Courants du Golfe du Morbihan - Week-end CK/Mer
Courants du Golfe du Morbihan - Week-end CK/Mer
Samedi 24 novembre 2018
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Ce week-end, les coefficients de marée sont de 97 et 98.
Dans le cadre de l'association CK/Mer (www.ckmer.org), Jérôme et Sandie nous ont convié à un stage de 2 jours dans les courants du Golfe du Morbihan.
Nous sommes 12 à avoir répondu à l'appel.
Je fais le voyage avec Jean. Nous sommes les premiers à arriver à Larmor-Baden, lieu du rendez-vous donné par Jérôme.
Vers 9h30, tous les acteurs se retrouvent sur le port.
Une fois le matériel préparé, nous écoutons avec attention le brief de Jérôme, qui nous présente le programme de la journée.
Nous faisons 2 groupes, l'un coaché par Sandie, l'autre par Jérôme.
Avec Philippe, Fabrice et Hervé, ainsi que Hervé L et Hervé J, je rejoins le groupe de Sandie.
Les objectifs du week-end sont :
- la découverte des courants
- la lecture des courants et contre-courants
- la navigation dans les courants
- le travail technique : remontées de pointes/stops/reprises/bacs
- la navigation ludique : jeux dans les courants et surfs
Le groupe de Jérôme va particulièrement travailler sur les bacs.
La marée était haute à 7h00 et sera basse à 13h20 (port de référence : Arradon)
Nous embarquons et longeons la côte Ouest de l'île de Berder.
Nous contournons la pointe sud et remontons dans le contre-courant.
Le courant principal est trop fort pour que nous puissions passer la première pointe côté Est de Berder.
Nous nous engageons dans le courant principal pour descendre jusqu'à Er Lannic.
Er Lannic abrite une double enceinte mégalithique, en partie immergée.
Nous laissons Er Lannic à tribord et poursuivons au sud de l'île Longue.
En traversant les marmites (l'eau qui remonte du fond et qui bulle en surface sur 360 degrés), la tenue du kayak n'est pas toujours évidente.
Nous rejoignons la balise du Grand Mouton, derrière laquelle nous faisons un stop dans le contre-courant.
Nous restons un moment jouer derrière la balise : reprises de courant à gauche et à droite, stop, gestion de la zone de cisaillement, gestion de la gite, etc....
Un moment d'inattention, et l'un d'entre nous passe à l'eau...tentative d'esquimautage....ratée !
Obligation de déjuper...la force du courant l'entraîne sur plusieurs centaines de mètres en moins de temps qu'il faut pour le dire.
Je suis resté près de la balise du Grand Mouton avec Hervé et Philippe, pendant que le reste du groupe réalise la récupération, quasi à l'entrée du Golfe.
Après de longues minutes, car nos compagnons doivent remonter le courant, nous nous retrouvons à nouveau près de la balise.
Nous continuons à jouer dans la zone, en nous déportant vers les rochers du Petit Mouton, et nous prenons les vagues statiques à l'ouest du Petit Mouton....sensations garanties !
Nous nous retrouvons au calme près du Faucheur...
...et nous descendons tranquillement vers la sortie du Golfe.
Il y a peu de vent, un catamaran tente de gérer au mieux les courants et contre-courants.
Nous faisons quelques surfs devant la pointe de Port Navalo, et sortons du Golfe en contournant celle-ci.
Le point de rendez-vous avec le groupe de Jérôme est sur la plage à l'Est de la pointe de Port Navalo.
Nous sommes en avance, nous poursuivons jusqu'à l'entrée du port du Crouesty puis nous faisons demi-tour pour venir débarquer sur la plage.
Quelques minutes après, Jérôme et son groupe débarquent.
Après le pique-nique, Jérôme et Sandie nous donnent le programme de l'après-midi.
Travail technique ou jeux dans les courants : pas facile de choisir !
Finalement, nous repartons tous ensemble, direction la balise de Kerpenhir, devant la pointe du même nom.
Après quelques exercices au niveau de la balise, nous poursuivons dans les mouvements d'eau devant la pointe de Kerpenhir.
