Rivière de Pont-l'Abbé - décembre 2015
Rivière de Pont l'Abbé - décembre 2015 :
Samedi 26 décembre 2015 :
Samedi 26 décembre, lendemain de Noël, le temps est magnifique, la température est de 15 degrés !
Yvette nous a proposé de (re)découvrir la rivière de Pont-l'Abbé, excellente idée pour nous aérer, après les agapes des jours précédents.
Nous partons de l'Ile Tudy, au niveau de la cale "Cariou".
Nous naviguerons environ 8 milles.
Armelle, Jean Do, Pierre, Jean Drou et moi-même avons rejoint Yvette pour cette balade.
Les coefficients de marée sont élevés, ce qui nous permettra d'explorer des anses rarement accessibles.
Pierre essaie pour la première fois sa magnifique Baïdarka.
Au début du XVIIIe siècle, lorsque les explorateurs russes atteignirent les îles aléoutiennes pour la première fois, ils virent de petits bateaux à proue fendue qui naviguaient sur une mer agitée et les nommèrent baidarka.
Ces embarcations étaient faites de planches de bois assemblées par des fibres de fanon de baleine et recouvertes de peau de mammifères marins.
Dans leurs kayaks légers, souples et rapides, les Aléoutes chassaient la baleine, la loutre, l'otarie ou le phoque avec des lances et des harpons.
Nous traversons le bras de mer vers l'île Garo, puis nous laissons l'île Queffen à bâbord pour suivre le cours de la rivière.
Ces deux îles, basées sur la commune de Loctudy, appartiennent à des propriétaires privés.
Nous laissons aussi l'île aux Rats à bâbord.
Le nom de cette petite île ronde pose question.
Il semble qu'il n'y ait pas eu plus de rats ici que sur une autre île de l'estuaire.
Le mot raz possède plusieurs significations, entre autres :
- raz, qui se traduit par « fort courant de détroit (Beg ar raz / Pointe du raz).
- raz, pour désigner la chaux hydraulique naturelle
Certains privilégient la piste de la chaux.
Effectivement, la chaux hydraulique, nécessaire aux travaux du chemin de halage qui furent exécutés jusque dans l’année 1854 se présentait sous la forme d’un liant à durcissement plus ou moins rapide sous l’eau.
Originaire du Maine-et-Loire son transport se faisait possiblement par bornage ou même cabotage avant qu’elle ne soit entreposée sur la dite « Ile au Rats », toute proche du chantier. Le même dépôt aurait pu également voir transiter la production de la petite fabrique de cette même chaux située dans l’anse de Pen-ar-Veur (près de la mer avec un petit embarcadère).
Nous quittons l'estuaire pour rentrer dans la rivière.
Sur notre gauche, des promeneurs arrivent à l'extrémité du chemin de halage, sur la digue de Rosquerno..
Nous poursuivons notre route entre les rives baignées des couleurs d'automne, sous un beau soleil.
Notre Père Noël du jour immortalise ces bons moments...
Le chantier naval de Pors Moro nous indique que nous entrons dans le port de Pont-l'Abbé, qui était un haut lieu de commerce aux 18ème et 19ème siècles.
Aujourd'hui, le port accueille des bateaux de plaisance.
Sur notre gauche, nous apercevons le clocher de l'église Notre Dame des Carmes.
Cette église est aujourd'hui connue pour sa remarquable rosace du 15ème siècle, véritable dentelle de pierre.
Elle est l'une des plus imposantes du Finistère. Et quel étrange clocher !
Certains y verront une architecture russe et d'autres le célèbre Dark Vador !
Nous naviguons dans le port jusqu'au pont habité.
Quelle belle sensation de glisser sur l'eau, parmi tous ces bateaux...
La France ne compte aujourd'hui que 9 ponts habités.
Celui de Pont-l'Abbé abrite aujourd'hui des appartements, une biscuiterie et la maison Le Minor, créateur du kabig et célèbre brodeur.
Devant le pont trône une sculpture de Marc Morvan : le sous-marin jaune.
Nous nous engageons sous l'arche qui rejoint l'étang.
Ce que nous n'avions pas prévu, c'est l'impossibilité de revenir par la même voie si nous allons jusqu'à l'étang.
De plus, le courant, qui était à peine visible dans le port, est ici assez fort, en raison du goulot d'étranglement que constituent les murs dans lesquels nous sommes prisonniers.
Nous avons juste la place nécessaire pour faire demi-tour avec nos kayaks de plus de 5 mètres !
Ensuite, il faut pagayer fort pour remonter le courant et revenir dans le port.
Une fois ce passage réalisé, j'accoste près d'un escalier le long des quais, amarre mon kayak, et revient sur le pont, équipé de mon bout de remorquage, pour aider Pierre à remonter sa baïdarka sans l'endommager.
Nous voici donc à nouveau "au calme" dans le port.
Yvette, qui a tenté le passage vers l'étang, ne peut plus revenir par le même chemin.
Elle accoste côté étang, et ramène son kayak à pied, aidé par Jean Do.
Nous repartons vers la mer, et contemplons la rivière sous un autre angle.
Au niveau de la digue de Rosquerno, nous remontons vers le nord pour longer l'île Chevalier.
C’est surtout en hiver qu’on peut voir la richesse de ce site : un paradis pour les oiseaux.
La microfaune des vasières attire bécasseaux, courlis, chevaliers, pluviers et avocettes alors que les bernaches, tadornes, canards siffleurs et pilets se nourrissent d’algues ou de zostères.
La route qui sépare l'île Chevalier du continent nous oblige à réaliser un petit portage dans les hautes herbes.
L'île Chevalier est bordée par deux zones humides, elle est implantée sur la commune de Pont-l'Abbé et appartient, en grande partie, à deux propriétaires privés.
La partie est de l'île, que nous allons longer pour rentrer sur l'île Tudy, offre différents types de boisement (schorre, slikke) favorables à la reproduction d'espèces avicoles.
De manière générale, les estuaires constituent des espaces vivants et dynamiques, sans cesse en mouvement sous la pression des forces exercées notamment par les cours d’eau, les courants et les marées, qui régissent les dépôts sédimentaires.
Ils possèdent, en outre, un pouvoir auto-épurateur qui leur confère un rôle écologique primordial pour la bonne santé des écosystèmes adjacents.
On distingue traditionnellement la slikke, en aval de l’estuaire, qui constitue une zone vaseuse immergée à chaque marée et la schorre, en amont de l’estuaire, qui n’est immergé qu’aux grandes marées et abrite les prés-salés.
Les schorres de l’estuaire de Pont L’Abbé sont étendus sur environ 250 ha,
Pierre a eu la bonne analyse : un pas de plus...et c'est le trou d'eau !
Leçon d'embarquement dans la schorre...
Yvette teste le kayak amphibie (version Kerlo !)...
Et c'est reparti dans un nouveau paysage....
Nous sommes en hiver, le soleil se couche plus tôt, mais c'est toujours un beau spectacle.
Après les zones protégées et la navigation tranquille...
...la traversée vers l'île Tudy se fait par un vent de face forcissant
Le ciel rosit, la nuit va tomber rapidement.
Nous arrivons au terme de cette superbe balade.
Avant de débarquer, Jean Drou et moi passons quelques rolls, histoire de ne pas perdre la main !
C'est autour de quelques crêpes et d'un bon thé chaud (merci Yvette !) que nous concluons cette journée, dans la nuit, à la lueur des lampadaires...
Bons moments...
Quels privilégiés sommes-nous !
Vive le kayak !