Beg-Meil - Kerroc'h : la rando écolo (1/3)
Beg-Meil - Kerroc'h : la rando écolo (1/3)
Mardi 4 août 2020
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Avec Jean, nous avons eu l'idée de partir en rando kayak mode écolo.
Le principe est de partir de notre domicile, à pied, en tirant notre kayak chargé sur un chariot, sans utiliser de voiture.
Ce mardi 4 août, nous partons donc chacun de notre domicile ...
... et nous nous retrouvons à la cale de Beg-Meil.
Nos kayaks sont chargés pour 4 jours d'autonomie, jusqu'à vendredi 7 août.
Nous partons vers l'Est, sans objectif précis, si ce n'est de suivre la côte au plus près.
Quelques rangements de dernière minute ...
... et nous embarquons vers 10h00, direction la pointe du Cabellou.
Nous quittons Beg-Meil sous le soleil et par une mer calme.
La traversée vers Concarneau s'effectue sans encombres, quel bonheur de naviguer dans cette ambiance.
Après 50 minutes de traversée, la balise du Cochon est en vue ...
... et nous arrivons dans les rochers du Cabellou.
Certains ont une forme étrange ... tel un monstre marin prêt à manger le petit pêcheur ...
Le vent et la mer ont sculpté ces formes depuis des millénaires ...
Nous passons la baie de Pouldohan et la pointe de la Jument, puis nous longeons la longue plage qui mène à Trévignon.
Nous arrivons au port de Trévignon, où l'abri du canot de sauvetage est bien visible.
... sous l'oeil de quelque jeune goéland impassible ...
Nous faisons une petite balade dans le port, sans débarquer.
Nous sortons du port et passons devant le phare.
La pointe de Trévignon nargue l'océan de son éperon rocheux.
Une villa-château s'y accroche, de granit également.
Datant de l'époque Vauban, elle n'est pas sans rappeler les demeures écossaises accrochées à leur loch.
Cette bâtisse fut érigée au début du XXe siècle sur les restes d'un fort militaire lui-même peut-être réalisé par Vauban.
Après avoir été réquisitionnée pendant le seconde guerre mondiale par les allemands qui l'ont brûlé en 1944, elle fut reconstruite vers 1950 par des particuliers qui en firent une résidence privée.
Nous contournons la pointe et débarquons sur la plage de Trescao pour pique-niquer.
Nous reprenons la mer, direction l'île de Raguenes.
Il n'y a pas assez d'eau pour passer entre l'île et le continent, nous allons donc la contourner.
Cette île abritait autrefois une usine qui transformait le goémon en iode.
C'est une île privée qui est accessible les trois heures précédant ou succédant la marée basse. La propriétaire autorise les visiteurs à en faire le tour, à condition bien-sûr de respecter l’environnement.
En contournant Raguénes, nous passons au nord de l'île Verte.
Celle-ci fut utilisée au cours du XXème siècle pour le balisage maritime.
Un amer, repère fixe peint en blanc, a été construit pour réaliser des triangulations au compas de relèvement depuis le large.
Nous poursuivons notre route le long de cette côte rocheuse...
... longeant de belles propriétés isolées, à la vue imprenable ...
... ou quelques petites plages, comme l'anse de Rospico, bien cachées au fond de cette nature sauvage.
La côte rocheuse, surmontée d'un sentier côtier, domine, limitant les possibilités d'arrêt.
Les roches procurent aux cormorans et autres goélands des reposoirs tranquilles.
Quelques rares grottes nous offrent un peu de leur mystère ...
Nous arrivons à Port Manech, en naviguant au pied d'imposantes demeures.
Nous sommes à l'embouchure de l'Aven.
Nous passons devant la plage Saint-Nicolas , où nous apercevons les cabines de plage qui témoignent encore de la Belle Epoque et lui procurent un charme vintage.
Une grande bâtisse surplombe la plage.
C'est le Manoir Dalmore, propriété privée, il a été reconverti en un magnifique hôtel de standing qui a ouvert ses portes début juillet 2011.
L'embouchure de l'Aven et du Belon est propice à la pratique de nombreuses activités nautiques.
Nous croisons de futurs marins.
Nous continuons vers le sud-est en longeant la côte, laissant à bâbord la plage de Kerfany-Les-Pins.
