Skye 2018 : a new adventure - Chapitre 5 : coup de vent sur Rum, de Harris à Canna, découverte d'un autre monde
Skye 2018 : a new adventure
Chapitre 5 : coup de vent sur Rum, de Harris à Canna, découverte d'un autre monde
Mardi 15 mai 2018
Les photos non signées Pascal J - Yanike Kayak sont de Jean Drouglazet.
Ile de Rum, bivouac à Harris
Le jour se lève sur notre campement.
Après le petit-déjeuner, nous ramassons notre matériel et chargeons nos kayaks.
Nous partons vers 10h30.
L'objectif du jour est de terminer le tour de l'île de Rum jusqu'à la pointe la plus à l'ouest, puis de traverser vers l'île de Sanday et de rejoindre l'île de Canna.
Nous ne ferons pas exactement le trajet prévu car nous devrons nous adapter à la météo.
Notre premier arrêt s'effectuera au bout de 5,8 milles.
Nous effectuons donc un parcours côtier le long de la côte ouest de Rum.
La mer est assez agitée, la visibilité faible.
Le vent forcit de plus en plus.
Au moment où nous devrions entamer la traversée vers l'île de Sanday, il augmente en puissance avec des rafales de 7 à 8 bft, parfois plus.
Nous apercevons au milieu du chenal entre les deux îles de belles vagues qui déferlent.
Elles sont dues au phénomène vent contre courant.
Avec une visibilité quasi nulle, il serait dangereux de s'engager dans la traversée prévue.
Nous contournons donc la pointe et poursuivons notre parcours côtier.
Avantage : la mer est beaucoup plus plate et le vent nous pousse par derrière.
Les rafales sont parfois impressionnantes, il faut tenir fermement la pagaie pour qu'elle ne s'envole pas.
Jean y perdra son chapeau fétiche.
Plus besoin de pagayer, nous avançons très vite !
Nous avons eu un peu de chance, nous avons passé la pointe avant le gros coup de vent.
Pour se mettre un peu plus dans l'ambiance, la pluie s'invite au voyage.
Nous arrivons à destination de notre plan B, le bothy (refuge) Guirdil, situé en bord de mer.
Nous débarquons. Le plus dur est de monter les lourds kayaks sur les galets glissants.
Après l'effort, le réconfort.
Nous nous réfugions dans le bothy, en attendant l'accalmie.
Nous nous mettons au sec, et préparons un repas chaud.
A l'intérieur du bothy, quelques ossements d'animaux, une plaque commémorative, des consignes d'usage...
Une parure de cerf fait rêver Jean...
La pluie s'est arrêtée.
Nous en profitons pour explorer les environs.
Une vertèbre de baleine est montée comme un totem.
A proximité, les restes d'un ancien hameau...
...et bien sûr, comme souvent à côté des bothies, un cours d'eau.
Un visiteur qui ne nous surprend plus...
Le ciel s'éclaircit, le vent faiblit, nous pouvons à nouveau voir les îles de Sanday et Canna.
Le chenal semble praticable.
Il faut profiter de l'amélioration...nous repartons.
Nous laissons derrière nous cette merveilleuse île de Rum, qui nous a réservé bien des surprises.
Ce paysage montagneux et côtier, cette faune spectaculaire, y compris les aigles, les puffins, les loutres, les phoques, les cerfs et les poneys rhum rustiques ont fait de cette île le premier parc national en 1957.
Il reste le 3ème plus grand parc national d'Angleterre.
L'objectif est d'atteindre l'île de Sanday, puis de rejoindre Canna.
Nous repartons vers 14h00 et nous parcourons 3,4 milles.
La mer et le vent se sont bien calmés, ce qui nous permet une navigation plus tranquille.
Nous mettons le cap sur le phare de l'île de Sanday.
Derrière nous, Rum réapparaît sous les nuages...
Nous contournons Sanday par le nord...
...et arrivons dans la baie entre Sanday ("l'île des sables") et l'île de Canna, à tribord.
Un superbe voilier arrive en même temps que nous, et jette l'ancre.
L'habitat est très dispersé.
A bâbord, sur l'île de Sanday, une église entourée d'un mur de pierre.
Nous longeons le port de Canna...
Sur Canna, une autre église...isolée
Nous nous dirigeons vers une maison blanche, sur Canna, où nous voyons du monde attablé.
Il s'agit du Canna Café, malheureusement, il est fermé aujourd'hui.
Nous débarquons, Dave va se renseigner.
Il rencontre Stewart, un kayakiste anglais originaire de Saint Andrew.
Celui-ci lui indique un lieu de bivouac sur l'île de Sanday.
A cette heure-ci, il est probable qu'il n'y ait pas assez d'eau au fond de la baie pour passer entre les îles de Sanday et Canna.
Stewart propose d'aller chercher un chariot et de nous aider à franchir le passage.
Il nous donne un point de rendez-vous.
Nous pagayons vers l'endroit prévu, en admirant le paysage proposé par ces deux îles.
