Les Glénan après confinement : le retour de la nature
Les Glénan après confinement : le retour de la nature
Jeudi 25 juin 2020
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Après cette période de confinement, nous avions hâte de retourner aux Glénan.
Avec Jean, nous avons donc décidé de redécouvrir cet archipel ce jeudi 25 juin, en partant de Mousterlin.
Les données météo sont très variables selon les sites, nous savons que le temps sera instable et orageux.
Habitant sur la commune de Fouesnant Les Glénan, nous savons que de nouvelles règles nous sont imposées.
La commune a en effet décidé d'interdire le débarquement sur l'île des Moutons, la circulation des piétons est interdite sur les plages nord et est de Saint-Nicolas. La plage de Bananec est fermée en totalité.
Ces mesures, jusqu'au 31 août, visent à ne pas perturber la nidification.
Nous avions l'habitude de faire une pause sur l'île des Moutons, aujourd'hui notre navigation nous mènera directement au coeur de l'archipel.
Nous partons à 9h45 de la pointe de Mousterlin, pour une navigation de 8,7 milles, en passant par les Moutons, le Huic, Saint Nicolas et une arrivée sur l'îlot de Guiriden à 12h20.
Au départ, nous avons la surprise de rencontrer Jacques, Michel et une autre kayakiste de RKM, qui partent aussi pour les Glénan, avec l'intention de bivouaquer ce soir.
La traversée vers les Moutons s'effectue sous un ciel gris, percé par moment d'un rayon de soleil.
La mer est calme, le ciel se reflète dans l'eau. Les teintes de gris sont superbes.
Les quelques gouttes de pluie après le départ ne dureront que quelques minutes.
Nous arrivons aux Moutons après un peu plus d'une heure de pagaie.
Les seuls habitants que nous voyons sont les oiseaux : sternes, gravelots, huitriers-pie, ...
En l'absence de présence humaine, les oiseaux ont investi la plage au nord, près de la cale.
Le bruit est impressionnant.
On comprend pourquoi le débarquement est interdit.
Nous admirons ce beau paysage, finalement très animé.
Nous essayons d'apercevoir les phoques, sans succès.
Nous poursuivons notre route, plein sud, vers l'ancien feu du Huic.
Nous avons un peu plus de houle, la traversée est très agréable.
Nous arrivons devant le Huic.
Ce feu a été construit en 1935 et mis en service le 1er juillet 1936 à la demande de la Marine Nationale.
Sa hauteur était de 11,60 m.
Nous longeons la côte nord de l'île Saint Nicolas.
Derrière le tombolo qui relie l'île de Saint Nicolas à l'île de Bananec, nous apercevons Fort Cigogne.
Les mats des bateaux au mouillage dans la Chambre semblent plantés dans le sable ...
Nous sommes en semaine, les vacances scolaires n'ont pas commencé, le trafic des vedettes qui amènent les touristes à Saint Nicolas est réduit, mais les bateaux de plaisance sont quand même assez nombreux.
Nous naviguons vers l'Est pour atteindre l'îlot de Guiriden, où nous accostons pour pique-niquer.
Ici, très peu de monde.
Pendant notre pause, seul un couple, et leur chien (bien que la plage lui soit interdite !) sont présents sur l'îlot.
La vue alentour est superbe.
Nous quittons cette langue de sable ...
... pour repartir vers le Sud Ouest en direction de Fort Cigogne.
Quel plaisir de naviguer sur un tel plan d'eau ...
Nous voici devant Fort Cigogne.
La marée est basse, nous débarquons sur une petite plage à l'ouest de la cale.
Nous sommes au pied de la lanterne posée sur un rocher.
Elle servait d'aide à la navigation dans la Chambre. Ce feu en a guidé des voiliers cherchant leur route dans un dédale d'îlots et de rochers.
Mais ce feu ne fut pas efficace pour tous ... des débris de bateaux sont les témoins des échouages sur l'île Cigogne !
Un balisage définit une zone de tranquillité pour les oiseaux.
Au nord, nous apercevons très bien la Chambre et l'île Saint Nicolas.
Le fort est en travaux.
Revenons un peu sur son histoire.
Durant l'Ancien Régime, l'archipel est la propriété de l'abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys et est fréquenté par des pêcheurs.
Il présente une situation géographique idéale pour la navigation : au large de Concarneau, abrité des vents et courants, protégé par des passes étroites et des hauts fonds, et alimenté en eau douce.
Durant la première moitié du XVIIIè siècle, des projets d'implantation d'un fort militaire sont étudiés afin de mettre fin à la piraterie, d'empêcher le mouillage des bateaux anglais et de verrouiller l'approche de la baie de Concarneau.
Après de nombreuses hésitations, et dans le contexte de la guerre de Sept ans, une forteresse est bâtie en 1756 pour une garnison de 100 hommes sur l'île Cigogne, point culminant et central de l'archipel.
Mais à la fin de la guerre en 1763, le fort est inachevé et abandonné.
D'un faible intérêt stratégique, il est régulièrement réarmé puis abandonné au gré des conflits entre 1802 et 1871, avant d'être définitivement déclassé en 1891.