Puis nous rentrons dans le Golfe et faisons quelques reprises de courants au niveau de la balise du Grand Mouton.
La séquence suivante de déroulera au sud de l'île Longue.
Nous passons ensuite à la pointe ouest d'Er Lannic pour les derniers exercices de la journée.
J'ai vécu une sensation étrange :
l'arrière de mon kayak s'abaisse et l'avant se lève, et le kayak tourne sur 360 degrés, je suis pris dans un grand tourbillon (mouvements d'eau circulaires qui partent vers le fond); je finis par en sortir, mais l'effet est très bizarre !
Nous revenons au port de Larmor-Baden.
Nous sommes tous bien fatigués, mais très heureux de cette journée tonique.
Pour ma part, étant encore en convalescence, j'ai subi un gros coup de fatigue dans l'après-midi.
J'espère que le repos nocturne me permettra de récupérer pour retourner sur l'eau demain.
Avec Eric, Hervé L, Geoffroy et Jean, nous avons réservé un studio dans les gites des Hauts de Toulvern à Baden.
Nous y passons une soirée tranquille et conviviale, avant un repos bien mérité.
Dimanche 25 novembre 2018
Le groupe se retrouve à 9h00 au port de Larmor-Baden.
Hervé et Philippe, du Couëron, décident de ne pas retourner sur l'eau aujourd'hui.
Quant à moi, après une mauvaise nuit, je me sens très faible (toujours ce problème de récupération).
L'esprit a envie d'aller sur l'eau, mais le corps émet ses alertes. Je sais que je prendrai un risque en embarquant.
C'est donc un peu frustré que je verrai mes compagnons prendre la mer.
Chacun prépare son matériel.
Les kayakistes de RKM, club local, sont déjà là et partent avant nous.
Jérôme fait un brief pour expliquer le système de courants du Golfe, et propose le programme de la journée.
Si on tient compte des caractéristiques de la marée, le Golfe peut être divisé en trois zones.
- de l’entrée à l’île longue incluant la rivière d’Auray (marnage de vive eau de 4 m.),
- de l’île Longue à Berder (3,2 m et déphasage par rapport à Port-Navalo de 1 h.),
- le reste du Golfe à l’est (2,8 m., avec un déphasage allant de 1h40 à 2h30).
Pour le secteur entrée du golfe/rivière d’Auray, la renverse en rivière d’Auray a lieu 45 minutes avant celle de Port-Navalo.
L’eau venant de l’intérieur du golfe remonte directement en rivière d’Auray à basse mer, alors qu’inversement à pleine mer une partie des masses d’eau présentes en rivière d’Auray s’écoulent vers le Golfe.
A Port-Navalo, le flot se déroule jusqu’à environ PM+1h30.
Pour le secteur de l’Île Longue/Berder, les forts courants dépassent les 3 m/s en vive eau, le marnage diminue rapidement et les renverses se produisent 30 minutes plus tard.
Pour le reste du golfe, il y a différentes zones où il existe des variations des courants entre le flot et le jusant.
L'étroitesse du goulet de Port-Navalo intervient prioritairement dans le processus de déphasage.
Fonctionnant comme une « baie fermée », au moment de la marée montante (flot), les courants entrants pénètrent vers l’amont du golfe, alors que dans le même temps d’autres en sortent finissant leur cycle de mer descendante (jusant), en sens inverse.
Il en résulte, une complexité courantologique évidente avec des des courants et des contre-courants qui alternent le long de zones de calme.
Le marnage est plus faible à l'intérieur du golfe qu'à l'extérieur, car le goulet est étroit et le bassin étendu.
On peut noter une différence de 2 m entre l’entrée du golfe et le fond du bassin, soit un marnage de 5 m à Port-Navalo et de 3 m à Vannes.
Le groupe embarque vers 10h20, retour prévu vers 16h00.
Jean a pris quelques photos de la journée :
Pour ma part, je part faire une petite balade vers Berder.
Le port de Larmor Baden, l'île de Gavrinis sous le ciel gris d'un matin d'automne....calme, sérénité...j'apprécie.