Nous arrivons à l'île Percée.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les allemands y construisirent deux imposants blockhaus pour installer des batteries de surveillance pour protéger la base de sous-marins de Lorient.
On peut encore apercevoir aujourd’hui les piles du pont qui reliait alors la plage aux blockhaus.
Nous pensons passer entre l'île et le continent, entre ces piles de pont, aucun balisage n'est visible.
Alors que nous nous approchons, un sifflet retentit et nous apercevons sur la côte une jeune fille, surveillante de plage, qui nous interpelle avec de grands signes des mains.
Elle nous informe que le passage est interdit et qu'il faut faire le tour de l'île.
Nous nous exécutons, et, après quelques centaines de mètres, nous apercevons des bouées jaunes qui délimitent une zone de baignade, et que l'île nous cachait.
Ce sont les contraintes de la navigation en été.
Nous constatons quand même qu'il aurait été difficile de débarquer légalement au plus près du camping tout proche de la côte, aucun chenal n'ayant été prévu pour accéder au camping en venant de la mer !
Pas de soucis pour nous, nous comptons bivouaquer dans un endroit moins fréquenté.
Nous nous mettons justement en quête d'un lieu de bivouac.
Nous entrons dans l'anse de Poulguen.
La petite plage, et l'eau au fond de l'anse, sont assez sales, et les odeurs nauséabondes.
Finalement, nous débarquons sur une petite plage de galets, au sud du village de Kerabas.
La marée haute est à 18h16, le coefficient de 84, ce qui nous permet d'accéder à des petites plages très tranquilles, en contre-bas du sentier côtier.
La marée haute suivante sera à 6h40, nous aurons donc aussi de l'eau pour repartir, mais il ne faudra pas rater la marée, sinon nous serons bloqués par un champ de roches et de cailloux.
Les mouettes et les sternes prennent leur dîner au bord de l'eau.
Nous échangeons avec quelques randonneurs qui passent sur le sentier côtier.
Tous nous envient cette liberté.
Des locaux, qui habitent le village de Kerabas, nous souhaitent bonne nuit :
"ici, vous allez être bien, c'est tranquille ... et c'est beau !"
De jeunes enfants nous posent des questions sur notre aventure, curieux de notre organisation de vie en pleine nature.
"vous allez dormir sur les galets ?"
"vous êtes des frères de kayak ?"
Nous explorons les alentours, et nous croisons un homme qui demande à Jean :
"Vous êtes médecin ?"
Mais comment diable a-t-il su ?
Jean répond par l'affirmative, et l'homme nous explique que sa femme est tombée d'un rocher et s'est blessée au pied et à la jambe. Elle n'est pas loin, dans une des failles à proximité.
Nous arrivons sur place, j'ai pris la trousse de secours dans mon kayak.
La femme est blanche et transpire, elle fait un malaise vagal.
Jean fait son diagnostic, un bout de roche a pénétré dans le gros orteil.
Il désinfecte la plaie et pose un pansement.
Au bout de quelques minutes, le malaise se dissipe.
Nous aidons la blessée à rejoindre son véhicule, ils nous remercient pour notre aide. Nous leur conseillons d'appeler le 15.
Ils devront sans doute passer par les urgences ce soir.
Pas de chance pour notre blessée qui prévoyaient un stage de surf à la Torche dans quelques jours.
Une leçon à retenir : ne pas escalader les rochers avec des petites sandales !
Après cet intermède, nous préparons notre repas...
... et nous montons notre camp.
Jean choisit la tente, j'opte pour le tarp entre les kayaks.
Jean prépare une ligne de pêche pour le lendemain.
Nous faisons une petite balade sur la côte, vers l'ouest, pour admirer le soleil couchant.
Nous revenons à notre campement et nous nous réfugions dans nos duvets.
Ainsi se termine cette première journée de rando.
Nous avons parcouru 16,9 milles nautiques depuis Beg-Meil, et nous avons débarqué à 17h00.
Cela faisait quelques mois, crise sanitaire oblige, que nous n'avions pas randonné.
Quel plaisir de retrouver le plaisir de naviguer, de contempler, de s'émerveiller devant le magnifique tableau de la nature.
Demain sera un autre jour, nous continuerons notre voyage vers l'Est.
A suivre ...