Depuis lors, le fort Cigogne est occupé par une annexe du laboratoire d'observation océanographique de Concarneau, puis par une garnison allemande pendant la 2nde Guerre Mondiale, et enfin par l'école de voile des Glénans depuis 1957.
En août 2015, le Conservatoire du Littoral devient propriétaire du site.
Le projet de restauration prévoit d'une part de restituer l'esthétique du fort Cigogne en rétablissant les éléments manquants (cheminées), en supprimant les verrues (enclos à poubelles, réserve de gaz) et en intégrant les éléments contemporains (locaux techniques, équipements et réseaux) afin d'améliorer la lisibilité du monument.
D'autre part, le projet prévoit de conserver certains acquis modernes (tour-amer, puits de lumière, quart, ouvertures et percements divers), de mettre aux normes et d'améliorer la sécurité afin d'améliorer l'usage et le confort de l'école de voile et de faciliter l'ouverture du fort au public.
Afin de limiter l'impact environnemental, l'autonomie du site sera assuré par un traitement de l'eau de pluie, par une fourniture en électricité et eau chaude par panneaux solaires, et par un traitement sur place des eaux usées.
C'est un chantier hors norme qui s'est ouvert au large du continent.
Cette restauration devrait coûter 4,2 millions d'euros, financés sur quatre ans par l'État, la région, la commune de Fouesnant, l'école des Glénans et le loto (à hauteur de 152 000 euros).
Les travaux ont commencé en mars 2019 et devraient s'achever en octobre 2022.
Nous apprécions la vue sur l'île du Loch et sa cheminée ...
Vers l'Est, nous apercevons l'amer de Guéotec.
Nous revenons vers nos kayaks, en profitant d'une vue inédite sur le fort, les algues vertes apportant une touche de couleur surprenante et contrastée dans ce tableau aux dominantes grise et marron.
Nous embarquons ...
Le même contraste (vert/gris) se retrouve dans la tenue de Jean !
Nous ré-embarquons et mettons le cap sur la cale de l'île Saint-Nicolas.
Le Santa Maria, qui propose des parties de pêche dans l'archipel, est au mouillage ... apéro à bord !
La marée est basse, nous laissons nos kayaks près de la cale ...
... et nous allons boire une bière à la Boucane.
Quel plaisir de se retrouver à nouveau en terrasse, à admirer ce paysage.
Mon choix s'impose rapidement : une Sant Erwann ... en l'honneur de mon petit-fils, Erwan, qui est né le 1er juin !
Nous partons pour une balade sur l'île Saint-Nicolas.
Certains secteurs de l'île sont fermés, afin de protéger la nidification des oiseaux.
Nous en profitons pour admirer la flore de l'île ...
A marée basse, nous voyons l'importance des viviers.
Construits à la fin du 19e siècle, ces deux bassins identiques d'une hauteur de 6 mètres, d'une largeur de 9,50 et d'une longueur de 35 mètres sont toujours en utilisation aujourd'hui et appartiennent à la famille Castric qui possède un restaurant au-dessus.
En ces temps de déconfinement, quelques rares vedettes ramènent les touristes sur l'île...
... et la Chambre accueille de plus en plus de plaisanciers ...
Près de la Boucane, une sculpture représentant une queue de baleine, qui était auparavant sur un rond-point de Fouesnant, a été érigée.
De Guiriden à Saint-Nicolas, en passant par Fort Cigogne, nous avons parcouru 1,4 milles.
Nous avons décidé de faire notre balade sur la journée.
Il est 15h30, il est temps de reprendre la mer pour revenir à Mousterlin.
Nous passerons par Le Huic et les Moutons.
En quittant la cale, nous conversons avec un plaisancier dont les 2 bateaux sont au mouillage.
C'est un ancien kayakiste qui a beaucoup pratiqué dans les années 70.
Il a notamment réalisé le premier tour de Bretagne en kayak en passant par les îles.
Nous n'avons pas assez d'eau pour passer directement la pointe ouest de l'île Saint-Nicolas.
Nous faisons donc un petit détour dans les champs d'algues.
Nous arrivons devant le feu du Huic ...
Nous entamons une traversée tranquille vers l'île des Moutons ...
La langue de sable séparant l'île de l'îlot Enez ar Razed n'étant pas encore recouverte par la marée, nous effectuons un petit portage.
Nous rencontrons Juliette, la gardienne de l'île, et échangeons sur la protection de l'île et la nidification.
En conversation avec un phoque ?
Jean expérimente de nouvelles prises de vue ...
La première partie de la traversée entre les Moutons et Mousterlin se fait sur une mer glassy ... un vrai bonheur de glisser sur cette eau qui ondule !
Nous arrivons à Mousterlin vers 18h20, après un parcours de 8,3 milles nautiques depuis la cale de Saint Nicolas, et un arrêt aux Moutons.
Ce n'était pas le grand beau temps, mais cette journée était toutefois magnifique sous ses tons gris.
La navigation fut très agréable, nous avons parcouru 18,4 milles.
Les Glénan étaient plus tranquilles qu'à l'ordinaire, crise sanitaire oblige.
La nature a repris ses droits, on ne s'en plaint pas.
Une fois de plus, c'était encore différent des autres fois ... la magie de l'archipel.
Quel bonheur de naviguer à nouveau dans de tels paysages !
Vive le kayak !