Brigneau - Doëlan - Porsac'h : à la découverte des rias et ports abri du Finistère Sud
Brigneau - Doëlan - Porsac'h : les rias et ports abri du Finistère Sud
Jeudi 29 décembre 2016:
Il fait frisquet ce matin, moins 4 degrés au port de Brigneau.
C'est le point de départ de notre rando du jour, pour découvrir la côte jusqu'à la crique de Porsac'h, peu avant les plages du Pouldu.
Yvette, Annick, Jean-Jacques et Jean ont répondu à mon invitation.
Mon kayak et celui d'Annick ont passé la nuit dehors. Annick a du mal à ouvrir ses trappes gelées.
La blancheur sur les trappes noires n'est pas si commune dans nos régions tempérées.
Notre balade se fera sur une distance de 15,34 milles (Brigneau - Porsac'h - Brigneau).
Après s'être habillé chaudement, nous embarquons vers 10h15.
Autrefois, Brigneau était un port de pêche qui accueillait de nombreux sardiniers.
En sortant du port, nous apercevons les murs encore présents de l’ancienne conserverie Malachappe, construite en 1906.
La pêche réceptionnée au pied de la digue était remontée grâce à un mécanisme sur rail.
Après les années 1950, l'activité déclina progressivement jusqu'à l'arrêt de la production dans les années 1960.
La marée étant basse à 10h50, nous naviguons au large jusqu'à Porsac'h puis retour sur Doëlan pour pique-niquer.
A bâbord en sortant du port, nous avons les plateaux rocheux de Poull Krenn et de Baz Couz.
La marée montante sur les hauts fonds lève par moments des vagues soudaines.
Nous longeons cette côte sauvage, où les accès sont peu nombreux.
Nous passons l'embouchure de l'anse de Doëlan et poursuivons notre route vers l'Est.
Dans l'anse de la Roche percée, nous apercevons une cabane de couleur noire qui surplombe la plage.
C'est la cabane d'Hippolyte.
Elle fut construite en 1939 par Jacques Jegou, charron du village de Langlazic.
Le but était d'en faire un bistrot du dimanche, dans lequel les gens jouaient aux boules et buvaient du cidre.
A la cabane, on organise des banquets avec ce que l'on pêche : elle est presque un débit de poissons.
L'un des meilleurs clients est Hippolyte Lescouat. Hippolyte était coiffeur pour hommes à Quimperlé mais surtout un exceptionnel pêcheur de saumons. Il va hériter de la cabane.
Hippolyte décède en 1991. La mairie voulait démolir la cabane mais la petite demeure aux planches enduites de coaltar a été défendue becs et ongles.
Michèle Lescouat, la fille d'Hippolyte, dira d'elle :
« Elle a fédéré plein de monde. Cette cabane est un symbole. Elle nous raconte que les gens sans importance n'ont pas moins d'importance que les gens connus. C'est un endroit inspirant. Et puis, finalement elle est belle : elle est comme un petit mannequin. »
Cette cabane a du beau monde à son chevet :
Kevin, un prof de Boston, l'a fait connaître aux USA.
Une toile de Jacques Renaut, au musée d'art moderne de New York, l'évoque.
Jérôme Nolais, de l'ensemble instrumental de Pierre Boulez, lui a écrit une oeuvre pour violoncelle et piano.
Et Marie Le Drian, romancière installée à Clohars-Carnoët a apporté sa pierre sous la forme d'un roman, La cabane d'Hippolyte, publié en 2001.
Après quelques surfs dans l'anse de la Roche percée, nous continuons jusqu'à la crique de Porsac'h.
Nous apercevons les plages de Kerou et de Bellangenet, sur la commune de Clohars-Carnoët.
Nous faisons demi-tour, direction Doëlan.
En arrivant à Doëlan par la mer, nous apercevons 2 phares Doëlan Amont, rouge et blanc, et Aval, vert et blanc (c'est marqué dessus !)
Etant donné la configuration du littoral, pour naviguer en sécurité, en venant du large, de jour comme de nuit, ces deux phares doivent être alignés pour entrer dans ce petit port.
En kayak, nous n'avons pas cette contrainte, mais nous sommes vigilants aux déferlantes qui peuvent se lever soudainement aux abords du port.
Ces feux ont été construits en 1861.
En raison de l'augmentation du nombre de maisons construites autour du port, ils ont été surélevés en 1934.
A ce jour, le feu aval a une hauteur de 15 m.
Sa portée est de 13 milles pour le secteur blanc et de 10 milles pour le secteur vert.
Le feu amont a une portée de 9 milles et une hauteur de 14 m.
Sur la rive gauche, une maison rose surplombe la falaise. Elle sert d'amer aux marins.
Une demeure rose indique l’ancien site de la conserverie Capitaine Cook.
Un bateau de pêche décharge sa cargaison.
La vedette de la SNSM "GMF - Plac'h Dolan" est au mouillage.
