Balade à Ouessant
Balade à Ouessant
Vendredi 10 juin :
Ce week-end, balade sur l'île d'Ouessant.
Ce n'est pas une rando en kayak, mais cette île est parfois une destination pour les kayakistes.
Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer, à travers mes photos, la magie de cette île.
Départ ce vendredi matin du port du Conquet.
Nous embarquons sur le Fromveur II.
Le temps est brumeux, la visibilité est quasi nulle.
Pendant la traversée, nous croiserons la Recouvrance, la goélette brestoise, mais sans la voir !
Bourg de Lampaul :
Le clocher de l'église a été offert par la reine Victoria d'Angleterre en reconnaissance des soins apportés par les îliens aux naufragés du paquebot Drumond Castle qui sombra le 16 juin 1896 au large de Molène faisant 248 victimes.
Deux matelots et un passager ont été sauvés.
En route vers le phare du Creach, le moulin de Karaes :
C'est un des derniers survivants des nombreux moulins de l'île.
Au milieu du XVIIIe siècle, Ouessant comptait plus d'une trentaine de moulins, qui ne suffisaient pas à moudre le grain produit sur l'île : il fallait acheminer l'excédent sur le continent puis le ramener pour nourrir la population.
La construction de moulins se développa largement au cours du XIXe siècle, si bien qu'en 1900, l'île en comptait plus d'une centaine.
Aujourd'hui, après l'adoption de nouvelles habitudes alimentaires et l'abandon de la culture de l'orge, seul le moulin de Karaes, qui a été restauré, subsiste.
Au-delà de la lande, nous commençons à voir les superbes roches de cette côte sauvage.
Nous arrivons au phare du Creac'h.
Identifiable par sa tour de 55m de haut (75m par rapport au niveau de la mer), à bandes blanches et noires, il guide l'entrée des bateaux dans la Manche.
Allumé en 1863, électrifié en 1888, doté d'un feu-éclair en 1901 et de lampes au xénon en 1971, le Creac'h, qui signifie "promontoire" en breton, est l'un des phares les plus puissants du monde.
La disposition de ses 4 lentilles sur 2 niveaux est unique en son genre ; 2 éclats blancs toutes les 10 secondes ; sa portée est de 32 milles.
Au pied du phare se tient le Musée des phares et balises.
Il retrace l'histoire de la signalisation maritime.
On peut y admirer de superbes pièces d'optiques, ainsi que la reconstitution de la chambre des gardiens du phare d'Armen.
Après la visite du musée, nous marchons sur le sentier côtier de la pointe du Pern.
Le sol est tapissé d'arméries maritimes.
Dressé sur la Roche-à-Pic, nous apercevons les vestiges d'une ancienne cloche sous-marine.
Le bâtiment, construit en 1912, supportait une poutre métallique haubanée de 30 mètres de porte-à-faux qui permettait, par temps de brume, l'immersion par 7 mètres de fond d'une cloche électrique dont le signal était réglé depuis le phare.
Les bateaux croisant au large et équipés d'hydrophones le long de leur coque pouvaient en capter les sons et se situer par rapport à l'île.
La cloche a été supprimée en 1919.
Nous longeons cette côte aux allures de paysage lunaire.
Nous parcourons des plages de galets polis par la mer.
Nous arrivons à une ruine, datant de 1865, qui a abrité une corne de brume jadis actionnée par un manège à chevaux.
Ce système était peu fiable car lorsque la brume arrivait, il était difficile de trouver le cheval et cela épuisait les bêtes.
En mer nous apercevons le phare du Nividic, dont le nom signifie "la tempe" en breton.
C'est le premier phare en mer construit de manière à fonctionner sans l’aide d’un gardien en permanence.
Le chantier débuta en 1912 et s’acheva 24 ans plus tard.
Grâce aux deux pylônes, un câble électrique partait d’une station motrice à terre et reliait le phare pour l’alimenter.
Un « téléphérique » permettait aux gardiens d’assurer la maintenance.
En 1943, les câbles sont rongés par la corrosion et se rompent.
En 1959, une plate-forme pour hélicoptère est installée permettant la livraison de gaz utilisé pour son alimentation.
Depuis 1996, il fonctionne grâce à neufs panneaux solaires.
La ruine la plus proche du phare de Nividic est surnommée la « Villa des tempêtes ».
Elle abritait une corne de brume qui fonctionnait avec un système à vapeur de 1885 à 1900.
Les formes des rochers nous projettent un bestiaire imaginaire...
Sur le chemin du retour, nous passons devant des habitations traditionnelles, remarquablement rénovées.
De retour à Lampaul, le port nous offre un paysage différent, la marée est montée.
Après un excellent repas à "la Duchesse Anne", nous rentrons à notre gîte.
Le phare du Stiff est dans la brume.
