Tour de Bretagne en kayak de mer : de Pors Théolen à Plouhinec

Tour de Bretagne en kayak de mer : De Pors Théolen à Plouhinec

Jeudi 20 juillet :

Pors Théolen :
Le ciel est nuageux. Il y a quelques vagues sur la plage de Pors Théolen.
Je discute avec un kayakiste qui vient d'arriver et qui envisage de sortir en mer pour pêcher.
Il estime que cela va être compliqué pour lui de partir d'ici, la hauteur des vagues va augmenter avec la marée montante. Il décide de partir d'un endroit plus abrité et fait demi-tour.
Après le café pris à la buvette de Pors Théolen, la propriétaire accepte gentiment de nous ravitailler en eau.
Nous décidons de partir vers Plouhinec, départ à 11h30.
La météo annonçant un vent d'ouest, nous estimons être dans le raz de Sein vers 14h00, à l'étale, ce qui facilitera le passage.
La pleine mer est à 15h08 à Brest, nous aurons le courant favorable à la pointe du Raz au plus tôt une heure avant la PM, le coefficient étant de 68, il nous portera environ à 0,5 noeuds.

L'étape du jour nous conduira à Plouhinec, sur une distance de 15,39 milles.

Nous préparons nos kayaks et mangeons un peu avant de partir.
Au moment du départ, l'eau atteint déjà la cale.
Nous devrons franchir au départ plusieurs barres de vagues, exercice délicat, il faudra rester concentré.
Nous partons les uns après les autres.
Erwan se lance en premier, ça passe.
Jeff se lance à son tour, puis j'embarque.
Le vent d'ouest annoncé me permettra peut-être d'utiliser ma voile après le passage du raz de Sein, j'ai donc plié celle-ci sur le pont, elle est maintenue à plat à l'aide d'un élastique.
Soudain je me trouve face à un énorme mur d'eau. Je mets ma pagaie vers l'avant, dans le sens du kayak, pour le franchir.
La force de l'eau sur le kayak fait sauter l'élastique. La voile se déplie mais reste à plat sur le pont.
Je dois encore franchir d'autres barres, il ne faut pas que ma voile glisse à l'eau. Dans ces conditions instables, elle ferait ancre flottante et me déstabiliserait.
Je n'ai pas le temps de la raccrocher, les vagues arrivent trop vite sur moi.
Je dois donc jouer l'équilibriste en gardant le bon cap face aux vagues.
Je pagaie vite et fort et j'arrive à passer la dernière barre. Je suis soulagé, j'ai passé le premier obstacle de la journée.
Derrière moi, Didier et Jean-Yves font de même.

Nous nous retrouvons tous les cinq et naviguons vers la pointe du Castelmeur.

Nous nous dirigeons vers la pointe du Van.
La houle se creuse, jusqu'à 3m50.
Les vagues déferlent sur les roches, nous sommes attentifs aux zones dangereuses.
Jeff a un moment l'idée de passer entre le continent et le rocher "le Van". Il se ravise quand il voit le reste du groupe passer par le large.
Nous naviguons dans des "montagnes russes", c'est grandiose...et grisant !

Nous passons la pointe du Van, sous les yeux des nombreux touristes qui nous observent du haut des falaises, et nous traversons la baie des Trépassés.
Nous voyons le sémaphore de la pointe du Raz de plus en plus distinctement.

Nous apercevons la phare de la Vieille et la Plate.
Nous arrivons à la pointe du Raz vers 13h00, avec une heure d'avance. Le vent annoncé ne nous a pas gêné.

Un bateau de pêche nous dépasse et prend le passage.
La façon dont il se fait remuer nous donne une idée de ce qui nous attend.
En passant une heure plus tôt que prévu, nous augmentons la difficulté.
Nous allons prendre le courant à contre.
La houle est haute de 2 à 3 mètres, parfois plus.

Nous n'avons pas le temps de réfléchir pour savoir si nous attendons l'étale.
Jeff s'élance en premier, nous le suivons.
Nous passons entre le Gorle Greiz et Gorleik, dans la passe du Trouz Yar.

Des vagues surgissent soudainement, créant parfois des trous d'eau, parfois des murs, le relief évolue en permanence, sans prévenir.
Je me rends compte que ces jours passés sur l'eau m'ont fait acquérir les bons réflexes pour réagir aux mouvements d'eau, je navigue tout en sensations.
Je fais moins d'appuis qu'il y a quelques mois et j'arrive mieux à négocier le relief.
Je me fais cependant surprendre par une vague de travers, un appui réalisé in-extremis m'évitera de passer à l'eau.
Une fois le raz passé, nous sommes confrontés à une forte houle croisée.
Nous devons rester très vigilants, nous naviguons au large où nous sommes plus en sécurité.

