Beg-Meil - Kerroc'h : la rando écolo (2/3)
Beg-Meil - Kerroc'h : la rando écolo (2/3)
Mercredi 5 août 2020
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
La marée haute est à 6h40.
Nous devons donc partir au plus tard à 7h00 pour éviter de nous retrouver devant une anse de rochers, dans laquelle le transport de nos kayaks chargés serait un peu compliqué (voir article précédent).
Après une nuit tranquille, nous ramassons notre matériel dans nos kayaks et nous embarquons à 7h00.
Le petit-déjeuner se fera plus tard.
Après avoir passé l'anse de Porniguel, nous arrivons rapidement à l'embouchure de la rivière de Brigneau.
L’entrée de la rivière est protégée des assauts de l’océan par la digue de Malachappe, terminée par un petit feu rouge.
Les vestiges de l’ancienne conserverie de poissons de Malachappe dominent la digue.
Un magnifique voilier est au mouillage à l'entrée de la rivière.
Nous rejoignons rapidement les quais de l’adorable petit port de Brigneau, une vraie carte postale.
Nous savourons le bonheur de ce cadre champêtre au petit matin.
Au fond de la rivière, des anciens bateaux en bois terminent leur vie dans un cimetière marin émouvant.
Nous faisons demi-tour et revenons vers la mer, dans une atmosphère calme et sereine.
Nous poursuivons vers l'Est et rentrons dans l'anse de Poulguen, afin de prendre le petit-déjeuner.
En débarquant, je crois reconnaître plusieurs morceaux de verre, et je commence à pester intérieurement contre celui ou celle qui aurait laissé cela ici.
En m'approchant, je m'aperçois que ce sont en réalité des êtres vivants.
Nous n'avons jamais vu de tels organismes, et nous nous interrogeons. De quoi s'agit-il ?
Nous observons comme une respiration. Jean tourne deux petites vidéos :
Après une recherche sur le site de Doris :
Cosmopolite Cosmopolite Zones DORIS : Méditerranée, Atlantique, Manche et mer du Nord, Indo-Pacifique, Caraïbes, Atlantique Nord-Ouest Tuniciers et Céphalocordés (Ascidies...) Thaliacés et ...
https://doris.ffessm.fr/Especes/Salpa-maxima-Salpe-geante-3824
Nous apprenons que ce sont des salpes géantes.
Il y en a des milliers dans l'eau et sur la plage.
"L'arrivée de salpes, quel qu'en soit le nombre, n'implique pas spécialement que le milieu se dégrade.
Ce sont des animaux planctoniques, qui voyagent donc avec les courants et quand les courants les entraînent vers les côtes,... elles s'échouent.
C'est la même chose avec tous les animaux planctoniques, méduses, vélelles, salpes, janthines, etc. " ( Pierre Alain SITTLER)
Nous prenons le petit déjeuner.
Nous échangeons avec un pêcheur, qui a les mêmes interrogations que nous sur les salpes.
Nous reprenons la mer, toujours vers l'Est, et arrivons dans l'embouchure de la rivière de Merrien.
Cette rivière est la dernière rivière qui s’enfonce dans la côte de Moëlan-sur-Mer.
Sur la rive gauche, le port de Merrien, le plus petit de la commune, accueille quelques bateaux de pêche et de plaisance et des exploitations ostréicoles.
Sur les deux rives un sentier permet de longer la rivière. Celui de la rive droite est le plus beau, il traverse des zones boisées et offre des panoramas superbes sur la rivière.
Nous quittons la rivière de Merrien et poursuivons notre balade le long de cette côte rocheuse, laissant à bâbord les anses de Porz Teg et Porz Lamat.
Nous arrivons dans un paysage de carte postale sous le soleil, nous sommes à Doëlan.
Ce petit port est gardé par deux phares rayés.
L'un, vert et blanc, campe à l'entrée de la ria; le second, rouge et blanc, joue l'humilité dans un trou de verdure. Ils datent tous deux des années 1860.
A l'origine de leur construction, une histoire de commerce. De gros négociants quimperlois oeuvrent dès 1845 pour que deux lumières signalent l'entrée difficile de la passe.
Il leur faut batailler 14 ans; les phares sont enfin construits.
Nous nous engageons dans cette ria étroite et profonde qui offre un havre bienveillant.
Les rives verdoyantes accueillent de coquettes maisons bretonnes installées en gradin.
Nous accostons à une cale, en haut de laquelle se trouve une terrasse de café.
Nous nous installons et dégustons une bière fraîche ... dans un tel cadre ... le bonheur !
Nous pique-niquons sur la cale, et nous ré-embarquons.
Nous remontons vers l'entrée du port ...
... et croisons la vedette de la SNSM, qui a pour nom breton "Plac'h Dolan", traduit en français par "Fille de Doëlan", appellation précédée de "GMF", pour le généreux sponsor d'une partie très significative du financement de ce bateau.
Les cormorans saluent notre sortie de la ria ... nous poursuivons notre route vers l'Est.
