'eau n'a pas permis d'exploiter tout leur potentiel.
Les kayaks sont de grande qualité, c'est du haut de gamme.
Des kayakistes avec un niveau technique supérieur au nôtre pourraient encore en dire plus.
Reste le prix, qui est aussi "d'exception".
Un tel gap au niveau prix se justifie-t-il ?
Il s'explique en partie par la qualité des matériaux utilisés et la construction artisanale.
Chacun jugera ...
Un grand merci à Pierre et à Sandie pour cette expérience.
Elle nous a permis de nous faire un avis sur ces superbes kayaks.
Si vous voulez plus d'information sur ces kayaks, vous pouvez consulter les liens suivants :