Son nom peut être traduit par "GMF - La fille de Doëlan"
Etrange de voir le sigle de la Garantie Mutuelle des Fonctionnaires associé au nom du bateau.
Cette vedette de 12m de long, qui possède deux moteurs de 460CV et qui fait route à 20 noeuds, a été financée, entre autres dons, par un chèque de 175 000 euros offert pour la Station SNSM de Clohars-Carnoët par la GMF lors du Salon Nautique de Paris en décembre 2011.
Je croise un jeune pingouin torda.
Eh oui, le pingouin est bien un oiseau présent en Bretagne et il vole très bien!
La confusion vient du manchot, que les anglais appellent «pinguin», qui vit dans l’hémisphère sud et qui ne sait pas voler.
Le pingouin fréquente essentiellement l’Iroise et notamment la baie de Douarnenez en hiver. En mars, les pingouins rejoignent par milliers l’Islande et le Groenland pour se reproduire.
Doëlan est un petit joyau maritime dans un écrin de vallons et de vergers.
Tout y est tel qu’on en rêve : les pimpants bateaux de pêche, les chaumières de pierre et les jolies maisons blanches installées en gradins sur les rives, les phares rayés…
Nous faisons halte sur la rive droite pour pique-niquer.
Nous avons trouvé ici un havre de paix bucolique.
Quel plaisir de partager le repas dans cet endroit magnifique, sous le soleil.
Nous repartons pour la 2ème étape de notre randonnée, de Doëlan à Brigneau, en visitant les rias.
Nous sortons de l'anse de Doëlan, et sommes les seuls à naviguer à cette heure.
Nous profitons du calme et de la sérénité ambiante.
Nous mettons cap à l'Ouest et longeons les falaises.
Après les anses de Porz Lamat et de Porz Teg, nous entrons dans celle de Porz Bali.
En cette saison il reste quelques mouillages, mais point de bateau.
Le fond de cette anse ferait un excellent bivouac.
Nous contournons la pointe de Kersecol, et rentrons dans la rivière de Merrien.
Construits pour surveiller la côte et faisant partie d'un système de surveillance et de protection imaginé par Vauban au XVII ème siècle, les postes de guet à vocation initialement militaire sont devenus ensuite des "maisons des douaniers".
Ces postes de garde-côtes furent donc occupés par des militaires chargés de surveiller le littoral et le protéger d'une éventuelle incursion des Anglais.
Par la suite les services de douane prirent possession de ces postes d'observation qui devinrent ainsi les "maisons de douaniers" parfaitement dissimulées derrière les rochers afin de ne pas être vu du large.
Ils permettaient de surveiller le transport des marchandises et de réglementer le commerce du lin, des céréales et du sel en direction de la Normandie, de l'Angleterre, et surtout de la Hollande, du Portugal et de l'Espagne.
On trouve ces bâtiments tournés vers la mer tout le long des côtes bretonnes.
Toujours sur la rive droite, nous apercevons le feu rouge de Port-Merrien.
Il a été construit en 1927.
Sa hauteur est de 8 m et sa portée est de 7 milles.
Le port de Merrien se cache bien à l'abri.
On y élève et vend des huitres et des coquillages.
Nous poursuivons notre navigation le long de la rivière.
L'atmosphère y est paisible.
La nature se reflète dans le miroir de l'eau.
Nous arrivons bientôt à la naissance de la ria de Merrien, au lieu-dit Moulin l'Abbé.
Les rias et abers bretons sont un peu comme des fjords norvégiens en modèle réduit.
Sous le soleil d'hiver, la navigation est très plaisante.
...et les paysages somptueux.
Même si les arbres n'ont plus de feuilles, leurs branches se reflétant dans l'eau nous propose des oeuvres d'art bien singulières.
Nous faisons demi-tour et revenons vers la mer.
Nous avons le soleil en face, les couleurs sont différentes.
Nous sortons de la rivière.
Pour éviter les déferlantes sur le plateau rocheux de Baz Couz, nous contournons au large par la balise du Cochon.
Nous longeons la côte puis rentrons dans l'anse de Poulguen.
Cette anse était autrefois un port.
Nous arrivons bientôt à notre point de départ, le port de Brigneau.
La marée est montée, elle nous permet de naviguer sur la petite rivière de Brigneau.
Au fond de la rivière, des anciens bateaux en bois terminent leur vie dans un cimetière marin émouvant.
Les marins pensant que leurs bateaux ont une âme ne les détruisent pas, mais les laissent mourir dans l’eau.
Nous revenons à la cale de débarquement, les lumières sont superbes.
Après avoir débarqué et ramassé notre matériel, nous partageons thé chaud et cake aux fruits.
C'est ainsi que se termine cette magnifique journée.
Nous sommes tous heureux de ces bons moments passés dans des sites exceptionnels.
Pour notre dernière rando de l'année, nous avons vraiment été gâtés.
Vive le kayak...et vive 2017 !