Je passe devant le local de l'association Ty Plates, dont le but est de restaurer des plates typiques du Golfe.
Me voici devant la fameuse "veine de Berder", très prisée des kayakistes.
La marée descend, je pourrai bientôt passer le gué.
Le passage est découvert environ deux heures après la pleine mer et deux heures après la basse mer.
Je prolonge un peu la balade au-delà du gué, puis reviens vers le port.
J'y rencontre Pierre, qui rentre de sa balade matinale en kayak. Nous parlons de nos dernières randonnées kayak : l'archipel de Skye en Ecosse et la Colombie Britannique (province de la côte ouest du Canada).
Puis je croise Hervé et Philippe qui vont s'installer sur le quai pour manger.
Je me joins à eux.
Après le repas, nous décidons de faire le tour de l'île de Berder.
Le cadre est magnifique, la marée basse livre son garde-manger aux oiseaux et découvre les parcs à huitres.
Après avoir traversé le gué, nous nous engageons sur le sentier boisé.
La vue d'ici offre de belles perspectives sur le Golfe.
Nous arrivons bientôt sur une clairière qui laisse entrevoir de somptueuses bâtisses.
Celles-ci rappellent l'histoire de l'île.
Avant d'être achetée en 1879 par Arthur Dillon, Berder était un exploitation agricole.
A partir de 1880, le nouveau propriétaire y construit le manoir, entouré d'un somptueux jardin exotique.
En 1885, il fait construire la chapelle, puis la tour en 1900.
Dès 1881, Arthur renoue avec son ex-camarade de Saint-Cyr, le général Boulanger.
Les deux hommes ne se quittent plus, Arthur est l'intendant du Boulangisme (1887-89); autre rencontre : celle de la duchesse d'Uzès, qui en est la financière.
Condamné par la Haute Cour d'Etat au terme de l'aventure boulangiste, Arthur Dillon attend son amnistie en 1895 pour s'installer définitivement à Berder.
Cependant, ruiné, il vend son île et l'essentiel de ses possessions à sa richissime amie, la duchesse d'Uzès.
En 1927, cette dernière cède Berder à des religieux, les Oblats de Marie l'immaculée.
En 1937, des religieuses, les soeurs de Saint-François d'Assise, deviennent à leur tour propriétaires de l'île, jusqu'en 1991 et sa vente à la société Yves Rocher.
A partir de 1984 et jusqu'en 2013, l'île est louée à l'association LVT/LVB, spécialisée dans le tourisme social.
En 2016, Berder est acquise par le groupe Giboire.
Les parcs à huitres sont nombreux, nous passons par-dessus quand nous naviguons sans toujours réaliser ce qu'il y a sous nos kayaks.
De même, quand nous repassons le gué, nous visualisons les rochers immergés par la marée haute.
Le côté sud est plus dangereux ....
...que le côté nord...casque obligatoire !
Le passage actuellement paisible ne le sera plus pour très longtemps...
Un rayons de soleil apparait, et nous offre de beaux contrastes dans ce magnifique paysage...
Nous revenons au port de Larmor-Baden.
Nous pensons avoir encore une heure devant nous, quand nous voyons arriver nos amis kayakistes.
Jean, fidèle à son habitude, exécute un esquimautage.
Jérôme termine en "kayak-paddle"
Après avoir rangé le matériel, nous nous retrouvons à la Folie Berder, autour d'une boisson et de macarons offert par Nathalie.
Nous faisons le débrief du week-end.
Celui-ci fut très apprécié de l'ensemble des participants.
Nous réalisons le travail à effectuer pour être plus à l'aise dans les courants. La recette, c'est de pratiquer, pratiquer, pratiquer....et ce stage procure la nécessaire émulation.
Beaucoup d'entre nous ne seraient pas sortis dans certains secteurs sans l'émulation du groupe, et la compétence de Jérôme et de Sandie.
Un grand merci à nos coaches si sympathiques.
Merci aussi à tous les participants qui ont fait de ce stage une réussite, pleine de partage et de convivialité.
Vive le kayak !
Vive CK/Mer !