Tour de Bretagne en kayak de mer : de l'île de Groix à Quiberon
Tour de Bretagne en kayak de mer : de l'île de Groix à Quiberon
Mercredi 26 juillet :
Plage des Grands Sables (Ile de Groix) :
La pluie était déjà là hier soir, elle s'est maintenue toute la nuit.
J'ouvre les yeux sous mon tarp, la toile est parsemée de gouttelettes d'eau.
Le temps est gris, le crachin est bien présent. On hésite entre rester bien au chaud dans le duvet, sur ce petit espace de sable resté sec, et sortir, s'activer, se dégourdir les jambes dans le sable mouillé.
La plage est déserte, nous sommes seuls.
Nous prenons le petit déjeuner et chargeons nos kayaks.
Nous embarquons vers 11h00.
Pluie et brume sont au menu, très vite le vent s'invite aussi.
Nous avons peu de visibilité pour admirer le paysage.
Notre plan est de rejoindre l'île Téviec en direct, cap 116.
Mais les conditions de mer et de vent nous contrarient.
Au bout d'une heure de navigation, nous changeons de cap pour passer au 90 vers l'île de Rohellan.
Notre destination finale est l'isthme de la presqu'île de Quiberon, que nous atteindrons après avoir parcouru 15,4 milles.
Nous arrivons à Rohellan vers 14h30 et nous longeons la côte jusqu'à Penthièvre.
Nous jouons dans la houle, tout en restant vigilant face aux déferlantes.
Le vent de force 3 à 4 bft, fraîchit force 5.
Nous apercevons bientôt l'île Téviec....
...puis le fort de Penthièvre...
Il fut construit en 1747 sur ordre du duc de Penthièvre, grand amiral de Louis XV.
Rebaptisé Fort Sans Culotte lors de la Révolution, l'édifice est presque intégralement reconstruit en 1841.
Il est reconverti en prison militaire pour soldats allemands lors de la Première Guerre mondiale, et il accueille de 1942 à 1945 une garnison de la Wehrmacht.
Le fort est aujourd'hui propriété du ministère de la Défense et abrite le 3ème régiment d'infanterie de marine (RIMA).
Didier et moi débarquons en premiers sur la plage ouest de l'isthme, au pied du fort, Jean nous rejoint.
Jef et Jean-Yves débarque plus au nord.
Chaque groupe se met en quête du passage pour traverser l'isthme.
C'est Jean-Yves et Jef qui ont pris la meilleure option, mais il faut quand même marcher quelques centaines de mètres pour accéder au chemin traversier, repéré par un poteau planté dans la dune.
Jef et Jean-Yves tirent leur kayak au bord de l'eau, en marchant, mais le shore-break ne rend pas la tâche facile.
Ayant plus de distance à parcourir, je décide de ré-embarquer et de passer au-delà des vagues, pour remonter par la mer, et redescendre en surf.
Lors d'un surf, je me fais surprendre par une vague, et je dessale.
Je tente un esquimautage, et ça passe !
Heureusement, car les rouleaux sont chargés d'algues brunes. Entre mes jambes, j'ai ma poche à eau de 10 litres et ma tablette (attachée au siège par une sangle).
Devant mes cale-pieds, j'ai stocké mes roues de chariot.
Si j'avais déjupé, l'eau et les algues auraient envahi le cockpit, et je me serai retrouvé dans une belle galère, dans des vagues qui déferlent au bord de la plage.
Finalement, cette expérience m'a rassuré, et m'a conforté dans le fait de poursuivre l'entrainement sur l'esquimautage.
Jean interroge des passants pour savoir où se trouvent les campings les plus proches.
Au sud, le camping municipal de Kerhostin est proche du fort de Penthièvre, mais situé sur les hauteurs et difficilement accessible pour nos kayaks chargés.
Au nord, le camping municipal de Penthièvre est à 1,5 km environ.
La route qui mène à Quiberon est bien encombrée en cette fin d'après-midi.
Nous décidons de traverser la route et la voie ferrée, et d'établir notre campement en contre-bas de celle-ci.
Les automobilistes seront assez surpris de nous voir traverser la route avec nos kayaks.
Nous installons donc notre bivouac, le crachin se fait plus insistant.
Ces mauvaises conditions nous incitent à nous réfugier dans une boutique-bar toute proche : le Beach Bar.
Nous nous désaltérons et nous mangeons.
En écoutant notre histoire, le patron nous parle de Julien Moreau, un éco-aventurier, qui réalise un tour de Bretagne en paddle.
Quand nous lui disons où nous allons dormir, il nous invite à prendre le café demain matin.
C'est bien la première fois que j'installe un bivouac aussi près d'une voie ferrée.
Cette ligne relie Auray à Quiberon.
Deux rames TER circulent sur 27 km de voie ferrée à une vitesse maximale de 60 km/h.
Malgré une certaine vétusté de la ligne, 130 000 à 150 000 voyages sont enregistrés chaque année en juillet et août.
Côté baie de Quiberon, la mer est très calme.
C'est par là que nous partirons demain matin.
Nous ne tardons pas à nous coucher, pluie et vent restent nos compagnons de soirée.
Le long portage sous la pluie ne fut pas une partie de plaisir, mais l'amitié qui nous lie et le bonheur d'être ensemble, dans cette aventure, prennent largement le dessus dans les moments difficiles.
La bonne ambiance et la bonne humeur sont toujours au rendez-vous.
Demain, ce sera la dernière étape....déjà !