Samedi 11 juin :
De notre gite, nous avons une superbe vue sur le phare de Kéréon.
Nous descendons à la plage de Pen Arlan.
C'est dans ce secteur, à 2km en direction du phare de Kéréon, qu'est immergée, à 55m de fond, l'hydrolienne Sabella.
L'énergie est stockée dans des conteneurs.
Nous suivons le chemin côtier, en direction de la baie du Stiff.
Nous nous arrêtons au lavoir de Penn Ar Lan.
Nous arrivons bientôt au port du Stiff
Le port abrite 3 ligneurs, qui pêchent le bar dans les courants des environs.
C'est aussi le principal embarcadère de la compagnie Pen Ar Bed, qui assure les liaisons avec le continent et l'île de Molène.
Après le repas, nous reprenons le sentier côtier jusqu'au sémaphore du Stiff.
Le sémaphore est en veille 24h/24 et 7j/7.
Il suit l'activité nautique de la zone.
La tour radar du Stiff, érigée dans les années 80, surveille la circulation maritime.
Celle-ci est sévèrement réglementée autour de Ouessant depuis les sinistres marées noires de l'Amoco Cadiz en 1978 et de l'Erika en 1999.
Une véritable autoroute de mer a été mise en place à une trentaine de milles au nord-ouest.
Tous les navires, hormis les plaisanciers, les pêcheurs, la Marine nationale et les navettes du continent, doivent impérativement emprunter ce rail au large de l'île.
Nous visitons le phare du Stiff, superbe bâtiment remarquablement restauré.
A l'origine, en 1700, ce phare était plutôt une "tour à feu", de 30 mètres de haut, imaginée par Vauban et Molard.
Compte-tenu de sa position élevée, ce feu culminait à 90 mètres au-dessus de la mer.
La tour fait 9 mètres de diamètre, une tour plus petite y est adossée et abrite l'escalier qui dessert les étages.
Jusqu'en 1782, le feu était un simple braséro alimenté au bois et au charbon de terre. Il servait surtout de tour de guet.
Le feu était relayé par l'abbaye de la pointe de Saint-Mathieu, qui elle-même envoyait les messages d'alerte vers Brest. La ville pouvait alors se préparer à se défendre face aux flottes ennemies repérées grâce à la tour du Stiff.
En 1782 fut installés une lampe à huile, une lanterne close et des réflecteurs paraboliques.
Dès 1820, le phare du Stiff est équipé d'une lampe à huile dernier cri, avec 60 réflecteurs qui seront remplacés 10 ans plus tard par une lentille de Fresnel qui réfracte la lumière pour la porter loin.
Le phare est automatisé en 1993. La lumière est produite par une lampe halogène de 1000 watts.
Par temps clair, la vue du haut du phare est superbe, et permet de balayer les environs à 360 degrés.
L'intérieur du phare nous fait revivre les différentes époques de son évolution.
Dans l'un des bâtiments au pied du phare se trouve une exposition sur l'abeille noire de Ouessant.
Ces abeilles produisent un miel d'exception, grâce à un environnement pur, sauvage, et sans agriculture intensive..
Les 18 kilomètres de mer qui séparent l'île du continent forment "une barrière naturelle infranchissable" pour les abeilles, ainsi mises à l'abri des maladies
Nous reprenons notre route, dans les sentiers et les hameaux de Cadoran, Ty Crann, Guéral, Kérivin, Rulann, Kernic, Frugullou.
Notre balade nous permet de rencontrer différents animaux (chevaux, moutons, lapins, faisans, goélands, canards, etc...
La soirée se termine "Chez Jacky", autour d'une spécialité culinaire d'Ouessant : le ragoût d'agneau cuit sous les mottes, suivi d'un riz au lait cuit sous les mottes.
Délicieux...je vous recommande.
C'est surtout le mode de cuisson "dans les mottes" qui en fait la spécialité de l'île.
Dans une marmite en fonte, il faut placer les ingrédients nécessaires au ragoût : des pommes de terre, des carottes, des morceaux d’agneau...
On referme la marmite puis on la place de manière qu’elle soit entourée de mottes de tourbes. Les mottes se consument en 5h de temps en moyenne. Une motte est une motte de terre issue de la lande de l'île, où poussent les odorantes "callunes" et bruyères.
Il existe des dérivés comme le riz au lait cuit dans les mottes, le "farz oaled" (composé de pommes de terre, farine, lait, lard, pruneaux et raisins secs), et également la "chilgik", ou saucisse d’Ouessant, fumée dans les mottes.
Dimanche matin, nous quittons Ouessant pour l'île de Molène.
Un dauphin s'amuse entre les bateaux du port.
La tour radar du Stiff est noyée dans la brume.
Le coffre de l'Abeille Bourbon, remorqueur de haute mer, est déserté, ce qui présage d'un temps calme.