Dans l'anse de la Roche percée, nous apercevons une cabane de couleur noire qui surplombe la plage.
C'est la cabane d'Hippolyte.
Elle fut construite en 1939 par Jacques Jegou, charron du village de Langlazic.
Le but était d'en faire un bistrot du dimanche, dans lequel les gens jouaient aux boules et buvaient du cidre.
A la cabane, on organise des banquets avec ce que l'on pêche : elle est presque un débit de poissons.
L'un des meilleurs clients est Hippolyte Lescouat. Hippolyte était coiffeur pour hommes à Quimperlé mais surtout un exceptionnel pêcheur de saumons. Il va hériter de la cabane.
Hippolyte décède en 1991. La mairie voulait démolir la cabane mais la petite demeure aux planches enduites de coaltar a été défendue becs et ongles.
Michèle Lescouat, la fille d'Hippolyte, dira d'elle :
« Elle a fédéré plein de monde. Cette cabane est un symbole. Elle nous raconte que les gens sans importance n'ont pas moins d'importance que les gens connus. C'est un endroit inspirant. Et puis, finalement elle est belle : elle est comme un petit mannequin. »
Cette cabane a du beau monde à son chevet :
Kevin, un prof de Boston, l'a fait connaître aux USA.
Une toile de Jacques Renaut, au musée d'art moderne de New York, l'évoque.
Jérôme Nolais, de l'ensemble instrumental de Pierre Boulez, lui a écrit une oeuvre pour violoncelle et piano.
Et Marie Le Drian, romancière installée à Clohars-Carnoët a apporté sa pierre sous la forme d'un roman, La cabane d'Hippolyte, publié en 2001.
Nous passons devant la crique de Porsac'h...
Après la côte sauvage et rocheuse, nous arrivons dans une zone plus urbanisée, derrière de belles plages (Bellangenet, Porguerrec, Porgastel)
Nous arrivons à l'embouchure de la Laïta.
Les fonds de l’embouchure de la rivière évoluent d’une quinzaine à l’autre.
Le chenal change régulièrement de place. Lorsqu’il y a énormément de pluie, cela provoque un violent courant qui chasse le sable et déplace le chenal. L’ensablement revient avec des vents de Sud et de Sud-Est. Ces phénomènes peuvent être violents.
En bateau, à marée basse quel que soit le coefficient de marée, on ne passe pas. Il faut bien deux heures de montant pour tenter de rentrer, en fonction de son tirant d’eau.
À la descendante, on ne passe pas. L’idéal est de rentrer ou sortir à étale de marée haute.
Nous laissons le Finistère derrière nous, et rentrons en Morbihan.
Nous longeons la côte de Guidel et arrivons à Fort Bloqué.
Le Fort-Bloqué est en réalité le nom d’un village de la côte. Son nom provient du fort construit sur l'îlot de Keragan . Accessible à pied à marée basse, il redevient une île à marée haute.
Il fut construit entre 1747 et 1758 afin de lutter contre la prétention dominatrice de l'Angleterre.
Nous quittons le port de Fort Bloqué, et naviguons le long d'une côte rocheuse.
Il va falloir trouver un endroit pour bivouaquer.
La plage de Courégant est bien protégée, mais trop fréquentée dans son environnement urbanisé.
Nous faisons finalement halte au port de Kerroch, dont la petite plage est bien abritée.
Après avoir remonté nos kayaks sur le sable (la marée monte), un monsieur de 72 ans nous aborde pour parler kayak.
Il habite ici et a été kayakiste, il nous envie et est impressionné des distances que nous parcourons.
Il nous rassure :
"Vous bivouaquez ici cette nuit, vous allez être bien. Après 19h00, il n'y aura plus personne."
En attendant, la mer continue à monter et, avec le monde présent sur la plage, nous avons de plus en plus de mal à laisser nos kayaks sur le sable.
Nous décidons de repartir en mer pendant une heure trente, espérant qu'à notre retour, la plage sera plus accessible.
Nous naviguons vers l'Est, passons la pointe du Talud, l'anse du Perello et Lomener.
A notre retour, la mer a amorcé sa descente, et il y a plus de place sur le sable.
Nous remontons nos kayaks en haut de la plage.
Mais contrairement aux prévisions de notre kayakiste local, des groupes s'installent pour pique-niquer sur la plage, nous voyons aussi des familles arriver pour profiter d'un repas au soleil couchant.
Profiter du moment présent, c'est dans une ambiance agréable que nous prenons notre diner.
Nous échangeons avec deux allemandes, curieuses de notre mode de randonnée.
Quand la nuit tombe, la plage se vide peu à peu, et nous sommes finalement les seuls occupants.
Nous mettons nos duvets dans nos sursacs et dormons sur le sable, entre nos kayaks.
Nous avons encore vécu une très belle journée.
Nous avons parcouru 15 milles nautiques entre notre dernier bivouac et Kerroch.
Avec notre petite sortie en soirée, nous aurons navigué environ 19 milles.
Demain, nous aurons une surprise inattendue, qui modifiera nos plans ....
A suivre ...