Finalement nous aurons juste assez d'eau pour remonter le courant et franchir le passage le plus étroit entre les deux îles dans nos kayaks.
Stewart et son ami Paul, un kayakiste anglais de Perth, nous retrouvent et nous aident à remonter nos kayaks sur la petite plage où nous avons accosté.
Nous montons sur la colline devant la plage, et nous établissons notre campement, non loin des tentes de Paul et Stewart.
Le vent souffle à nouveau assez fort, surtout sur les hauteurs.
Nous devons planter nos tentes solidement pour éviter qu'elles ne s'envolent.
Nous avons remarqué quatre autres kayaks en haut de la plage.
Ils appartiennent à un autre groupe de kayakistes anglais, venus naviguer dans ces îles en ayant pris le ferry.
Trois d'entre eux sont accompagnés d'une coach : Kate Hives, qui est l'une des meilleures coachs kayak du Royaume-Uni.
Nous sommes sur l'île de Sanday.
Pendant que Dave cherche du wifi, Jean et moi partons à la découverte de Canna.
Après avoir franchi le pont qui relie les deux îles, nous marchons sur un sentier le long de la baie.
Quelques maisons isolées...
Des moutons...encore et encore...
La chapelle Saint Columba
Une cabine téléphonique...
Nous arrivons au Canna Café et nous retrouvons Dave.
En face, l'île de Sanday, et au fond, l'île de Rum...
A côté du Canna Café, il y a une boutique.
L'île est isolée, dans le passé, les habitants achetaient toutes leurs provisions sur le continent.
Aujourd'hui, ce petit magasin sans personnel, géré par la communauté des habitants de Canna, est exploité sur la base de l'honnêteté.
Différents produits sont proposés, alimentation, boissons, souvenirs, quelques produits frais, un peu de viande. Les prix sont clairement affichés.
Chacun se sert, inscrit sur un cahier le nom du produit acheté et son prix.
Une calculatrice est à disposition pour faire les comptes.
Pour payer, l'argent est mis dans une grande boite métallique. S'il y a un rendu chacun le gère.
Ce système, basé sur la confiance, fonctionne très bien depuis longtemps.
Cela nous redonne confiance dans la nature humaine.
Un évier et un point d'eau, ainsi qu'un accès wifi gratuit, sont aussi à la disposition des randonneurs.
Nous revenons à notre campement pour y dîner.
En chemin, après le pont qui relie les deux îles, nous remarquons un petit édifice religieux.
Le soleil, qui a refait son apparition, met bien en valeur le petit vitrail.
Peint en blanc, cet édifice sert aussi d'amer.
Quant au pont, il a été récemment construit pour remplacer la passerelle précédente qui a été détruite par des tempêtes en 2005.
Ceci permet pour la première fois l'accès aux véhicules à tous les niveaux de marée, bien que la route sur Sanday soit toujours couverte par les grandes marées.
En 2017 un appel a été lancé pour lever des fonds pour la reconstruction de la route sur Sanday afin que l'accès soit possible à marée haute.
Le soleil couchant nous offre un beau spectacle vu de notre bivouac.
Mais le vent qui souffle fort nous oblige à manger dans nos tentes.
Après le repas, Jean et moi partons sur Sanday découvrir l'église qui nous a intrigué en arrivant.
Il y a une vingtaine de bâtiments sur Canna et Sanday, dont trois églises.
En 2014, on recensait 11 habitants à Canna et 7 à Sanday.
Nous marchons vers l'est.
Le paysage est magnifique, l'île de Rum a retrouvé sa lumière.
Nous arrivons devant la chapelle Saint Edward.
Cette église fut un cadeau d'une marquise, Gwendolyn Fitzalan-Howard, au peuple de Canna et Sanday. Elle l'a fit ériger en mémoire de son père, Edward Fitzalan-Howard, 1er baron Howard de Glossop, qui était mort en 1883.
St Edward fut construit entre 1886 et 1890. La dernière restauration date de l'année 2000.
Nous revenons à notre campement en prenant la route côtière, qui peut être recouverte avec la marée.
Ainsi se termine cette nouvelle journée.
Quand nous avons échangé avec les kayakistes rencontrés sur Sanday, ils étaient surpris que nous ayons pu venir de l'île de Rum aujourd'hui, avec une telle météo venteuse (eux n'ont pas navigué aujourd'hui)
Rétrospectivement, nous pouvons dire que nous avons été chanceux.
Nous avons quitté Harris ce matin plus tôt que prévu, ce qui nous a permis de nous mettre à l'abri dans le bothy de Guirdil au moment du coup de vent.
Nous avons ensuite pu profiter de l'accalmie pour traverser vers Sanday.
Dave, qui a proposé ses options, a été fin stratège, et notre objectif a été atteint malgré les intempéries.
Canna et Sanday sont moins hautes et plus petites que Rum. L'atmosphère y est différente, nous avons une vision plus immédiate de l'environnement.
Demain, le vent faiblit, nous partirons à la découverte de ces deux îles.
A suivre...