Nous passons devant Bestrée, puis Feunteun Aod.
Jeff propose une pause et la mise en oeuvre d'un radeau.
Celui-ci n'étant pas facile à gérer dans une mer aussi formée (les kayaks s'entrechoquent), nous proposons plutôt une pause à Pors Loubous.
Erwan arrive en premier et débarque sur la plage de galets. Les vagues remplissent rapidement son kayak. Nous réalisons qu'il n'est pas judicieux de débarquer.
Dans le port, les mouvements d'eau rendent la manoeuvre délicate.
Les vagues passent par-dessus la digue.
Erwan nous a rejoint, nous faisons un radeau dans le port et nous nous restaurons.

Nous repartons vers Plouhinec.
La houle reste importante mais s'allonge.
La navigation devient plus agréable.
Nous croisons des oiseaux qui volent au raz de l'eau.

Nous passons au large de l'anse du Loch, puis arrivons à la pointe de Lervily.

Nous avons Audierne en vue.
Sur l'eau nous rencontrons Hugues Termeau, notre responsable technique à Plouhinec puis Olivier J, qui profite de ses vacances pour revenir naviguer dans la région.
Nous échangeons quelques mots. En revenant ici, Jean-Yves et moi revenons un peu à la maison, puisque nous sommes adhérents au club de Plouhinec.
Le feu du Raoulic marque l'entrée du port d'Audierne.

Encore quelques derniers surfs et nous entrons dans le port.

Nous débarquons à 16h30 près de la cale proche du club.
Cela fait 5 heures que nous sommes partis de Pors Théolen, pour une navigation qui restera longtemps dans nos mémoires.
Les couleurs étaient magnifiques, les paysages somptueux, l'environnement grandiose.
Nous avons eu notre dose d'adrénaline...et nous sommes fiers de l'avoir fait !

Nous prenons notre douche au club, puis nous vidons nos kayaks et les chargeons sur une remorque.
Jean-Yves et Marie-Jo ont la gentillesse de nous accueillir chez eux pour notre journée de repos.
En effet, la météo publie pour demain un BMS annonçant du vent de force 5 à 6 bft, passagèrement 7 bft.
Nous ne prendrons pas de risques, il est plus prudent de rester à terre.
La soirée se terminera chez Jean-Yves et Marie-Jo, dans une belle ambiance, en bonne compagnie, une vingtaine de personnes dont une majorité d'ami(e)s du club.
Nous sommes bien fatigués....et nous allons dormir dans un lit.
La journée de repos est la bienvenue.

Vendredi 21 juillet :

Journée de repos.
Aucun regret aujourd'hui, pluie et vent sont au menu météo.
Nous reprenons des forces, réalisons quelques bricolages sur nos kayaks.
Repos, courses, lessive...finalement la journée passe très vite.
Pour Erwan, cette journée marque la fin de la rando. Ses vacances se terminent et il va reprendre le boulot.
Nous avons vécu ensemble des moments très forts. Il s'en souviendra longtemps et nous quitte avec un petit coup de blues.
 

Samedi 22 juillet :

Le BMS est toujours d'actualité, nous avons moins de pluie mais autant de vent.
Nous décidons de reporter notre départ à demain.
Nous allons faire une petite rando pédestre dans la réserve de Goulien.

Le ciel s'est dégagé, nous prenons un grand bol d'air.
Cette réserve protège depuis plus de 50 ans les falaises et îlots les plus riches du Cap Sizun.
Dans un écrin de hautes falaises de granit et des fleurs de bruyères, nous rencontrons ici les oiseaux marins du grand large, mouette tridactyle, guillemot de Troïl, fulmar boréal, ou du littoral, cormoran huppé, goéland argenté, goéland brun, goéland marin.
Nous avons une vue magnifique sur la baie de Douarnenez.

Le vent est si fort que nous avons parfois du mal à tenir debout.

En soirée, nous faisons une partie de billard : Plouhinec (Jean-Yves et moi) contre le reste du monde (Jef et Didier)
Pour tout vous dire....Plouhinec n'était pas dans sa forme habituelle !

Ces 2 jours de repos ont passé bien vite.
Merci à Marie-Jo et Jean-Yves pour leur bel accueil. C'était extra !
Demain la météo sera meilleure, nous reprenons la mer.
Nous avons hâte, l'aventure continue !
A suivre ...